samedi 6 juillet 2013

La fois où je me suis crissée dehors de chez moi

C’est quoi la pire affaire qui puisse arriver quand tu vis en colocation? J’ai bien peur d’être en train de la vivre présentement.


Réveil brutal à 7 :45 ce matin. Bruit anormal inquiétant. Au lieu de me lever pour aller voir ce qui se passe, j’ai texté Ringuette.

—C’est quoi le vacarme que je viens d’entendre?
—Moi qui se chie dessus pis qui vomis dans douche.
— -_-  T’es pas supposé travailler à huit heures?
—Veux-tu voir mes boxers? Je me suis chié dessus pour vrai.
— :O Comment ça? Qu’est-ce que t’as, Mynou? :(

Pas de réponse. Du bruit dans la salle de bain. Notre salle de bain qui est maintenant une zone sinistrée.

J’ai tchatté avec Joanie, qui comprend ma peur, qui m’a rassurée et fait rire. J’ai attendu que Ringuette m’explique ce qui se passe, qu’il me confirme que c’est pas une joke, qu’il a vraiment une gastro subite et explosive, pis je me suis sauvée. Comme une ossetie. J’ai trouvé refuge chez Mathieu, même s’il fait bin trop chaud dans son appart au deuxième étage, dans son lit mezzanine plein de bébés areniers, même si j’avais zéro envie de me taper une marche après seulement deux heures de sommeil.

Mais j’ai tellement peur de ça, moi, la gastro. En temps normal, ça m’écoeure et me fait peur, mais en temps de vaches maigres, c’est presque dangereux. La seule gastro que j’ai eue m’a valu 24 heures d’hospitalisation et 10 livres en moins, à une époque où j’en pesais 15 de plus que maintenant. S’il faut que je choppe une gastro maintenant, j’ai peur de disparaître, ou pire, de me faire gaver comme un canard à pital.

Si c’est pas un drame humain, je me demande bin ce que c’est. OK, j’ortourne me coucher. Bye.


Jeu amusant pour toi mes lectrices : en excluant cette phrase, combien de fois peux-tu compter le mot « peur » dans le texte ci-dessus?





jeudi 4 juillet 2013

Avant que le truck de vidanges ne passe

Je suis pas dedans solide pour bloguer ces temps-ci, mais là, j’ai un truc urgent à partager, chère lectrice. Je suis préoccupée par plein d’affaires, parce que la vie est toujours préoccupante pour les angoissées, mais la plupart de mes préoccupations ne te concernent pas, heureusement. Par contre, il y une chose pour laquelle tu pourrais faire la différence.

Je vis dans une province qui peut se vanter de battre un beau record : le Québec jette un demi-million d’animaux de compagnie annuellement. Oui, à chaque année. De ce nombre, une bonne part est tuée. Présentement, on déménage en masse, alors beaucoup de gens se débarrassent de ce qui les encombre : électros que même Elvis voudrait pas, vélos stationnaires reçus à Noël, divans qui puent le renvou, chats qui perdent leurs poils, chiens qui hurlent neuf heures par jour. Nos animaux sont des ordures.

Ça me met en crisse.

Mais plus encore, ça me brise le cœur. Et ça me lève le cœur. C’est pas un hasard si on traite nos animaux de compagnie, nos enfants, comme des choses. D’après le Code civil du Québec, l’animal est un bien meuble. Tchèque l’article 905 :

Sont meubles les choses qui peuvent se transporter, soit qu’elles se meuvent elles-mêmes, soit qu’il faille une force étrangère pour les déplacer.

T’as beau avoir nommé ton chat Jean-Seb, il demeure un bien meuble. T’as beau avoir dressé ton chien (Pierre-André) à retrouver des enfants perdus, il est toujours considéré comme une putain de chose qui se meut elle-même. Après, faut pas s’étonner qu’on gère nos animaux comme des vidanges. Surtout aux alentours du 1er juillet.

C’est pourquoi en ce moment, pire qu’en temps normal, j’écœure tous mes amis pour trouver de l’aide. Et même si je suis totalement consciente que je ne peux pas être responsable de tous ces animaux-déchets, je sais que chaque animal sauvé compte. Je regrette pas d’avoir déployé de l’énergie pour trouver un foyer à Ron Jeremy. Aujourd’hui, quand je passe devant l’église où je l’ai trouvé, j’ai encore le réflexe de chercher de l’œil un chat caché dans les buissons. À chaque fois, ça me soulage de le savoir sauvé, mais je pense également à tous les autres.

Oui, il y a des gens dévoués qui s’occupent d’eux, mais c’est encore insuffisant. Et d’ici à ce qu’on puisse régler le problème à la source, je crois qu’on doit faire tout ce qu’on peut pour s’occuper des animaux-déchets qui ont présentement besoin d’un toit, de nourriture, d’eau, de flatte-flatte, de soins. Évidemment, puisque j’insiste sur l’importance d’être responsable des animaux qu’on adopte, je n’incite pas les gens à en adopter s’ils ne peuvent pas en prendre soin décemment. Mais toi, chère lectrice, si tu peux et veux prendre soin d’un animal, pense à ces animaux-déchets qui peuplent les refuges ou qui errent dans ton quartier. Fuck les animaleries – wtf, vendre des animaux? – quand on pense à tous les refuges qui débordent : il y a la SPCA, le Repaire de Sasha, le Réseau Secours Animal, Adoptez un chat errant, Adoption chats sans abri, le Refuge pour chats de Verdun, Projet Sphinx, Adoption animale Rosie, Gerdy’sRescues & Adoptions, etc. Ça manque pas!

Il y a aussi le Berger blanc. Mais tsé, donner de l’argent au Berger blanc, c’est un peu comme financer un abattoir pour chiens et chats.

Si c’est impossible pour toi d’adopter un animal (ou un autre animal, dans le cas où tu en aurais déjà un ou plusieurs), tu peux quand même faire quelque chose tussuite! Regarde ça :

Faire un don. La plupart des refuges dépendent entièrement des dons du public et du travail de bénévoles acharnés. Même les touptits dons comptent! Les dons en nourriture, litière et accessoires peuvent aussi être très utiles.

Devenir famille d’accueil. Tu gardes un chien ou un chat chez toi jusqu’à ce qu’il soit adopté, ou durant une période que tu choisis. Les familles d’accueils sont très recherchées, surtout pour les animaux qui ont besoin de soins spéciaux, pour les chattes et chiennes enceintes, les très jeunes animaux et ceux qui n’arrivent pas à s’adapter à la vie au refuge. Imagine un chat qui a vécu dix ans seul avec une grand-moman tranquille et qui se retrouve subitement dans une pièce avec des dizaines de chats. C’est un choc, pour lui! Tu peux aussi recueillir un chat errant, le temps qu’on lui trouve un foyer permanent. Les refuges ne fonctionnent pas tous de la même manière, mais généralement, les soins médicaux sont payés, et ton rôle est de prendre soin du dividu félin ou canin, de l’aimer et d’observer son caractère afin de lui trouver le meilleur foyer du monde.

Devenir bénévole. Ce qui est beau avec ça, c’est que même si t’es allergique, tu peux faire du bénévolat! OK, tu vas pas aller brosser les chats ou promener les chiens, mais certains refuges ont régulièrement besoin d’un coup de main pour les communications, les campagnes de levée de fonds, les transports chez le vétérinaire.



Zora n'aime pas la vie au refuge. C'est la deuxième fois qu'elle s'y retrouve dans sa courte vie. Je pense qu'elle est tannée, Zora.
 
Ça fait dix-huit ans que Po et moi on vit ensemble, et j’ai calculé qu’on a déménagé dix fois. Son existence a souvent compliqué mes recherches d’apparts, mais jamais, pas une seule seconde, je n’ai considéré la laisser derrière moi. Durant l’année où j’ai vécu dans un studio, c’est Patrick qui gardait nos chattes, parce qu’entre une petite pièce sans balcon et une maison avec grande cour arrière, on a choisi l’endroit qui nous semblait le plus adéquat pour nos chéries. Et s’il avait fallu qu’aucun propriétaire n’accepte de me louer son appart, même en échange d’un dépôt qui couvrirait d’éventuels dégâts causés par mon prédateur gériatrique, bin je lui aurais caché sa présence. J’ai un chat, pis c’est pas de tes affaires. Essaie de me crisser dehors, astheure. Ma Po dérange personne. Crisse-moi donc dehors, voir. Aweille.

Si j'avais un enfant je l'oublierais à picerie

À la caisse. Je veux déposer le premier chèque que je reçois au nom de Lora Zepam.

Madame 1 : HAN! C’est toi Lora Zepam?!
Moi : Oui...
Madame 1 et 2 : Aooon!
Madame 1 : Comment va Po?
Moi : Elle va bien. À part pour le kyste qu’elle a dans le front, elle s’est un peu trop frotté la tête il y a trois jours – elle aime bin ça se frotter le front – et depuis elle a une petite gale.
Madame 2 : Hon, pauvre chouette!
Moi : Je surveille ça de près, je désinfecte avec du Baxedin.
Madame 1 : Tu nous tiendras au courant!
Moi : Oui oui! Je vous donne des nouvelles sur sa pageFacebook.

Pour m’éviter les 50 cennes de frais au comptoir, je retire le cash au guichet. Par principe plus que par économie. Je sors, je marche un coin de rue, puis le gars devant moi me fait un signe que je comprends à moitié. Je pèse sur pause et me retourne, et je vois une femme qui me court après avec ma carte de guichet dans la main. Shit. J’avais oublié ça dans la machine. Et j’entendais pas cette gentille femme parce que je suis incapable de marcher une minute sans avoir de la musique dans les oreilles. Merci madame. Merci monsieur. Ça m’évite bin du trouble, ça. Je rentre chez moi sans oser peser sur play.

Plus tard en soirée, tout juste avant que je quitte le lancement de Dulude et Paillé, le gros Morin m’a redonné ma médication psychiatrique que je lui avais accidentellement remise avec une pile de fanzines. Merci, gros Morin. Ça m’aurait fait chier de manquer ma dose.

Ma mère dit tout le temps qu’on a tous un ange-gardien. Pourquoi faire?