dimanche 24 juillet 2011

Les gothiques du Village gay

Même au point fort de la canicule, Oli-Poule ne craint pas de quitter le confort de Québec, ville climatisée. Je suis touchée qu’il vienne me voir dans de telles conditions. On est d’accord pour limiter nos dépenses énergétiques et c’est pour ça qu’on se rend au parc Lafontaine en voiture polaire. Je suis à peine sortie du char quand j’aperçois la fameuse bête, l’étchureu albinos dont m’a tant parlé Mathieu. « Hiiiiiiiiiii! Oliiii! REGARDE L'ÉTCHUREU ALBINOS!!!! Je veux aller le voir! » On s’approche de la créature mythique, Oli sort son beau Nikon, et moi j’active la fonction appareil photo sur mon Blackberry. J’envie Oli parce que mon Nikon à moi est coincé dans un donjon de niveau moyen-toff à St-Urbain, et pour le récupérer je devrai ramasser un petit tas de roupies et vaincre quelques monstres. Je me contente alors de mon Blackberry. Pendant qu’Oli le paparazzite activement, je regarde l’écureuil de plus près. « Heille, c’est pas un albinos! Il a les yeux noirs. Mais il y a un nom pour ça, cette anomalie de la pigmentation. Hypomélanisme?… » « Homochromatisme? Me semble que c’est ça. » « Tu veux dire qu'il est monochrome? » « Non, je pense que c’est ça. Par exemple, hétérochromatisme ça s’applique à mes yeux qui sont pas pareils. » « Ah, t’as peut-être raison. Mais comme dirait Mathieu, ça c’est une question pour Internet! »

Oli a deux billets pour un film à Fantasia, mais l’ami qui devait l’accompagner est apparemment disparu. Pardu dans malle. Je suis pas dans un mood pour un film, alors je le matche avec Vickie l’enthousiaste et je vais me réfugier chez Mathieu dans son salon frais. Tout est parfait.

Après leur film, Oli et Vickie sont mindés pour aller au Village. Je suis très bien à l’air climatisé, mais ils réussissent à me convaincre, et Mathieu aussi est partant. Oli veut découvrir le nightlife gay de Montréal. Bin je peux vous dire que rendus sur place, on bandait mou. Parsonne! Le désert humide! En fait, non, il y a du monde, mais c’est anormalement tranquille. On pense à une catastrophe de type invasion de zombies. Pour nous aider à les identifier, Oli nous mime un zombie-fif : eux aussi ils tendent les bras vers l’avant, mais avec les poignets cassés super stéréotypés. On déambule comme ça un peu, on se trouve pas mal drôles puis on se rend chez Mado parce qu’on n’a pas l’intention de se laisser impressionner par le peu de vie qui nous entoure. On arrive sur la fin du show de drag queens, c’est dommage, mais on a quand même le temps de voir une drag qui porte une robe en hibou. On sait que c’est un hommage à Émilie Hamel, qui collectionne les hiboux.

C’est le last call, on s’éternise pas pis on sort en se dirigeant vers McDo. Je déteste McDo, au complet, du Big Mac jusqu’au boutte de la fritte de patates en pourde. Non seulement c’est graisseux et infect, mais je vois ça comme un cancer pour la planète. Mais bon, je suis conciliante, alors je les suis et je souhaite qu’il y aura des jouets quioutes de laitte pour me consoler. Même pas! Rien! Je suis déçue et presque insultée. Parait que ça se vend pas la nuit, des Joyeux Festins? En tout cas. Après des heures d’échanges de niaiseries, nos conversations commencent à prendre une tournure sérieuse. Oli prétend que si tu fais une fellation sans avaler, c’est incomplet. C’est une grosse question, là. Ça mérite réflexion. J’ai pas encore la Réponse.

On s’en va tranquillement. Je suis triste parce que j’ai perdu des yeux le SDF qui se promène avec un beau petit chat blanc, une demi-Fouine super belle. Je voulais lui parler et lui donner de la monnaie, j’espère que je le reverrai une autre fois. De l’autre bord de la rue, un petit groupe de punks nous interpelle. « Heille les gothiques! » Les gothiques. On trouve ça très drôle. « C’est-tu vrai que vous sucez… du sang? » « On suce le sang, mais on l’avale pas. On est des vampires incomplets, tu vois. »


En arrivant chez moi, je me suis pas couchée tout de suite et j’ai posé ma question à Internet, qui m’a répondu que le terme correct c’est hétérochromie. Et il m’a aussi retrouvé le terme que je cherchais : leucistisme. Ah ha! Je savais! dis-je en mettant mes lunettes de p’tite tronche première de classe.


L’étchureux leucistique, tel que vu dans la revue Inexpliqué, est réellement réel, parce que je l’ai vu, moi.

Le jour où j’ai commencé à vivre à Montréal en tant que citoyenne

Les copains sont partis, j’espère qu’Oli ne va pas frapper une grosse fatigue et se tuer sur la route, il a tout de même une dure journée dans son petit corps. Québec-Ville doit lui sembler tellement loin.

Ma prochaine mission : me nourrir. Mathieu et moi on se rend à notre épicerie 24h (parce que maintenant, c’est NOTRE épicerie 24h), et rendue là, je réalise que j’ai oublié mon précieux MacBook gothique sous le siège passager du truck pas à Oli. ARGH. Je devrais pleurer de découragement, mais j’ai trop faim. Je texte Oli. « Non, je reviens pas… » Évidemment. Mais tu peux le garder en sûreté, stp? Merci. Merci encore. T’es adorabe. Je t'aime. Je te liche la face.



Un déménagement, c'est fatikant.

En revenant de l’épicerie AVEC PAS DE BISCUITS SODA, on fait un arrêt chez Mathieu. J'ai de la chance, il me prête un matelas coquilles d’oeuf. Pas pour le confort, mais pour que je puisse me patenter un lit avec des coussins (le matelas de mousse les empêche de glisser, c’est super intelligent comme invention). Je dors sur le tas de coussins avec Po sur moi. Gros défi de se retourner sur ça sans crisser le camp sur le plancher sale, mais ça m'inquiète pas, j'ai pas l'énergie pour me retourner.

Sur mes cuisses, les marque laissées par la cage de transport de Po sont encore là. Le soleil va se lever dans moins de trois heures et je n’ai rien pour couvrir mon immense fenêtre. J'ai pas de table et je vais devoir manger sur une pile de boîtes.

Mais le pire, le plusse pire du gros trisse, c'est que je n’aurai plus d'internets pendant trois semaines. Le Tiers-Monde à Mourial. Huuuuuu...

mercredi 20 juillet 2011

Le jour où j'ai quitté Québec-Ville

[Vision flou de flash-back]

C'est le Jour D! Jour du déménagement! Wouhou! Yéé! Je suis contente! Ça fait des semaines que je trépigne à l'idée de m'installer dans ma nouvelle maison sucrée. Toutefois, bien que je macère dans mon jus depuis un bail (un BAIL! hi hi! ho ho!), et bien que le coloc pis moi on est écoeurés de vivre dans un appart sale ("On n'est quand même pas pour faire le ménage si on a déjà prévu faire un méga ménage de déménagement, han?" "Bin d'accord."), on se lève sans aucune envie de déménager. Ça nous tente juste pas de faire ce gros effort. On râle, on rampe, on se lamente, pis à travers ça on se botte le cul mollement, juste pour dire. Le coloc avait raison : j’ai sous-estimé la quantité de cochonneries que je dois faire rentrer dans le truck qu'Oli emprunte à sa job. Je fais un tas "cossins à donner/jeter" et un tas "cossins non prioritaires". Je m’invente un sens de l’organisation, là.

À entendre ses longs miaulements, à voir ses yeux inquiets et sa façon de marcher sans qu'on voit ses pattes, je suppose que Po n'a pas envie d'un 9e déménagement. Je stresse à l’idée que Po soit stressée.

Oli veut commencer par déménager Alien parce qu’il ne s’en va pas très loin et qu’il a si peu de stock qu’on pourrait le charger sur une mule (mais on n’a pas pensé à chercher une mule). J’espère qu’il aimera ses nouveaux colocs, sinon je vais le faire livrer d’urgence à Mourial.

Mon tour. On fourre le truck avec mes cochonneries. Oli fait du Tetris. Il est bon! Moi je lui donnerais un gros score. Le truck est tellement loadé qu’on pourra pas ouvrir la porte sur le côté au risque de provoquer une explosion de cossins mal triés. Dernière étape : attacher mon matelas sur le top du truck. « Vous êtes SÛRS que ça va tenir? » « Oué… Oui oui, check, c’est solide. » Hum. Je suis pas complètement rassurée, mais je suis complètement tannée et je veux partir. J’appelle mon concierge pour savoir comment obtenir les clés de mon nouvel appart. « Ah non. Je peux pas te laisser déménager si tard, ça va déranger les autres locataires. Tu m’avais dit que t’arriverais vers 7h! » Oui, c’est ce que j’avais prévu. Mais la vie contient souvent une dose imprévisible d’imprévus, tsé. Je peux pas reculer, là, yé trop tard! Si je vide le truck, je pleure, et je perds ma chance d’avoir de l’aide dans les prochains jours. Je négocie, et on s’entend que Mathieu va aller chercher les clés tout de suite, et que je vais déménager silencieusement. Ouf. J'ai eu peur.

Gaétan Tanguay est à mes pieds. J'essaie de pas faire un dégât de terre dans le beau truck pas à Oli. Po est tranquille. On a près de trois heures devant nous pour jaser, se reposer, manger. Fuck. La seule nourriture à ma portée c’est une boîte de biscuits soda trop salés. Je me force à en manger parce que je sens que j’ai vraiment besoin de calories si je veux pas mourir avant d’arriver en ville mais ça me tombe vite sur le coeur, c’est comme boire un grand verre d’eau de mer mais sans l’eau. Et si je mange pas, la faim me donne la nausée. Quel dilemme plate (et inintéressant, c’est vrai). La grosse misère, han. Mais je peux pas juste me plaindre, tsé, j’ai tellement eu de chance dans tout ça. Parce que ma richesse, c’est mes amis. Et ils n’existent pas seulement pour faire la fête car je vais avoir de l’aide pour décharger le truck. Ouf. Je texte Luc Chicoine pour lui dire qu’on part.

LUC CHICOINE!* à 19:24
Ok good! Vous passez me chercher? Haha

Moi à 19:25
Haha. J’aimerais trop ca! Le char est si plein que j’ai pas tout amené. 0_0
Ford Flex tout plein, ca te donne une idée?

LUC CHICOINE! à 19:25
Oups! Lol

Moi à 19:27
Ohlala, faut qu’on dompe mon matelas, ca tiendra pas.

LUC CHICOINE! à 19:28
Oh shit!

Moi à 19:30
Je veux pas causer un accident!

LUC CHICOINE! à 19:30
Non, pas pour un matelas

Moi à 19:31
On cherche une place ou le domper…

LUC CHICOINE! à 19:31
Wow lol un autre beau billet de blog

Moi à 19:35
Hehe, merci de voir du bon cote.
Au moins, Po crie pas.

On balance mon matelas dans un conteneur à déchets chez Home Dépôt. Il n’était pas neuf, mais quand même, je viens de perdre mon lit. Pour le moment, je m’en câlisse. Ma principale préoccupation, c’est de rester vivante. Je suis déjà épuisée et je sais que ça va être long avant que je puisse dormir sur mon plancher. Là, j’ai très faim, là. Ostie de biscuits soda dégueulasses.

On arrive! Mathieu, Choukri et Luc Chicoine nous donnent un précieux coup de main. Tout le monde a bien compris qu’il faut procéder le plus discrètement possible, je voudrais pas arriver ici en guerre avec mes voisins. Ça roule bien. Jusqu'à temps que j’entende parler fort au rez-de-chaussée. On dirait presque une engueulade, ça résonne dans les couloirs. Je descends pour voir ce qui se passe. Choukri et Luc Chicoine tiennent mon plus gros morceau, Vagine à laver, ma mini-laveuse à roulettes, tandis qu’un voisin, celui qui parle fort, veut vraiment beaucoup nous faire comprendre qu’il est interdit d’avoir une laveuse dans le bloc. Bon. Je me dis que je vais rester calme, parce que je tiens à avoir une bonne relation avec mes voisins, et j’ai toujours eu de bonnes relations avec mes voisins, alors ça devrait bien aller. Le concierge est au courant, tout est bin correke. Oui, je sais qu’il n’y a pas d’entrée pour les laveuses, mais Vagine se plogue direct sur le robinet. Oui, monsieur, je vais lire les petits caractères sur mon bail, vous avez raison, il y a peut-être eu un malentendu. Et je vais en reparler au concierge, même s’il m’avait dit que c’est bin correke d’avoir une laveuse, et si ça pose problème, je vais m’en départir, simplement, je veux pas causer de problème à personne. Mais pour l’instant, je vais juste la monter chez moi. Oui, enchantée, monsieur. Moi c’est Sophy. OK, je vais me méfier du voisin « calleux de 911 ». On a droit à un paragraphe complet en majuscules sans ponctuation toute la patente. Là, Mathieu intervient. Mathieu, cet être tout en douceur, bourré de tact, inoffensif comme un bébé chaton, aussi menaçant qu’un bébé fourmilier. « Faudrait pas parler trop fort, pour pas déranger les voisins… » C’EST PAS À TOÉ QUE JE PARLE T’ES PAS SUL BAIL C’EST À ELLE QUE JE PARLE. Sans le regarder. Oh. Ish. Mathieu ne répond pas. Une chance qu’il est capable de mettre son orgueil de côté. Une chance que tout le monde garde son calme. Je suis si heureuse, à ce moment-là, que mes amis ne soient pas agressifs et violents.
Le monsieur s'en va. On poursuit.

Choukri : Bienvenue à Montréal!
Luc Chicoine : As-tu un bail mensuel?
Moi : Non, annuel…

Au total, ça nous aura pris environ une demi-heure. Pendant que je remercie mes anges gardiens sur le trottoir, mon voisin revient. Il s’excuse d’avoir été un peu impoli. Il me parle des règlements de l’immeuble. Poignée de mains, salutations. Je peux pas en vouloir à quelqu’un qui reconnait sa faute et qui présente des excuses, alors ça va, tout est correct.

J’ai quand même un drôle de feeling, mais pas « haha-drôle », comme dirait Ralph Wiggum. Hum, est-ce un bon départ, ça?

lundi 18 juillet 2011

MONIQUE POULIOT, JE T'ABANDONNE.

Eh oui. J’ai laissé Monique Pouliot à Québec-Ville. Et j’ai eu le front d’apporter avec moi Gaétan Tanguay même si le truck était trop plein. Et j’ai aussi eu le front d’adopter d’autres plantes pour verdir mon nouveau bunker. Enfin, c’est pas vraiment un bunker. Pas pantoute, même. Parce que j’ai non seulement laissé Monique Pouliot derrière moi, mais j’ai aussi dompé là toute la quiétude de mon bunker qui me donnait l’impression que le monde extérieur n’existait pas. Mon nouveau chez-moi n’a rien à voir avec un bunker, c’est un nid d’oiseau chambranlant au top d’un arbre en pleine ville, là où ça bouge, ça crie, ça vie, ça respire 24h/24. Ah, mais je m’en plains pas! C’est ça que je voulais, je suis maintenant dedans et j’adore mon quartier. Je me suis vite habituée aux bruits, et Po commence tranquillement à s’y faire. Par contre, un de mes nombreux voisins ne semble pas s’accommoder aux bruits que je peux faire en existant. Pourtant, j’existe à peine. Et je fais mon gros possible, le plusse moins mal possible.
J’espère que je pourrai bientôt me sentir chez moi.

Mais là, mais là! J’avions pas d’internets pendant TROIS semaines, kessé qui s’est passé pendant que je disais rien ici? Peu de grandes choses. Mais je vais quand même en parler, tsé, parce que moi je suis la future ptite vieille qui va raconter sa vie plate à la caissière du Provigros pendant le rush du souper. Oui oui.

Donc, à venir bientôt sur L o r a z e p a m : des vidéos de Po qui mange du foin, des photos laittes de cellulaire, pis encore des histoires niaiseuses. Yé! Ça va être amusant! \o\ \o/ /o/