jeudi 30 août 2012

Les belles choses de la vie : Une discussion avec mononc Robin, troisième extrait


Moi : (LOL)… C’est quoi tes premières histoires de drogues? T’avais quel âge?
Robin : Treize, quatorze?
Moi : T’as fumé du pot? C’est ça ta première drogue? Tu t’rappelles pas ek qui t’étais?
Robin : [Robin réfléchit]
Moi : Ah! Faut que tu me contes, d’ebord, comment que t’es viré alcoolique, tu m’as dit que c’était à cause des concours de liqueurs que tu faisais ek ton cousin.
Robin : On buvait d’la liqueur, c’est ça. On faisait des concours.
Moi : Ouin!
Robin : Celui qui en buvait l’plus.
Maman : Avec Christian?
Robin : Avec Christian.
Moi : Tu faisais des concours de liqueurs! C’est quoi ton record?
Robin : J’pense c’tait… J’pense c’tait vingt-huit.
Moi : Vingt-huit!?
Robin : Vingt-huit Pepsi, là. D’une veillée, dans l’temps de Nouël.
Maman : Heille c’est dangereux, ça, tant que ça! L’coeur aurait pu t’sauter!
Robin : J’sais pas?
Moi : Ha ha ha!
Robin : Pis là la mére a m’a dit, a dit là, là, la liqueur, a dit là là, y faut qu’t’arrètes ça, a dit j’aimerais bin mieux qu’tu bouèves d’la biére, c’est meilleur pour la santé.
Moi : HA HA!
Robin : J’ai dit c’est correke, m’man! Depuis c’temps-là, j’prends un coup.
Moi : Oh non!
Maman : Ça s’peut pas parler d’même…
Robin : Bin c’est elle qui me l’a dit! On m’a toujours dit écoute ta mére, crisse! …quand ton père te parle.
Moi : HA HA HA! Ostie qu’ça peut pas être mieux dit à propos de ta mère… Mais tu y as déjà dit, ça, à elle, c’est d’ta faute si j’bois d’la bière?
Robin : BIN OUÉ! Pis là apras ça a m’disait que je prenais un coup… J’prenais un coup en estie. Chu tranquille aujourd’hui! J’bois pus!
Moi : HA HA HA!
Robin : A dit y faudrait qu’tu slaques la bouésson un peu… Mais crisse! C’est toué qui me l’a dit d’en prendre!
Ma mère et moi : lol
Robin : C’est d’ta faute, là, pas d’la mienne. Ouin bin j’ortiens d’mon grand-pére, j’ortiens d’Noré. Noré prenait un coup en estie, mon grand-pére.
Maman : Quand y marchait les épaules par en ardjére, là, y n’avait d’dans.
Robin : Tabarnac y n’avait en estie.
Moi : Ha ha! C’tait pour pas tomber par en avant?
Robin : Tout le monde prenait un coup! Ti-Mé! Ti-Mé, ça prenait un coup en estie.
Moi : Qui ça?
Robin : Ti-Mé Bonneau. 
Maman : Un de nos oncles.
Papa : Y toussait!
Robin : Hé crisse, quand y toussait, y s’mettait à tousser...
Maman : Y fumait, han. Y fumait gros.
Robin: Hé, y fumait en estie!
Maman : Yé mort du cancer du poumon! En tout cas, y toussait y v’nait rouge comme un coq!
Robin : Y’avait ‘a langue sortie long d’même!
Maman : J’te dis, là, on dirait toujours qu’y était pour mourir à côté d’moué.
Robin : Pis là, à chaque fois qu’y toussait, y v’nait ‘a face ROUGE…
Papa : Ça durait dix menutes.
Robin : Si t’arais eu une aiguille, tu l’arais piqué, là, s’à joue, Y S’VIDAIT.
Moi : HA HA HA!
Robin : HIN HIN HIN!

mercredi 29 août 2012

Les belles choses de la vie : Une discussion avec mononc Robin, deuxième extrait


Maman : C’t’aussi bin qui s’en souvienne pus, les affaires qui a faites…
Moi : Non, moi j’veux les savoir, faut que tu m’es racontes, j’veux les noter!
Robin : Ouin mais là, j’sais pus… j’t’en ai dit pas mal.
Moi : Tu m’as dit la fois qu’t’as failli te faire tirer par du monde à chasse aux lièvres…
Robin : Ah ouin, ça c’est dans Beauce.
Moi : Tu m’as conté la shot avec André Allard pis André Gariépy à l’Ile-d’Orléans, quand l’eau a failli monter su votre roche.
Robin : Ah ouin, s’à roche!
Moi : La shot yousque Roger y’a tiré sur un gars parce qu’il voulait entraîner son chien le premier jour de la chasse…
Robin : Hin hin, tu t’en rappelles, de ça!
Moi : Oui! Tu m’as raconté aussi la fois où ce que… le titre que t’as donné à l’histoire c’était « Une corneille les pieds dans marde. » Ça je l’ai noté.
Robin : La quoi?
Moi : La corneille qui a pilé dans marde.
Robin : OK ouin! Les soeurs?
Moi : Oui. Pis tu m’as conté la fois où t’as vu le pied de l’arc-en-ciel avec Michel.
Robin : Ah ouin, à Manic 5.
Moi : Ça s’peut pas, voir le pied d’un arc-en-ciel!
Robin : Bin oui, je l’ai vu moé crisse.
Moi : T’étais à quelle distance du pied?
Robin : J’tais aux côtés, stie. J’tais à dix pieds. Y’avait une grosse crisse de roche, grosse comme l’char.
Moi : Ouin mais tu connais toutes les légendes à propos de ça?
Robin : Moué pis Michel Dèye on était à Manic, sul bord d’la riviére, on avait mis notre tente là, toute, pis y’a arrivé un ostie d’orage, pis tussuite après l’gros soleil, PIS LÀ, on voyait la grosse crisse d’arc-en-ciel, était à peu près à mille pieds de nous autres. HIN! J’dis ga Michel, l’arc-en-ciel! Ga c’est là qu’a commence, c’est là qu’a va, s’à grosse roche, là-bas. J’la voyait bin comme faut. 
Moi : OK…
Robin : On saute dans l’truck, crisse on s’en va là-bas. On a arrivé drette aux côtés. L’arc-en-ciel arrivait s’à roche. J’TAIS AUX CÔTÉS, LÀ!
Moi : (lol)
Robin : C’tait à peu pras, large comme l’char, l’arc-en-ciel. Était à peu pras large comme l’char. Arrivait s’à roche.
Moi : Sacrament...
Robin : Heille, c’tait spécial, j’ava jama vu ça d’ma vie, j’orverrai pus jama ça non plus.
Moi : Vous étiez sua poffe, là, vous deux!
Robin : Nenon. Tu demanderas à Michel Dèye, crisse!

mardi 28 août 2012

Je fais des faces de poisson mais c'est pas ça qui va me démotiver


Ce soir je suis allée chez Mathieu pour enfin brûler la soie. Ça faisait au moins quatre fois qu’on remettait ça, parce que c’est difficile de faire fitter nos horaires, parce qu’il faut faire ça quand il fait noir, et parce qu’on est souvent fatigués par les temps qui courent (au ralenti). Ça me tentait pas du tout de marcher une demi-heure pour ensuite faire quelque chose qui demande à mon corps de bouger. Je me sentais trop zombifiée. Mais je me suis botté le cul pour deux raisons principales : j’ai hâte de faire les t-shirts de Po (et je sais qu’ils sont attendus), et je sais que je dois sortir à tous les jours pour ne pas redevenir un troglodyte.

En chemin, j’ai croisé Myriam, que je rencontre souvent par hasard parce qu’on habite le même quartier. Une chance qu’elle m’a reconnue et m’a fait des grands gestes parce que j’aurais pu passer à deux pouces de sa face sans la voir. Je deviens de plus en plus myope, mais je suis surtout limite autiste quand je me balade sur la rue. Les gens qui croisent ma route ne sont pas ce qu’ils sont. Ce sont des personnages, des créatures, des monstres, la seule chose qu’il y a de réel chez eux, c’est leur odeur, que je perçois presque à tout coup. Pis ossetie qu’ils pusent, des fois. Surtout les vendredis et samedis soirs.

Je suis arrivée chez Mathieu épuisée, j’avais chaud, je tenais pas debout, même ma face tenait pas tusseul, et j’arrêtais pas de bailler. J’avais une face de poisson mort. J’étais même pas maquillée. Qu’est-ce qui m’arrive, donc? Ça doit être les penules. Je me suis aspergée d’eau froide pour me ressusciter. Pis là Mathieu m’a dit que l’acétate de Po n’était pas belle, que ça risquait de donner de mauvais résultats. J’ai voulu essayé un nouveau centre d’impressions, et c’est ce que ça a donné. Bon. OK. Coudonc. J’étais un peu désappointée de reporter ça à mercredi. Parce que demain soir, Mathieu sera à Québec pour la première de Vu d’ici. Et moi je n’y serai pas, je serai pas la salle à ses côtés, tutessitée de fierté pour lui et de pas savoir ce qui m’attend comme spectacle. Parce que je sais que ça va être une pièce démente, que je vais tomber en bas de mon siège quand je vais voir ça. Mais ça se passera pas demain. Pour tussortes de raisons qui me rendent trisse. Alors je me concentre à essayer de dompter mon cerveau pour qu’il focalise sur les choses positives et belles et lumineuses. Ce qui est beau, c’est que la pièce de Mathieu est jouée au théâtre pour la deuxième fois, et qu’elle sera présentée à Mourial en janvier, et que cette fois je vais pas manquer ça. Ce qui est beau, c’est que j’ai maintenant ramassé plus de 165$ en vendant des macarons sur ma boutique, que Po est à deux comprimés d’avoir terminé son traitement antibiotique, que mon petit frère va mieux. Ce qui est beau c'est le monde, des fois, parce que oui ça arrive que le monde est beau, que l'humanité me fait chaud au coeur, et ce qui est beau, c'est que j’ai des idées de projets gnéseux, et que cette fois je n’appréhende pas la fraîcheur de l’automne qui s’en vient oh crisme que oui amène-toué bebé.

lundi 27 août 2012

Les belles choses de la vie : Une discussion avec mononc Robin, premier extrait


Maman : Ouin mais Robin, là, mais que tu sèyes mort, l’autre bord, y n’aura pas de bouésson pis d’cigarettes.
Moi : C’pour ça que je te conseille de pas aller au Paradis mais d’aller en Enfer, c’est là que l’monde le fonne se tiennent.
Robin : Les danseuses sont toutes là!
Maman : Ouin mais Robin, là, tu pourras pas fumer pis bouére, là.
Robin : Ah bin là, kess tu veux faire? Ah, y’a peut-être un bar pis on l’sait pas.
Moi : Y doit y avoir un bar clandestin! Toué t’as des plogues pour ça!
Robin : J’connais tout l’monde là-dedans, hin hin hin!
Moi : Robin, on a dix minutes devant nous autres, tu veux me raconter la shot des cinq infractions? Fanny m’a dit que t’as fait du quatre-roues avec Marie pis t’étais en infraction pour cinq raisons différentes.
Robin : Quand est-ce, ça?…
Moi : Je l’sais pas, ça fait peut-être un an, deux ans…
Robin : Avec mon quatre-roues?
Moi : Oué oué!
Robin : On était cinq sul quatre-roues?
Moi : Nonon, t’as fait CINQ infractions en même temps parce que tu buvais de la bière, t’avais un passager, t’allais trop vite, j’sais pus trop, mais y’avait plein de raisons.
Robin : J’avais pas de casse?… J’tais chaud?… J’avais pas de parmis?… Ah! Si j’m’arais fait arrêter j’arais eu cinq infractions? Je m’en rappelle pas, stie.
Moi : Tu t’rappelles pas?? Bin voyons, toué!
Robin : Crisse, j’me rappelle même pas qu’avant-hier je t’ai parlé au téléphone. 
Maman : Tu vois comment tu perds la mémoire, Robin, là? T’as yinque 52 ans.
Moi : Robin, j’veux noter tes histoires, si tu t’en rappelles pus, ça va mal! 
Maman : Heille, j’espère tu f’ras pas comme Maurice, toué! Ton parrain! Yé mort de démence.
Moi : Ouin, mais quand tu t’en rends pas compte, c’pas grave.
Maman : Bin, c’est grave pour les autres.
Moi : Ouin, c’est sûr… Mais là y’a-tu des histoires tu t’rappelles, d’ebord? D’autres histoires de chasse? Tu m’as conté plein d’histoires pis j’voulais toutes les noter. Faut pas tu perdes la mémoire, là. Pas tussuite! 
Robin : Ah non, les histoires de chasse, ça ya pas d’troube.

dimanche 26 août 2012

Les petits pliaisirs de la vie #1


Parce qu’on vante souvent l’importance des petits pliaisirs de la vie, je vais non seulement faire plus d’effort pour les savourer, mais en plus je vais t’écoeurer un peu avec ça (gentiment).

Numéro un : 

Regarde mon bol à fruits et me dire « cette banane-là va être parfaitement mûrie demain matin ». Ouémadame.

samedi 25 août 2012

Comment poffer son mongol intérieur


Darnziak a passé la moitié de la journée chez moi. Lui aussi il passe un été triste, alors on s’encourage mutuellement, on se donne de l’espoir, on se parle, on s’écoute, pis on essaie de ne jamais oublier de rire.

Il était content d’avoir son Megaman et ses robot masters, il a même joué avec sur mon frigo, comme un ti ninfint. Je lui en ai fait six, et dès que je pourrai m’acheter d’autres Hama Beads, je vais lui faire Air Man et Heat Man. Ça donne de très beaux aimants de frigo pour les retro gamers.


Ma nouvelle passion essitante : les Hama Beads.

On a travaillé un peu sur notre fanzine, puis on s’est récompensés en jouant à Mario 3. La dernière fois qu’on avait touché à notre game, on était rendus au monde 8, on avait plein de beaux items, trois suits de marteaux, des tanookis, des ailes, tutes. Pis notre game était effacée. Pour rien. Quelle horreur! Faut tout recommencer. Faut tout refaire Mario 3 à partir du début. Tu parles d’une affaire plate.

Ça fait qu’on a joué à Mario 3, jusqu’au monde 5. Il a ramassé tous les tanookis, l’ossetie. Mais c’est pas grave, moi j’ai fait le tableau avec des bas. On a inventé des sacres. On a lâché des cris de mort inhabituels. Il m’a parlé de son caca. On a ru. Ah pis j’ai même fait une demi-crise de nerfs quand un des deux tipules est venu voler près de moi, je criais en me débattant pour le décourager de me poker avec ses interminables papattes. « Veux-tu que je l’écrapousse? » Nenon! Je veux m’habituer à sa présence pour pu jamais re-crier de même comme une folle.

On était tous les deux fatigués, et dans un mood mou-mongol.

— Me semble que je suis un peu plus mongol, ce soir.
— Oui, je vois que tu as nourri ton mongol intérieur!
— Mon mongol intérieur est ENFLÉ.

Moi, j’ai tout de suite eu cette image en tête :

Mario sua poffe.


J’étais contente de le voir rire. Je sais que ça n’annule pas sa tristesse, mais je sais aussi qu’on a besoin de légèreté et de mongoleries quand on est darque depuis longtemps. Allez, n’oublie pas ton petit mongol intérieur, cher petit grand frère.

vendredi 24 août 2012

J'ai pas le temps de bloguer, je jardine

J’ai réussi à faire pousser quelques brins d’herbe pour Po. Si j’avais un micro, on pourrait l’entendre mâchouiller. Quand elle ronronne par-dessus ça, ça donne un son magnifique et farfelu qui fait rire mes oreilles.

Ouan, je blogue pas, mais je fais du cinéma. Tchèque ça.






Une minute neuf secondes de mâchouillage d’herbe. Personnage principale : le kyste. Personnage secondaire, interprété par une actrice qui mérite un Oscar pour son charisme (créons une nouvelle catégorie juste pour elle) : Po. Hors champ : la cigale, jouée par Rémy Girard. Mais on l’entend pas. Désolée, mon Blackberry peut pas faire mieux.

mardi 21 août 2012

Entendu dans ma ruelle


Madame : Pis, as-tu passé un bel été? Es-tu prêt pour la rentrée en classe?
Moi : TA YEULE, CONNASSE INSENSIBLE!!! ON DIT PAS ÇA À UN ENFANT!

Ma réplique, c’est dans ma vie fantasmée, bien sûr. Je me souviens encore de mes fins d'été, quand j'étais enfant, et que je sentais arriver la fin des vacances. Anticipation. Déjà, de voir les circulaires tout beurrées de matériel scolaire, ça me donnait des frissons de dégoûts, alors quand on osait me demander, LE SOURIRE AU LÈVRES : « Pis, as-tu hâte à la rentrée? » NOOOOOOON! Faut-tu que je pleure pour que tu comprennes que ça me fait mal d’entendre ça? Parmi les adultes, y'avait juste mononc Robin pour me comprendre : « Comment ça t'as pas encore lâché ça, c't'ostie d'école-là? » Il me disait ça dès mes premières années du primaire. Robin, y'avait jamais aimé ça, l'école. Y'avait pas fait son cours classique, Robin.

La rentrée scolaire, c’est le retour de mes chaînes, de l’ennui, de la discipline, de pus pouvoir jouer dehors quand il fait noir, de la fin de l’été, de la fin du fonne. C’est sûrement pour ça qu’aujourd’hui encore j’ai toujours un peu les bleus à l’arrivée de l’automne. Pis j’accuse même pas le manque lumière : c’est la faute aux mauvais souvenirs de rentrée scolaire. Avoir peur de tomber sur la prof méchante que tout le monde craint. Avoir peur que ma meilleure amie ne soit pas dans ma classe. Avoir peur d’être assise à côté d’une brute ou de celui qui a les poux. Avoir peur d’oublier le chemin pour se rendre au nouveau local. Avoir peur de pas comprendre la nouvelle matière, même si j’ai toujours eu des notes de bolées, sauf en éducation physique (je m’excuse d’être un cliché, mais c’est ça pareil, c’est d’même). Avoir peur d’avoir mal au ventre, encore. Avoir peur que le prof n’autorise pas les pause-peupis.

Chaque fin d’année scolaire était une délivrance, un pas de plus vers la liberté. Je me souviens que je calculais ça en pourcentage approximatif. Je disais au p’tit Francis : « On est à 35% de la LIBERTÉ! » La liberté étant la fin de toute contrainte scolaire. Pourtant, l’idée que je me faisais du monde du travail ne me plaisait pas plus.

Chaque rentrée scolaire était un supplice, j’aurais voulu qu’on soit déjà rendu à la fin de l’année, au printemps, pour que ce soit plus supportable. J’aimais beaucoup la période des examens finaux. Je savais que j’allais en classe pour une raison bien précise : faire un examen, pis sacrer mon camp chez moi. Ou à peu près : fallait quand même toffer ça les deux tiers de la durée habituelle.

La rentrée scolaire : endurer la lenteur avec laquelle on nous introduit une nouvelle matière. Se faire répéter pendant deux semaines la même ossetie d’affaire plate, comme si on était tous intellectuellement limités. L’abrutissement. Une chance que j’y allais pas trop souvent.

Parlez-moi pus hamah de rentrée scolaire.

Sauf.

Si.

Sauf si je gagne une guerosse bourse d’études. Alors là, je vais être dedans solide pour la rentrée scolaire.


Comment ces enfants peuvent-ils sourire en sachant ce qui les attend? Je ne comprends pas.

lundi 20 août 2012

Des nouvelles de Bobbé


Po a pris toute mon attention dans les dix derniers jours, mais ça veut pas dire qu’il s’est rien passé d’autre. Heille non. Une vraie maison de fous icitte.

Bobbé a été libéré le dimanche 5 août sur le terrain d’une église. Je te dis pas laquelle, faque prends pas de chance pis évite toutes les églises.

vendredi 17 août 2012

Oli, mes totons, des macarons, pis du renvou


Oli se frottait la face sur mon dos nu pour y déposer ses phéromones, pis un peu pour essayer d’être aussi quioute qu’un chat, je dirais.

Oli : Es-tu habillée avec un morceau de nappe?
Moi : Non. C’est un vêtement. J’ai pogné ça dans le quartier chinois.
Oli : C’est beau.
Moi : Ah bon? … Normalement je vis en bobettes quand il fait chaud, mais je voulais pas t’imposer ma nudité.
Oli : Je les ai déjà vu, tes totons.
Moi : Quand ça?
Oli : Un à la fois, à deux occasions.
Moi : Bin voyons, toué!
Oli : Pourquoi tu t’en rappelles jamais à chaque fois qu’on en parle?
Moi : J’sais pas! C’était quand?
Oli : Une fois quand tu portais ta robe de nuit de princesse.
Moi : Ah oui. C’est plausible. C’est avec ça que j’ai montré un de mes bouttes à Nique. Accidentellement, tsé.
Oli : Pis l’autre c’est, Ringuette qui l’a fait popper en tirant sur ton chandail.
Moi : Yé bin cave!
Oli : Ça t’étonne?
Moi : Non. Heille, dis pas à personne que t’as vu mes totons. C’est sacré.
Oli : OK.

On est parti chez Mathieu pour que j’aille me faire une autre batch de macarons de Po et de beubittes. C’est pas habituel pour moi, mais je me sentais pas super bien en voiture. J’avais juste hâte de sortir. Surtout que je savais pas trop comment lui expliquer clairement le chemin puisque je me déplace toujours à pieds. Je regrettais de pas lui avoir proposé de marcher. Mais Oli est compréhensif et patient avec moi, alors je lui ai dit que je filais pas, et il a immédiatement immobilisé sa olimobile. J’avais besoin d’une poffe d’air. Mais ça sentait pas mal les égouts où on était, faque j’ai rembarqué dans le char en ravalant ma nausée. Je lui ai montré mes orteils, parce qu’il avait envie d’avoir peur, parce que ça fait trois ans que je lui dis que mes orteils sont monstrueux, et il les avait jamais vus. 

Oli : Bin là, sont vraiment pas si pires. T’as jamais vu les orteils à ma mère?
Moi : Non, mais j’ai vu ses totons.
Oli : Crisse que t’es conne.
Moi : Mais c'est vrai.
Oli : T'es conne pareil.

On a passé deux heures à placoter pendant que je punchais des macarons. Comme à l’époque où il venait trainer dans mon mégabunker de Québec-Vile. Dans le temps où les occasions de vedger étaient plus nombreuses. Ah non, pas encore de la nostalgie? Pas déjà?


Oli est rentré tôt, il a une vie d'adulte qui l'attend demain à 6h30.

Avant de quitter le Manoir deluxe, j’avais dit à ma chatte : « Po, vomis pas sur mes rapports d’impôt, OK? » J’ai dit ça en blague. Parce que j’avais laissé traîner par terre cette ossetie de paperasse. Parce que c’est à vomir. Tsé. Le sens de l’humour pas créyabe que j’ai. Bin cré-moué ou pas, en rentrant chenous, Po avait fait un ti renvou sur mon rapport d’impôt (le formulaire du fédéral). Ah, Po. Sacrée blagueuse.

En tout cas, je suis heureuse d’avoir vu et senti mon Oli. Pis j’ai plein de beaux macarons. Oh! Et je prépare d’autres belles affaires pour très bientôt! Ouimadame!

jeudi 16 août 2012

Cha Guevara illumine notre été darque


Mathieu a trouvé les mots que je n’aurais pu trouver. En plus d’être une petite bête sensible, Mathieu est est un écrivain, un grand, et il parle ici de ce dont je suis incapable de parler.

Oui, on passe un triste été, mais on est encore bien vivants, et je suis émue de me sentir entourée de gens exceptionnels. Et émue par le soutien moral et financier que je reçois depuis quelques jours de la part d’amis, de connaissances et même d’inconnus. Des commandes sur ma boutique en ligne, des commandes de t-shirts de la plus belle chatte gériatrique du monde, accompagnées de petits mots gentils. Merci à vous tous.

Oui, on vit dans un monde cruel, injuste, impitoyable, mais si on garde à l'esprit que la Terre est aussi peuplée de gens qui ont du coeur, on peut maintenir sa tête hors de l'eau quand ça tire vers le bas.


Je suis trop fatiguée (et bozzée sul Gravol) pour élaborer ce soir, mais je veux juste dire : merci.


Et : broulx.




mardi 14 août 2012

Un t-shirt de ma chatte?


OK, j’avoue que le choix de titre, c’est juste pour fucker le monde qui tapent des affaires louches dans la barre de recherche de Google. J’aurais dû écrire « Un t-shirt de Po, la plus belle chatte gériatrique du monde », parce que c’est précisément ça que je propose, et c’est ce qui est écrit sur le t-shirt.

J’ai déjà sept commandes de t-shirts, et je trouve ça très bien, compte tenu du fait que personne n’a encore vu de quoi il aura l’air. J’ai aussi eu des commandes de macarons, et même un don spontané. Je suis réellement touchée, là. Et si Po était consciente de tout ça, je suis sûre qu’elle serait très reconnaissante, parce que Po est une créature douce et sensible, mais tout ce qu’elle fait, en ce moment, c’est des broulx et re-broulx. Elle fait aussi des beaux peupis et des beaux keukas. Elle vit. Elle vit beaucoup, même! 


Alors voilà, j’ai fait le design du t-shirt de Po (avec l’aide de Mathieu-le-gars-des-t-shirts), et dès demain je pourrais commencer les étapes de la sérigraphie. Le résultat sera plus beau que sur l’exemple ci-dessous, puisque l’image de Po sera imprimée en halftone, ce qui donne un bel effet pointillé comme sur papier journal. Je peux aussi faire des impressions sans texte, pour ceux qui préfèrent ça minimaliste. Comme pour les t-shirts de Doctorak, le tout est imprimé sur des t-shirts Blank 100% coton, fabriqués au Québec, et offerts en tailles pour hommes et femmes. Il semble que les tailles de Blank ressemblent aux tailles d’American Apparel. Vingt-cinq dollars canadiens, plus frais de livraison si nécessaire.

C'est juste pour donner une idée, tsé.


Je pense qu’on va bien dormir ce soir, car Po vient de s’énerver comme une tite jeunesse en essayant d’attraper la ficelle de poche de patates que j’avais gardée pour tester sa vivacité. Résultat? Beaucoup de vivacité, et des griffes dues pour être taillées. Et moi je vais bien dormir parce que j’ai le coeur plus léger.

lundi 13 août 2012

Des macarons de Po!


Je suis en train de préparer des produits dérivés de Po que je vais vendre sur ma boutique Etsy. À la fin du mois, les frais médicaux de Po m’auront coûtés environ 1000$, alors je vais tenter d’en financer une partie de cette manière.

Les macarons sont déjà prêts, et je prépare actuellement un design de t-shirt! OUIMADAME. Si je peux avoir douze (12) pré-commandes, je le sérigraphie. Et ce sera beau, doux et bon pour le coeur.

Mathieu est passé me voir ce soir, il m’a donné un coup de main et encouragée dans mon beau projet de levée de fonds. Il a remarqué ma bonne humeur. « Tu l’aimes, han, ton menou? » Oooooh oui. On se lâche pas de la journée. Sauf, des fois, quand je vois qu’elle est bien endormie, je retiens mes envies de la flatter et je la laisse se reposer, je lui touche pas à un poil. Chaque petit moment avec elle me paraît précieux, et je cède à tous ses caprices. Aussi, j’ai remarqué que je lui parle plus qu’avant. Je m’adresse à elle, je lui fais des compliments, je la questionne, comme si elle allait me répondre un manné. Les voisins doivent m’entendre à travers les murs du Manoir deluxe qui n’a pas une insonorisation deluxe. Ils doivent se dire que je suis une crisse de folle. Oui, bin oui. C’est ça. Pis c’est pas si grave. 



Po, dix-sept ans, resent le besoin de vérifier si un cactus ça pique vraiment.


vendredi 10 août 2012

Po a l'a raison

Cette nuit, j’étais un peu découragée parce que Po souffrait encore, et j’ai eu l’idée d’écrire à Mathieu pour lui faire part de ma peine. C’est que, au moment où j’allais m’endormir, vers les 5 heures du matin, Po s’est mise à miauler. Depuis le temps que je vis avec, je commence à comprendre un peu ses vocalises — quoi que ce serait tellement plus simple si on utilisait le même langage elle et moi — et ceux-là n’étaient pas du type « Heille Sophy, me semble ça s’rait l’fonne de jouer. HAN SOPHY? VIENS DONC JOUER À’ TAYE. COME OOOON. Sophy? Sophy! Niaise pas! » mais ils étaient plutôt, et je m’excuse d’avance de prétendre traduire Po, dans le genre : « Sophyyyyyy! Kessé ça, encore? Ça fait maaaaaal! Ch’tannée! Pourquoi ça fait mal? Sophyyyyy! » Des miaulements de peur et de douleur, le souffle court. Po est tannée, là. Je la flatte doucement, je lui parle sur un ton rassurant. Et je la suis au pas pour ramasser chaque goutte de peupi. Et son gros renvou. Je dois reconnaître qu'elle est vraiment créative dans son choix de litières improvisées : sur mon sac à dos, dans la boîte à recyclage, sur un sac à poubelle, (tentative) sur mon appareil photo, dans la douche (ç’a au moins l’avantage d’être facile à nettoyer), un peu n’importe où sur le plancher, et dans mon lit. Ça, c’est le moins l’fonne. [J’ai un message important pour toi, chers lecteurs et lectrices, juste au cas que : Un chat qui fait une cystite a le droit d’être malpropre, il faut jamais le chicaner pour ça. Considère que ça dépasse la sagesse des biscuits chinois.] Au moins, c’était juste une goutte ou deux à chaque fois. Et puis elle faisait quand même l’effort d’aller à sa litière près d’une fois sur deux, même si dans sa tête de chat, c’est peut-être la litière qui lui semble responsable de sa douleur. Pauvre Popo. Je me sentais tellement impuissante. Et je me suis encore mise à penser aux mères et aux pères qui veillent sur leur enfant malade — est-ce que j’ai le droit de faire ça? De comparer un animal non humain avec un enfant humain? Puis-je? Je le fais pareil, kin — et j’ai compris que je serais une mère inquiète, une mère qui pleure avec son enfant qui pleure lui-même, un mère qui trouve ça profondément injuste de voir souffrir son enfant qui comprend pas sa douleur. J’ai déjà dit ici que j’allais jamais me reproduire, han? Bin là je le dis.

Vers huit heures, Po a fini par s’endormir sur les serviettes que j’avais placées sur mon lit.

Je me suis réveillée vers quinze heures, tute fourrée dans mon horaire, et j’ai vu que Mathieu avait répondu à mon email de désespoir. Il me rassurait en disant que Po allait tranquillement aller mieux, qu’elle a demandé de l’aide quand elle était malade, qu’elle m’a fait confiance même quand j’ai sorti sa cage de transport qui fait peur, et que maintenant elle va guérir à son rythme. « 1- Aller chercher de l’aide; 2- Ensuite y aller à son rythme; 3- Éléphanteau un, éléphanteau deux. » Me revoilà tutémue. Full emo. « J’espère aussi que tu laisseras Po t’enseigner sa leçon de vie sur comment se soigner en trois étapes quand on va pas bien. » Oh oui, clairement. Po est inspirante. Pis toi aussi, Mathieu. OK, je vais faire comme Po. Et regarder des vidéos d’éléphanteaux. Et sacrer une volée aux intrus.

Bon, je vais aller me chercher des penules à la pharmacie, en essayant de pas être trop cynique avec ça.

Bonus : Une vidéo où il se passe rien. À part une Po qui ronronne et ma main qui bouge.

mercredi 8 août 2012

Le retour de Po


Une chance que Mathieu était là. En plus de me soutenir, il endurait mes râles contre la chaleur et contre mes tites jambes faibles. On avait une bonne demi-heure de marche à faire et vers la fin je commençais à trouver ça pénible en Jésus-Crisme. Par bonheur, l’hôpital vétérinaire était climatisé.

Revoir Po. Enfin! Hiiiiii! J’ai commencé à lui parler à travers sa cage, puis elle a commencé à miauler. Une tite voix fatiguée mais assez puissante pour qu’on sente sa peur. Des miaulements pour faire pleurer mon coeur. Mathieu m’a raccompagnée jusqu’à un taxi, et l’estie de chauffeur fou nous a ramenées jusque chez nous. Je me préparais mentalement à un accident tellement il conduisait vite et mal. C’était fucking épeurant. Déjà que je tentais de rassurer Po, de me rassurer moi-même, de lutter contre la chaleur et contre la panique, je me serais bien passé de rouler avec un débile. 3782, j’embarque pus dans ton char. Merci bye. Durant le trajet pas mal mouvementé, j’essayais de flatter la tête de Po en glissant mes doigts à travers la porte de sa cage de transport. Elle était beaucoup trop agitée pour penser à se faire flatter, elle pouvait juste miauler et me faire des zoeils tristes. J’ai remarqué une trace de sang sur ma main. Hum. Gore. Ça, c’est parce que la vétérinaire a prélevé du jus de kyste pour en connaître la nature. Ça lui pousse au milieu du front depuis des mois et c’est un peu inquiétant. Enfin, on arrive à destination. Ouf. Fiou. Crisse.

Les vraies retrouvailles, là. Je peux la flatter, je peux voir qu’elle est correcte, qu’elle n’a pas perdu sa drive de Po. Elle explore son territoire, la queue en l’air, passe me voir pour une caresse, se frotte la face sur moi, sur d’autres affaires qui dépassent. Elle bouge, elle est vivante. Elle a survécu.

Je vois bien qu’elle est fatiguée, elle s’est étendue trois fois par terre, de tout son long, comme une flaque de chat. Mais elle voulait pas dormir : elle avait des choses à vérifier.

Po ne quitte jamais la maison, alors que moi, en temps normal, ça m'arrive régulièrement. Elle a dû s’inquiéter que personne ne soit là pour tchéquer si tout était correct. Elle est allée sentir des spots particuliers — j’ai reconnu des endroits où elle avait fait des peupis douloureux — dont un qui devait être spécialement intéressant parce qu’elle a fait une bouche. Une guerosse bouche. L’organe de Jackobson qui spinne au maximum.

À quatre reprises elle a vigoureusement fait ses griffes sur Zviane — son poteau à griffer s’appelle Zviane parce c’est Zviane qui me l’a donné, c’est juste ça, juste pour ça, parce que l’explication derrière un choix de nom  n’a pas besoin d’être intelligente, han. Elle avait l’air d’avoir du fonne à faire ça, comme si ça lui avait manqué.

Elle est allée vérifier à la fenêtre. Minutieusement. Elle doit trouver que je fais pas ça assez souvent, faque elle se sent pas mal responsable.

Elle a re-vérifié des spots odorant du Manoir. Ça semblait important.

Aujourd’hui, on se repose. Demain, j’essaierai de trouver comment vais-je rembourser les frais de vet. Po dort profondément. Enfin. Du gros sommeil de grosse fatigue. Son petit corps est agité de micro-
spasmes. Parce que même ses rêves sont gros.


Ah oui : le premier broulx du retour au foyer, c’était beau à pleurer.

mardi 7 août 2012

Po est à pital


J’ai ramassé les renvous et les petites gouttes de peupi rouge que Po a semées un peu partout dans le Manoir deluxe. Je la visualise dans sa petite cage à l’hôpital, et j’espère fort que les cris des autres animaux ne la terrifient pas, que les odeurs étranges et les phéromones de peur ne vont pas trop l’atteindre. Je voudrais bien prier, ou faire des rituels magiques, invoquer les dieux, dire pardon mononc, mais j’ai rien après quoi m’accrocher. Alors je repense aux mots de la vétérinaire qui m’a confirmé au téléphone que Po n’était pas en danger de mort. À Mathieu qui m’a dit que bientôt je vais recommencer à gérer ses chicanes avec les autres chats de la ruelle.

Une chance que Mathieu était avec moi. Je pouvais rien faire d’autre que pleurer comme un enfant, en flattant Po et en lui disant ça va aller ma belle Po ça va aller chtaime t’es belle sois brave. J’aime bien dire que je suis mère poule avec Po, mais je ferais une très mauvaise mère. Du type indigne. J’ai pas réussi à me rendre à l’hôpital avec Po. J’ai demandé à Mathieu de le faire pour moi. Et je l’ai regardé partir avec elle dans sa petite cage, sachant que c’était peut-être la dernière fois que je la voyais. Je lui ai laissé sa souris en camouflage arctique fabriquée par maman et ma camisole de pouliche, me disant que ces odeurs familières pourraient la réconforter.

J’ai fait une sieste. J’ai rêvé que Po devenait la mascotte de l’Hôpital vétérinaire Victoria parce que le personnel soignant la trouvait juste trop quioute et adorabe.

J’ai enlevé la croûte de maquillage qu’il me restait autour des yeux.

J’ai appelé mon pharmacien.

Pis j’ai braillé toute la journée, pour plein de raisons, pour toutes les raisons de mon monde et un peu du monde entier. Po m’a ouvert les vannes. Oué, je suis devenu crissement emo. Boys Don’t Cry ne pourra plus être mon mantra.



Ce soir, le Manoir deluxe est tristement vide.



Bonus du mardi matin vers 1h46 : bébés Po & Chechou tutes pognées dans un arbres, en juillet 1995.

samedi 4 août 2012

Trente-quatre degrés le soir


Il est 20:18, la cigale chante encore. OK M. Cigale, message reçu, je sors pas. J’évite la chaleur, ces temps-ci. Je pensais jamais que ça m’arriverait, moi qui suis une créature d’été, qui meurs toujours un petit peu à chaque hiver, eh bien maintenant je supporte pas d’être moindrement incommodée par la chaleur. Je supporte pus grand chose, en fait. D’où mon besoin de rockyfication. 

Ce soir, il y a un Cabaret de la pègre au Bistro de Paris. Avec les plus beaux poètes de mon monde. Mes préférés sur la liste (parce que les deux autres je les connais pas, mais ils sont peut-être extra) : Erika Soucy, Pascal Angelo Fioramore, Sébastien Dulude, Marie-Ève Comtois, Vickie Gendreau, Mathieu Arsenault. Je les aime en tant que poètes et en tant que personnes humaines. La première fois que j’ai assisté à une de ces soirées de poésie, la place était bondée alors j’étais assise sur la distributrice à pinotes, à proximité de mon adorabe Fredoune qui me disait sans arrêt : « Hamah, hamah, hhhhhamah. » Et j’ai eu autant de fonne la fois d’après. Ce soir, la liste des poètes invités est juste magnifique. Je sais que je vais le regretter de manquer ça. Mais c’est encore impossible pour moi de sortir, et de côtoyer d’autres humains, même les gens que j’adore et qui me font du bien. Dès que je serai réparée, je retrouverai ma liberté. Et je rapporterai à la bibli mes livres en retard, promis.

Hier soir, j’ai fait l’épicerie et j’étais fière d’avoir réussi ma mission. Mais j’avais un peu honte d’être fière de ça. J’veux dire, je pensais pas que j’allais un jour me retrouver dans un tel état que juste sortir de chez moi ça me demande une méga dose de courage et de volonté. C’est con, mais c’est ça. Oui, c’est ça.

Avant de se rendre au Bistro, Mathieu m’a tweeté ça : « Bonne soirée aussi. Si jamais t’as une éclaircie, on va t’accueillir et te faire sentir bien! » Ça m’a émue — faut dire que j’écoutais le Sigur Ros que Darnziak m’avait envoyé, additionné à mon hypersensibilité bizarre des derniers jours — puis je me suis sentie cheap de pas pouvoir lui répondre OK J’ARRIVE! Que ma réaction ne soit pas à la hauteur du bien qu’il me fait.

Une autre pelletée dans mon truck Culpabilité.


Oh, M. Cigale, t'as cessé de cymbaliser? OK, c'est bon, je vais me risquer pour un touptit tour à l'extérieur.

jeudi 2 août 2012

La fois où Po s’est battue


Quoi quoi QUOI, elle parle encore de son crisse de chat? Oué. C’est ça ou bin je parle de mes maladies mentales. Faque. Compte-toi chanceux, toi, mes tendres lecteurs. Et puis Po fait partie de mon quotidien depuis tellement longtemps — je la flatte au moment même où je tape ces mots — que si je parle de ma vie plate, c’est claire que Po va être mentionnée au moins une fois de temps en temps. Ou souvent, comme je l’ai fait ces derniers temps.



Depuis qu’on vit dans le Manoir deluxe, Po peut enfin prendre l’air. Vu son âge et son manque d’expertise en matière de flanâge dins ruelles, je n’ose pas la laisser se balader en totale liberté, même si au fond de moi c’est ce que je voudrais, c’est ce qui colle à mes valeurs. Sauf que je suis trop mère poule. J’ai peur que ses réflexes ne soient plus assez vifs, qu’elle se fasse frapper par une voiture, attaquer par un chien ou un chat, voler par un humain mesquin. Je trouve ça cruel de la garder captive, alors je lui mets une laisse et je laisse la porte ouverte. Compromis, genre. Le plus souvent, elle attend que je l’accompagne pour sortir dehors. Ça la met en confiance. Alors je m’installe parfois dehors avec mon portable ou un livre pendant que Po reste assise à fixer le vide ou sentir des affaires qu’on sait pas kessé c’est ça. Des fois, elle est tellement à l’aise qu’elle n’attend plus ma présence, même qu’elle se couche sous l’escalier. J’avais jamais vu Po se coucher dehors. Avant, elle restait constamment sur ses gardes quand elle était dehors, comme si le monde extérieur n’était qu’hostilités et dangers. Astheure, c’est une vieille Po, pis a s’en querisse. Je sais pas si je me trompe, mais j’ai l’impression qu’elle dort un peu plus qu’avant (sauf vers 5-6 heures du matin, quand je commence à m’endormir). Alors peut-être qu’elle a des attaques de sommeil même quand elle est dehors? Peu importe qu’elle soit confiante ou juste vieille, je la laisse jamais sans surveillance très longtemps. Si je ne suis pas avec elle dehors, je demeure dans le salon juste à côté de la porte, à mon bureau, et je me lève souvent pour aller voir si tout est OK. Parfois j’entends passer le vieux monsieur qui parle à son p’tit chien. Le p’tit chien n’est jamais attaché, alors je dois surveiller Po, parce que si jamais il s’approche trop près d’elle, il risque de manger une patte griffue en pleine tronche. Je voudrais pas que le p’tit chien du vieux monsieur se fasse dézieuter, ça me ferait de la peine et ça me mettrait bin mal à l’aise, même si en réalité, je peux pas vraiment être tenue responsable (enfin, je l’espère?). Hier, justement, au moment où j’allais voir si Po était OK, je l’ai surprise dans une posture un peu crispée. Je me demandais pourquoi elle était tant arquée et figée, puis j’ai vu que c’était le p’tit chien qui lui faisait cet effet, parqué à deux pieds de Po. Il avait l’air fasciné par elle, mais assez prudent pour ne pas s’approcher. Pas de risque à prendre, j’ai fait rentrer Po. Elle avait l’air un peu outrée et a tenté de me faire changer d’avis. « Sophy, faudrait vraiment que je sorte. Je veux juste vérifier quèque chose. Aweille donc. Sophy? Je promets de pas faire de marde avec le p’tit chien. Come ooooon. » Le pire, c’est les autres chats. En fait, je dois dire que je crains un peu plus le chien du p’tit voisin. Le kid joue parfois dans la ruelle avec son berger australien pas attaché. C’est arrivé une fois qu’il le sorte au moment où Po était dehors. Il avait l’air furieux contre elle, il jappait après en grognant, elle crachait de son mieux mais était complètement terrorisée. Le p’tit gars avait l’air pas vite vite. Il foutait rien, il laissait son chien tourmenter ma vieille Po. C’est moi qui ai dû faire peur à son chien pour qu’il sacre la paix à ma chatte qui était poffée comme jamais. Dude! Ma chatte n’est pas dégriffée, elle pourrait faire mal à ton chien! (Je me suis dit que ça passerait mieux que « ton chien a l’air méchant avec les chats ».) Mais avec les autres chats, c’est quand même assez terrible. Et je dois avouer en toute franchise que je viens juste de m’apercevoir, après 17 ans de vie commune avec Po, qu’elle est très, très territoriale. Au point de péter sa laisse trois fois. Dès qu’un chat s’approche de son minuscule territoire, elle le charge, telle une maman rhinocéros voulant protéger son bébé. Plusieurs fois, j’ai vu de mes zoeils vu, ma douce Po charger des chats faisant deux fois sa taille. La première fois qu’elle a croisé un chat du quartier, elle a même lâché un hurlement de démon. Elle devient un démon. Mais la pire shot, ce fut l’INVASION DE DOMICILE. 

Je commence à connaître les chats du quartier, et un des plus réguliers, c’est le p’tit gris tout doux. 

Non mais regardez-moi ce beau chat. Qui oserait s'en prendre à lui?

C’est un touptit chat, assez jeune, qui vit à deux maisons de chez nous. Malgré son attitude plutôt amicale avec Po, celle-ci est plus du genre « FUCK YOU, TOUÉ MON TABARNAQUE! TU DÉCÂLISSES TUSSUITE! » (Il s’agit de mon interprétation personnelle, alors peut-être que je me trompe sur ses intentions ou ses sentiments envers le jeune chat.) Le p’tit gris tout doux n’insiste jamais et décâlisse au plus crisse, suivant l’invitation de Po. Sauf une fois. Une fois où Po n’était pas attachée. Parce que ça m’arrive, oui, de filer relaxe avec ça, de lui faire confiance. Je la surveille plus souvent, pour être sûre qu’elle ne parte pas trop loin pour charger un chat ennemi. Mais cette fois, pour une raison qui m’échappe, le p’tit gris tout doux s’est dit : « Tiens, je vais m’inviter chez Po, pour voir. » Heille, l’idée de génie, toué. J’étais à quelques pas de la porte quand j’ai entendu les cris démoniaques. J’ai à peine eu le temps de bondir de ma chaise que la masse de chats était déjà rendue dans ma chambre. Ça se déplaçait plus vite que la bête du Gévaudan. Partout en même temps. Le Yâwbe pogné dans place. 

Ils se battaient. Sur mon lit. En criant. Pis moi je criais après. En courant. Ça a duré trois secondes et demi pis j’ai réussi à faire fuir le p’tit gris pus très doux. J’étais un peu en état de choc. Si j'avais été pouélue, j’aurais été poffée en tabarnaque.

Y’avait des tumbleweeds de pouèles dans ma chambre.

Po était encore un peu poffée, sul gros nerf. Puis, elle s’est calmée, s’est couchée par terre, pis a s’est crissé une cigarette entre les dents. Po, c’est Clint.

mercredi 1 août 2012

Bonjour, voici Bobbé


Finalement, j’ai pas fait de rêves d’areniers. J’ai plutôt rêvé à des chats, plein de chats, et à Mathieu. Mais c’est pas de ça que je veux parler ici. Mon arenier! Ma guerosse arenier! Je suis encore un peu obsédée par elle, mais je l’ai apprivoisée, je peux l’observer de près sans me sentir tuténarvée de peur et d’émerveillement. J'ai constaté que son dardjére n'est pas du tout chunky, bien au contraire. Faut dire que je l'avais vu passer assez vite. Mais là je l’ai photographiée! Sauf que je suis semi à l’aise de montrer la photo ici sans d’abord prévenir les arachnophobes sévères. Parce que mon but n’est pas d’effrayer ou dégoûter les gens. Et je sais que je peux pas forcer personne à aimer les insectes et autres arthropodes apparentés, mais si je peux au moins susciter de la curiosité, je vais être très satisfaite. Moi je crois qu’on peut aimer les animaux qui nous font peur. Je discutais de beubittes avec Zhom l’autre jour et il m’a dit qu’il était terrifié par les scolopendres, mais qu’il avait appris à les aimer en les regardant avec LES YEUX DU COEUR. N’est-ce pas magnifique? Alors moi je te dis : si tu as peur des areniers, regarde-les avec les zoeils du coeur, et tu vas voir leurs zoeils à elles, et tu vas voir qu’elles existent, qu’elles sont importantes, et qu’on ne peut pas les détester.

Surtout pas Bobbé. Avec ses six zoeils. Plein de tendresse. D’amour. Aon. Aon?


Là, tu pourras pas dire que je t'avais pas prévenu : plus tu vas descendre, plus tu vas t’approcher de la photo de Bobbé. Bobbé, c’est ma nouvelle arenier. Elle a une sale gueule. 


Mais pas tant que ça.


Je dirais même que je commence à la trouver quioute.


D’ailleurs, je m’apprête à aller lui chercher des cloportes. Parce que c’est ce que mangent les Dysdera crocata.


Un cloporte? Ça n’a pas une super carapace, ça? Oui. Mais c’est pas grave, parce que Bobbé a des super chélicères du Yâwbe.

Qu’est-ce que je fais si je trouve pas  de cloporte? Je libère Bobbé.


Mais pas au pas de ma porte, là. Tsé.



J’irai le porter dans un parc.



T'es prêt? Prête?

À go...



3...


2...


1...


GO.

Bobbé l'arenier. C'est mon pitbull à huit pattes.

Arenier géante droit devant!!!


Ataboy! Je viens de voir passer une arenier géante très, très géante. J’ai pas réussi à l’identifier parce qu’elle s’est vite cachée dans une crevasse derrière le calorifère, mais ça ressemble à une grosse tégénaire.

OHMONDIOU. Elle vient de repasser devant moi! Elle est maintenant sous le meuble de télé. Je sais pas comment la faire sortir de là… Son abdomen a l'air chunky! C’est sûrement une maman pleine d’oeufs! Venue pondre ses oeufs chez moi! Oh. Je vais peut-être pouvoir identifier les centaines de bébés que je vais trouver? Yé.

OH! Je viens de la capturer! C'était assez essitant et pas si facile. AYAYAYE. Elle est dans un pot et j’ai encore PEUR. Elle est vraiment effrayante, ses chélicères sont GÉANTS, elle doit mordre fort, c'est genre le pitbull des araignées! Putain, ça fait longtemps qu’une araignée ne m’a pas fait peur à ce point! Je suis sûre qu’elle aurait pu tuer ma scutigère véloce! Bon, là je suis en train de regarder des tonnes de photos d’areniers, et je me demande si je vais pas rêver à ça. J’aurais pas dû aller voir des photos de Lexosceles reclusa. Non, ne va pas voir. L’araignée en tant que telle est plutôt belle, mais c’est les plaies que provoque sa morsure que tu veux pas voir. Depuis qu'on m'a dit que le réchauffement climatique risquait d'inviter cette bestiole au Québec, je me méfie des araignées que je connais pas...

Shit fuck! Je peux pas m’empêcher de l’observer, même si elle me fout la trouille! Je crois bien que ma fascination surpasse ma peur. OK, j’arrête pour ce soir, je prendrai des photos demain.

[…]

Ah pis NON, je peux pas lâcher, je suis obsédée par son cas. J’ai cherché sur un forum d’entomologistes amateurs, et une certaine Ginette de Montréal a récemment trouvée chez elle une araignée qui ressemble beaucoup trop à mon monstre. Dysdera crocata. Si c’est bien ça, il semble que sa morsure est douloureuse mais pas dangereuse. Et il parait que c’est rare ici. Faque je me suis décidée à la photographier, j’ai ouvert le pot (au-dessus du lavabo, quand même), j’ai installé mon trépied (brisé) et j’ai fait quelques clichés. Pas fameux. Je vais réessayer demain à la lumière du jour. D’ici là, tu peux l’admirer sur Google Images et constater que j’ai pas du tout exagéré au sujet de ses chélicères du Yâwbe. Bon, je vais aller regarder des photos et vidéos de chatons avant de dormir.


Pis ouin, je devrais peut-être pas laisser ma porte ouverte.