mercredi 8 août 2012

Le retour de Po


Une chance que Mathieu était là. En plus de me soutenir, il endurait mes râles contre la chaleur et contre mes tites jambes faibles. On avait une bonne demi-heure de marche à faire et vers la fin je commençais à trouver ça pénible en Jésus-Crisme. Par bonheur, l’hôpital vétérinaire était climatisé.

Revoir Po. Enfin! Hiiiiii! J’ai commencé à lui parler à travers sa cage, puis elle a commencé à miauler. Une tite voix fatiguée mais assez puissante pour qu’on sente sa peur. Des miaulements pour faire pleurer mon coeur. Mathieu m’a raccompagnée jusqu’à un taxi, et l’estie de chauffeur fou nous a ramenées jusque chez nous. Je me préparais mentalement à un accident tellement il conduisait vite et mal. C’était fucking épeurant. Déjà que je tentais de rassurer Po, de me rassurer moi-même, de lutter contre la chaleur et contre la panique, je me serais bien passé de rouler avec un débile. 3782, j’embarque pus dans ton char. Merci bye. Durant le trajet pas mal mouvementé, j’essayais de flatter la tête de Po en glissant mes doigts à travers la porte de sa cage de transport. Elle était beaucoup trop agitée pour penser à se faire flatter, elle pouvait juste miauler et me faire des zoeils tristes. J’ai remarqué une trace de sang sur ma main. Hum. Gore. Ça, c’est parce que la vétérinaire a prélevé du jus de kyste pour en connaître la nature. Ça lui pousse au milieu du front depuis des mois et c’est un peu inquiétant. Enfin, on arrive à destination. Ouf. Fiou. Crisse.

Les vraies retrouvailles, là. Je peux la flatter, je peux voir qu’elle est correcte, qu’elle n’a pas perdu sa drive de Po. Elle explore son territoire, la queue en l’air, passe me voir pour une caresse, se frotte la face sur moi, sur d’autres affaires qui dépassent. Elle bouge, elle est vivante. Elle a survécu.

Je vois bien qu’elle est fatiguée, elle s’est étendue trois fois par terre, de tout son long, comme une flaque de chat. Mais elle voulait pas dormir : elle avait des choses à vérifier.

Po ne quitte jamais la maison, alors que moi, en temps normal, ça m'arrive régulièrement. Elle a dû s’inquiéter que personne ne soit là pour tchéquer si tout était correct. Elle est allée sentir des spots particuliers — j’ai reconnu des endroits où elle avait fait des peupis douloureux — dont un qui devait être spécialement intéressant parce qu’elle a fait une bouche. Une guerosse bouche. L’organe de Jackobson qui spinne au maximum.

À quatre reprises elle a vigoureusement fait ses griffes sur Zviane — son poteau à griffer s’appelle Zviane parce c’est Zviane qui me l’a donné, c’est juste ça, juste pour ça, parce que l’explication derrière un choix de nom  n’a pas besoin d’être intelligente, han. Elle avait l’air d’avoir du fonne à faire ça, comme si ça lui avait manqué.

Elle est allée vérifier à la fenêtre. Minutieusement. Elle doit trouver que je fais pas ça assez souvent, faque elle se sent pas mal responsable.

Elle a re-vérifié des spots odorant du Manoir. Ça semblait important.

Aujourd’hui, on se repose. Demain, j’essaierai de trouver comment vais-je rembourser les frais de vet. Po dort profondément. Enfin. Du gros sommeil de grosse fatigue. Son petit corps est agité de micro-
spasmes. Parce que même ses rêves sont gros.


Ah oui : le premier broulx du retour au foyer, c’était beau à pleurer.

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