Cette nuit, j’étais un peu découragée parce que Po souffrait encore, et j’ai eu l’idée d’écrire à Mathieu pour lui faire part de ma peine. C’est que, au moment où j’allais m’endormir, vers les 5 heures du matin, Po s’est mise à miauler. Depuis le temps que je vis avec, je commence à comprendre un peu ses vocalises — quoi que ce serait tellement plus simple si on utilisait le même langage elle et moi — et ceux-là n’étaient pas du type « Heille Sophy, me semble ça s’rait l’fonne de jouer. HAN SOPHY? VIENS DONC JOUER À’ TAYE. COME OOOON. Sophy? Sophy! Niaise pas! » mais ils étaient plutôt, et je m’excuse d’avance de prétendre traduire Po, dans le genre : « Sophyyyyyy! Kessé ça, encore? Ça fait maaaaaal! Ch’tannée! Pourquoi ça fait mal? Sophyyyyy! » Des miaulements de peur et de douleur, le souffle court. Po est tannée, là. Je la flatte doucement, je lui parle sur un ton rassurant. Et je la suis au pas pour ramasser chaque goutte de peupi. Et son gros renvou. Je dois reconnaître qu'elle est vraiment créative dans son choix de litières improvisées : sur mon sac à dos, dans la boîte à recyclage, sur un sac à poubelle, (tentative) sur mon appareil photo, dans la douche (ç’a au moins l’avantage d’être facile à nettoyer), un peu n’importe où sur le plancher, et dans mon lit. Ça, c’est le moins l’fonne. [J’ai un message important pour toi, chers lecteurs et lectrices, juste au cas que : Un chat qui fait une cystite a le droit d’être malpropre, il faut jamais le chicaner pour ça. Considère que ça dépasse la sagesse des biscuits chinois.] Au moins, c’était juste une goutte ou deux à chaque fois. Et puis elle faisait quand même l’effort d’aller à sa litière près d’une fois sur deux, même si dans sa tête de chat, c’est peut-être la litière qui lui semble responsable de sa douleur. Pauvre Popo. Je me sentais tellement impuissante. Et je me suis encore mise à penser aux mères et aux pères qui veillent sur leur enfant malade — est-ce que j’ai le droit de faire ça? De comparer un animal non humain avec un enfant humain? Puis-je? Je le fais pareil, kin — et j’ai compris que je serais une mère inquiète, une mère qui pleure avec son enfant qui pleure lui-même, un mère qui trouve ça profondément injuste de voir souffrir son enfant qui comprend pas sa douleur. J’ai déjà dit ici que j’allais jamais me reproduire, han? Bin là je le dis.
Vers huit heures, Po a fini par s’endormir sur les serviettes que j’avais placées sur mon lit.
Je me suis réveillée vers quinze heures, tute fourrée dans mon horaire, et j’ai vu que Mathieu avait répondu à mon email de désespoir. Il me rassurait en disant que Po allait tranquillement aller mieux, qu’elle a demandé de l’aide quand elle était malade, qu’elle m’a fait confiance même quand j’ai sorti sa cage de transport qui fait peur, et que maintenant elle va guérir à son rythme. « 1- Aller chercher de l’aide; 2- Ensuite y aller à son rythme; 3-
Éléphanteau un,
éléphanteau deux. » Me revoilà tutémue. Full emo. « J’espère aussi que tu laisseras Po t’enseigner sa leçon de vie sur comment se soigner en trois étapes quand on va pas bien. » Oh oui, clairement. Po est inspirante. Pis toi aussi, Mathieu. OK, je vais faire comme Po. Et regarder des vidéos d’éléphanteaux. Et sacrer une volée aux intrus.
Bon, je vais aller me chercher des penules à la pharmacie, en essayant de pas être trop cynique avec ça.
Bonus : Une vidéo où il se passe rien. À part une Po qui ronronne et ma main qui bouge.
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