mercredi 22 avril 2020

Mon coach de dépression

La semaine passée, Boubeur pis moi on était fru, on chialait, pis il nous a vite ramenés à l’ordre : c’est correct de ventiler, mais faut pas trop entretenir ça, et c’est important de se rappeler qu’on a et qu’on vit de bonnes choses aussi. Malgré tout. J’ai dit merci. 

— T’es mon coach de dépression.
— Ben c’est pas faux.
— Euh attends. Dis de même, c’est comme si tu m’enseignais à faire une bonne dépression. lol
— lol
— Aon <3 a="" belle="" d="" ma="" p="" plus="" pression.="" tre="" va="">
— lol non on va pas te laisser tomber en dépression.
— Oui parce que celle-là je vais la guérir pour vrai. Pas comme en 2011 ou 2012 quand mon médecin m’avait dit « Just do it ». Best cure ever, han.

Boubeur a beaucoup d’expérience en dépression, mais autant en traitement de la dépression. Je sais que ça remplace pas un traitement médical donné par des professionnel·les de la santé, mais hey je peux-tu te dire que c’est pas mon médecin que je vais appeler right now? Pour l’instant, je préfère de loin le soutien de mes ami·es, et je prends soin de moi comme si j’étais quelqu’un d’important. 

Mon coach m’a recommandé de faire une liste de choses à faire pour la journée, mais juste des choses qui me font du bien, pas des affaires comme appeler à ma clinique médicale pour demander à ce que mon médecin envoie une nouvelle requête parce qu’il s’est trompé de spécialiste ET de maladie (wtf?) ou encore faire mes impôts. 

Quand je lui ai montré ma première liste, j’y avais ajouté « pas fourrer », mais il m’a déconseillé le sarcasme. Alors je l’ai effacé et je me suis concentrée uniquement sur des choses positives; j’ai même écrit « me trouver une qualité ». En temps normal, c’est assez facile. Je connais mes défauts, je connais aussi mes qualités. Là, c’était weird et pas si facile. Je me suis forcée pour en trouver une avant de me coucher, pis je l’ai oubliée. Eh boy. Gros mood.

J’ai donc fait ça durant quelques jours, prévoir que des choses easy/qui me font du bien et noter celles que je fais spontanément. Je notais même les choses de base que je fais machinalement comme « brosser mes dents, me laver, manger », comme ça à la fin de la journée j’avais moins l’impression que j’avais rien fait ou que ma journée entière était que de la marde. Ma première journée, c’était le 14 avril, la fête de Vickie. Je lui ai fait une carte niaiseuse :



Après quelques jours, j’ai ajouté des tâches. Parce que si je fais de l’évitement, ça va se retourner contre moi. Mon coach m’a bien mise en garde. Je l’écoute. J’ai fait des factures, j’avance un peu dans mes impôts (arque), je réponds à des emails, je cherche un appart (ARQUE), etc. Quand ça commence à trop me faire chier, j’arrête et je passe à autre chose. 

Je me dis que je vais finir par sortir de ma phase Dumont (personne m’aime) et de ma phase Dunn (chu tannée de toute, pu capable, etc.). J’apprends à vivre avec l’inconfort (merci Alexandre), je l’accueille mais je lui laisse pas toute la place.

Cette nuit, un peu avant de finir par m’endormir, j’étais coincée entre Frédéric-Démon et Whitney pendant que je regardais The Office. J’ai pesé su pause et je me suis assise pour les flatter et leur dire à quel point je les trouve parfaits. Et j’ai texté Boubeur, qui dormait : 


mardi 14 avril 2020

Le vent et les grandes profondeurs

Je suis allée marcher même si Doune pis Boubeur m’ont dit que c’était dangereux d’être dehors sous des vents de 50 km/h, que je pourrais me faire tuer par des grosses branches ou d’autres objets portés par le vent. Je suis sortie pareil, parce que je trouve que ce qui est plus dangereux que des objets volants, c’est ma santé mentale dans ma chambre. D’habitude j’aime ça être dans ma chambre, mais là ça fait un mois que je suis enfermée et isolée, pis j’avais besoin d’aller promener ma colère. Crisse estie, si je peux pas avoir de chaleur humaine, je peux-tu au moins me faire fourrer par du gros vent BDSM?

Première constatation : le vent est pire que prévu. Ma casquette Frédéric Dumont a crissé le camp assez vite, j’ai dû la tenir dans ma main pour le reste de la ride. 

J’ai vu ça par terre sur Saint-Laurent :


On dirait un petit blob qui crie à l’aide. J’ai eu de l’empathie pour le blob. Ça va pas bien, han, monsieur ou madame blob?

Finalement, mes amis avaient raison. J’aurais pu me faire traverser le crâne par une branche volante ou manger un bac de compost en pleine face. Ça aurait été bin mérité. Bravo à la madame qui est allée marche dehors, wow, quelle épaisse. RIP madame l’épaisse. Au moins elle aura aspiré toutes les particules de coronavirus du Plateau Mont-Royal.

Oh, les choses positives!

J’ai mangé beaucoup de chips.

Écouter Bob Ross me fait du bien. J’ai revu PEAPOD! *o* Si tu sais pas c’est qui Peapod, connais-tu réellement Bob Ross? J’ai des doutes.

L’autre jour, Amélie m’a fait découvrir Deep Sea. J’ai pas mal tripé à plonger jusqu’au fond du fond des océans. TW : attention, c’est épeurant! En tout cas, moi ça me fait un peu peur les profondeurs marines. Mais J’AIME ÇA. Beaucoup. J’ai appris plein d’affaires, pis j’étais super excitée : Voyons le manchot empereur qui plonge jusqu’à 530 m. ÇA VA LE MANCHOT? Giant oarfish : régalec, ou ROI DES HARENGS. Wiki : « Son surnom de "roi des harengs" vient du fait que les pêcheurs l’observaient à proximité des bancs de harengs dont il se nourrit, et de ses rayons antérieurs de sa nageoire dorsale rappelant une couronne. » Taaaaaabarnaque. Très king. Bravo. L’ÉLÉPHANT DE MER!? 2393 m de profondeur? Han, scaly-foot snail?! WTF je connaissais pas ça, voir que ça existe pis personne m’en parle JAMAIS. La baleine de Cuvier descend jusqu’à 3000 m de profondeur? Okay c’est encore pire, ou mieux, que le manchot empereur, et c’est le plus creux où peut se rendre un mammifère. Pour donner une idée, le RECORD d’un humain, en plongée en scaphandre, c’est 332 m. PAS TRÈS HOT. Oh, j’étais contente de retrouver l’hoplostète rouge (+1100 m), un poisson qui peut vivre jusqu’à 200 ans environ. J’avais déjà parlé de lui dans un exposé oral au cégep, c’était un peu devenu mon poisson pref. Ouf, je pense que tous les poissons sont mes poissons préférés. Et je veux connaitre toutes les créatures qui vivent dans la zone hadale avec Satan. 

Si je peux retrouver un peu de concentration, je pense que je vais passer les prochains jours dans les abysses. 

Le créateur de Deep Sea a fait plein d’autres belles affaires le fonne, comme Draw Your Island. Ça, c’est mon ile, avec Whitney et Frédéric-Démon.








dimanche 12 avril 2020

Un centre d’achats vide ou Bob Ross

J’ai rêvé qu’avec du monde on allait dans un immense centre d’achats encore plus grand que Place Laurier, et une fois sur place je me trouvais conne d’aller là juste pour acheter des esties de gogosses inutiles et le centre était pratiquement vide, comme si tout le monde sauf nous avaient compris que c’était pas une bonne idée d’être là. Voir un centre d’achats vide est une image apaisante. Je trouve que c’est une image qui donne de l’espoir.

Quand Vickie a eu son diagnostic en 2012, Thieuse et moi on avait beaucoup de mal à dormir. Je me souviens qu’après le choc de la nouvelle, j’avais laissé jouer de vieux épisodes des Simpson toute la nuit, et on a gardé l’habitude de s’endormir en écoutant une série feel good. Ça m’aidait à moins penser à ce qui me terrifiait, et j’avais écouté ces épisodes-là assez souvent pour que ça ne capte pas toute mon attention au point de m’empêcher de m’endormir. Ça ajoutait une certaine présence rassurante aussi, je pense. Après Les Simpson, j’ai écouté tous les Kaamelott (oui, même la dernière saison plate), mais la série de Thieuse, c’était Seinfeld. Il avait transféré la piste audio de la série sur son cell et il laissait jouer ça en dormant. Durant plusieurs mois, chaque fois que je dormais avec Mathieu, j’entendais des rires en canne en provenance de son oreiller. 

Si aujourd’hui je ne me sens plus aussi terrifiée par la mort qu’en 2012, je suis quand même sur une estie de déprime en ce moment, pas mal de choses me préoccupent et l’anxiété m’étrangle et même me donne mal aux dents. J’ai de la misère à lire parce que ma concentration est pourrie, alors j’écoute des niaiseries sur Netflix. Ces jours-ci, c’est Tiger King, mais cette série-là me fâche beaucoup, alors je peux pas écouter ça juste avant de dormir. Ça fait que j’ai décidé que ma nouvelle série de dodo ce serait The Office. Sauf que je me rends compte que c’est peut-être pas la meilleure idée. J’ai vu la série juste une fois, et comme j’ai une mémoire de marde, bin j’ai oublié la grande majorité des jokes et des punchs, alors j’ai presque l’impression d’écouter une nouvelle série, mais avec des personnages qui me sont familiers. Peut-être que je vais revenir aux Simpsons.


Hier soir, j’ai mis des Bob Ross. Je me suis rappelé qu’il compte parmi les personnes les plus apaisantes au monde et qu’il m’a souvent aidée à me sentir mieux — ou moins mal. Bob Ross est beaucoup plus apaisant qu’un centre d’achats vide, Bob Ross est l’incarnation même de l’adjectif apaisant. Je pense que j’ai même pas pu finir son troisième masterpiece et je me suis endormie, vers 7 h, pour ensuite me réveiller à 14 h. Ça faisait longtemps que j’avais pas dormi plusieurs heures d’affilée, et j’imagine que ça a contribué à ce que mon mood soit un peu moins de la marde aujourd’hui. Je compte recommencer ce soir, et peut-être que je vais encore pleurer s’il nous montre ses bébés écureuils orphelins qu’il nourrit au biberon avant de les libérer, mais c’est pas grave parce que moi tout ce que je demande c’est une vraie nuit de sommeil et un revenu de base universel pour tout le monde. Bonne nuit. 

En marchant ce soir, j’ai vu ça dans la vitrine d’une boutique de poffe.

samedi 11 avril 2020

La playlist pour Boubeur

Durant ma très courte nuit dernière, j’ai rêvé que je traversais un chantier de construction et que je vargeais sur plein d’affaires en disant « Hey! Tu reconnais-tu c’te toune-là d’Einstürzende Neubauten? » Je faisais des p’tites blagues dans mon rêve, mais pour vrai, je suis triste de rater le show qui était prévu en octobre au Rialto. C’est loin octobre, mais je pense pas qu’on pourra faire de gros rassemblements à ce moment-là. Ça fait beaucoup de petites choses auxquelles dire adieu. 

La journée était globalement assez pourrie, mais Boubeur m’a donné une mission en début de soirée, et je me suis lancée. Il m’a demandé de lui faire une playlist post-punk. J’ai élargi ça à un paquet de genres apparentés et darques et parfois un peu pop. C’est darque comme si je jouais du cimetière dans un band, mais juste avant la tombée du jour. La playlist s’appelle Oui je t’aime Frédéric Dumont et tu peux l’écouter si ça te tente de déprimer avec style. Elle est pas complète encore.



Je sais pas ce que je ferais sans mon Boubeur

vendredi 10 avril 2020

Petite dépression deviendra grande

Pour te donner une idée du niveau de ma mauvaise humeur : même mon chat m’énarve un peu, pis mes chats, je les aime même quand sont super tannants. Pas mal tout me fait chier, j’ai peur de perdre le peu que j’ai dans la vie, je dors mal, la bouffe me tente pas, ça me prend deux heures me lever et je le fais surtout pour nourrir mes chats et parce que j’ai mal au dos. Petite dépression deviendra grande, hi hi.

Sinon, j’ai rêvé que je faisais connaissance avec une petite moufette très poffée, et quand je lui ai demandé son nom, elle m’a dit qu’elle s’appelait Broulx, et je pense que c’est le rêve le plus heureux que j’ai fait depuis longtemps. Avoir une amie Moufette qui s’appelle Broulx est possiblement le souhait le plus réaliste que j’ai en ce moment.

jeudi 9 avril 2020

Toujours fâchée

Bon. Moi je pensais que Tiger King c’était une série fictive. What? C’est pas des personnages? Là, j’haïs tout le monde pis je vais me coucher aussi fâchée que quand je me suis réveillée. Au moins, entre le début pis la fin de ma journée j’ai eu des bons moments. 

Ça a commencé par Sam qui m’appelle. La veille, il était passé me voir pour m’apporter du stock de pharmacie. Cet estie-là a fait deux pharmacies pour me ramener des choses, dont des timbres (DES TIMBRES!!!) pis deux tubes de pâte à dents. J’étais vraiment rendue au bout de mon tube pis l’épicerie n’en avait plus lors de ma dernière commande, alors juste ça, c’était assez pour faire ma journée. Et comme Sam avait aussi acheté des lapins de chocolat pour ses collègues, il m’a dit « en veux-tu un? », et j’ai eu un lapin de Pâques même si Pâques est annulé cette année. En plus, il est enrobé d’or pis il porte une clochette. Aon?

OMG pendant qu’on jasait à genre huit mètres de distance, y’a un grand labrador blond qui est passé dans ma ruelle, et il nous a regardé·s en SOURIANT. C’était le sourire le plus enthousiaste et amical que j’avais pas vu depuis des semaines. Je m’excuse pour la référence trop évidente, là, mais ce chien-là c’était à 100 % Mister Peanutbutter pis il voulait gros venir chiller avec nous et devenir notre ami. Mais eh, distanciation sociale. On l’a beaucoup admiré, on a ri, et son humain a tenu fort la laisse pour l’inciter à continuer leur promenade.

Mais pour en revenir à ce matin, Sam m’a appelée, ce qui est bizarre parce que d’habitude c’est juste mes parents ou des sondeurs qui appellent, fait que j’ai répondu pis il m’a juste dit « ouvre ta porte ». J’étais encore en train de mâcher ma vitamine B12 quand j’ai obtempéré. Devant ma porte, par terre, un ti sac. Au fond de la ruelle, Sam sur son bécique. « Je suis repassé à la pharmacie, pis cette fois j’ai trouvé des gants à vaisselle pis des tampons d’alcool à friction. » HAN. Des denrées rares! Merci full! Je lui ai dit en joke que j’allais enfin pouvoir sucer des tampons d’alcool mais, non, faites jamais ça, c’est de l’alcool isopropylique. Ouin, j’ai un collègue qui a déjà dit en blague que si on manquait de tampons alcoolisés pour nettoyer nos casques d’écoute c’était parce que je les avais tous sucés. Hé hé hé.

Puisque j’ai partagé ma joie d’avoir enfin des timbres, Thieuse m’a demandé si je pouvais lui en vendre. Bin oui, j’en ai 30, je peux bien en partager. Ça fait qu’aujourd’hui, je suis allée faire ma marche et j’ai rejoint Thieuse et Géraldine sur Saint-Laurent. J’ai donné les timbres à Thieuse, pis après j’ai sorti du Purell parce que les timbres sont potentiellement contaminés pour quelques jours. Hey, j’ai du PURELL. J’avais trouvé ça la veille en cherchant des tampons d’alcool, je me suis sentie riche en ossetie. 

Comme on avait tous les trois prévu marcher un peu, on a décidé de le faire ensemble. La règle c’est de rester à deux mètres de distance, mais moi je vise toujours quatre mètres (quand je croise quelqu’un, je débarque du trottoir pour me tasser en masse). Alors je vous assure que c’était une marche sécuritaire, même la police a rien dit quand on est passé·es devant. J’avais l’immense chance de ne pas marcher seule, ça fait que j’ai suggéré de prendre des rues plus isolées que je prends jamais, et ils ont proposé de marcher un peu dans le Mile-End, puis on a suivi la track jusqu’à Papineau. La marche m’a fait du bien, c’était cool et un peu incroyable de parler en personne avec des ami·es. Si vous êtes pas déjà abonné·es au compte Instagram de Doctorak, je vous suggère de le faire. Son feuilleton de bateau de croisière c’est une des plus belles choses qui se passent en ce moment.

Après je suis rentrée pis je me suis fait des pâtes à l’huile. C’était correct bon. Autre affaire positive : j’ai enfin terminé un premier masque. C’est pas au point, parce qu’il est trop grand, mais au moins je l’ai fait. 


Bon, maintenant je vais aller me coucher FÂCHÉE. Je suis Pit Boilard, toujours fâchée.

mardi 7 avril 2020

Boubeur mon maitre spirituel

Hier aussi j’ai limité mes interactions sociales, mais j’ai parlé avec Boubeur. Je lui ai dit que j’avais enfin retrouvé ma carte de crédit, après l’avoir cherchée pendant des jours en me demandant si je devais pas l’annuler et en commander une autre tout en sachant qu’elle est quelque part dans ma maison et que si je l’annule, je pourrai rien acheter en ligne pendant plusieurs jours (semaines?). Crisse de timing han. Par contre, j’avais toujours pas retrouvé mon CD d’installation des Sims. Il m’a proposé de m’acheter le jeu sur Steam, que ce serait 26 piasses bien investies sur ma santé mentale. 

— Voyons, je vais pas payer si je l’ai. Encore moins te le faire payer.
— Tu le trouves pas.
— Patrick m’a dit de le chercher sur les torrents.
— Bonne manière de pogner des virus. He he.
— Merci Boubeur, mais je vais le chercher. Tsé, c’est peut-être comme pour ma carte de crédit. Il a glissé derrière un meuble.
— K. Souffre d’abord.
— :(
— J’aurais aimé ça te donner un cadeau pis que tu l’acceptes pis que t’aies du fun pis que tu penses pu à rien.
— Je pense que j’ai de la misère à accepter les cadeaux.
— Ouin je vois ça.
— Sauf du monde riches.
— …
— Okay mais je vais-tu pouvoir te poster de quoi dans ce cas? T’auras juste à mettre le paquet en punition dans une pièce pendant trois jours.
— NON C’EST UN CADEAU CÂLISSE.
— Non mais je voulais déjà t’envoyer des affaires quand j’aurai des timbres.
— Un cadeau veut rien en retour. Il veut juste vivre sa vie de cadeau.
— Aw.
— En fait il haït ça recevoir de quoi en échange. Sinon c’est pas un cadeau, c’est du troc.
— Okay bin quand je vais faire mon podcast sur Frédéric Dumont, j’espère que tu vas pas penser que c’est un cadeau pour te remercier de ton cadeau?

Ouais, je vais faire ça à manné, un podcast qui parle uniquement de Frédéric Dumont, mais c’est un autre sujet. Avez-vous vu comment mon Boubeur est en train de devenir mon maitre de croissance personnelle? Il m’apprend plein d’affaires sur moi et sur la vie, comme là, juste apprendre à accepter des cadeaux. Il m’a aussi dit d’installer l’app de méditation Petit Bambou. Je pensais que c’était mon nouveau surnom, parce qu’il a dit « tu devrais te loader petit bambou » et je comprenais pas ce que c’était censé vouloir dire de me loader. En tout cas, j’ai accepté le cadeau de Boubeur, pis je me suis (enfin) créé un compte sur Steam. 

— Je veux juste que ma truie se repose et ait du plaisir. Parce que ma truie est toujours là pour les autres.
— Bin, non, justement. Je suis pu toujours là pour les autres. J’ai même pas répondu à mes clients aujourd’hui. La truie est pas là.
— Mais la truie a le droit elle aussi qu’on soit là pour elle.
— Aon, Boubeur j’va brailler.


Pis c’est là que je me suis rendu compte que y’a aucun jeu des Sims qui est compatible avec Mac sur Steam. J’ai remercié Boubeur et j’ai décidé d’épiler mes jambes et de penser à autre chose. 

Une chose que j’aime ces jours-ci, c’est redécouvrir la musique que j’écoutais de 2008 à 2011 en fouillant sur mon vieux PowerMac que j’utilisais quand j’habitais dans mon demi-sous-sol-bunker à Québec. J’ai commencé à faire une playlist sur Spotify avec cette musique-là. Une amie me disait l’autre jour que ces temps-ci, le moment le plus difficile de sa journée c’est juste après son réveil, à l’instant précis où elle prend conscience de la crise dans laquelle on se trouve. Qu’on n’est plus en temps normal. Pendant que j’étais occupée à chercher et à écouter des tounes pour bâtir ma playlist, j’étais tellement absorbée par ma mission niaiseuse que durant deux heures sans interruption je pensais à rien d’autre que ça, j’en suis même venu à oublier la pandémie, le confinement, la peur et la solitude. J’avais fucking besoin de ça. J’ai peut-être pas pu jouer aux Sims ce soir-là, mais créer une playlist qu’à peu près personne va écouter sauf moi m’aura permis d’avoir un petit break mental et de ressentir du fonne. Sans aucune culpabilité, promis juré.

Okay, quand je suis tombée sur I’m So Lonely I Could Cry des Raveonettes, j’ai pensé : ah oui, la solitude qui fait pleurer, hi hi. Ouin, la toune n’est pas sur Spotify, alors elle sera pas sur ma playlist. :(


Mais je suis pas seule. Je suis en tout temps avec mes chats et mon acouphène. Dans un mois, mes chats auront six ans et mon acouphène aura un an et demi et je vais faire un party dans ma chambre avec mes chats et pas mon acouphène parce que je l’entends pas quand la musique joue.


lundi 6 avril 2020

Un gothique cloitrée

Hier soir je parlais avec Boubeur, j’étais super déprimée pis je lui disais que j’avais même pu envie de lire mes messages pis que je me demandais si ça me ferait pas du bien de pu parler à personne pendant quelques jours. Il m’a dit qu’il faisait ça parfois, ou qu’il diminuait le nombre de personnes avec qui il échange. 
Il m’a aussi dit que dans le temps qu’il était alcoolique, il faisait comme Bukowski : il pouvait virer une brosse de trois jours à juste dormir pis boire. J’ai dit ouin ce serait un peu cave que je devienne alcoolique à 36 ans, en pleine pandémie. Bravo la gougoune, un autre enjeu. Il a ri. Je sais que c’est pas ça qu’il voulait dire, mais je voulais juste le faire rire. Chu fucking drôle, même en pleine pandémie.
Ça m’a donné envie de prendre un break de réseaux sociaux au moins pour un jour. Ça a l’air de rien, mais moi je passe mes journées entre Facebook, Instagram, Messenger, Discord pis parfois même Twitter. Je lâche jamais Messenger, je suis constamment en contact avec mes ami·es, pis ça c’est juste en temps normal, fait qu’imagine en temps de confinement où j’ai zéro contact humain IRL. Alors j’ai dit okay Boubeur, j’ouvre pu les RS, je réponds même pas au téléphone — j’ai jamais envie de répondre au téléphone en temps normal —, je vais juste peut-être te parler à toi pis à Claudine. 
Claudine m’a justement écrit à 4 h du matin pis on s’est texté pendant 1 h 30. C’est pas pantoute son horaire habituel, mais hey, y’a rien d’habituel en ce moment. Ça m’a fait du bien de lui parler. On s’ennuie l’une de l’autre. En temps normal, Claudine fait les câlins les plus puissants. Je pense qu’elle va me broyer les os quand on pourra enfin se faire un câlin. J’espère qu’on pourra au moins faire des marches ensemble prochainement, à quatre mètres de distance et en portant un masque. Je lui ai envoyé une photo de mes deux chats couchés sur moi en même temps (c’est devenu rare). Claudine s’ennuie aussi de mes chats. 
Quand je me suis levée aujourd’hui, j’ai mangé pis j’ai lu ce texte. Je sais qu’il y a beaucoup de textes intéressants ou pertinents à lire en ce moment, et bien sûr j’arrive pas à tout suivre parce que ma concentration est très déficiente, mais celui-ci est assez court, bien écrit, et je crois qu’il mérite d’être lu et partagé. Parce que non, rien de tout ça n’est normal, et il faut que j’arrête de m’en vouloir de ne pas agir ou réagir normalement right now. Je passe une fin de semaine de marde, je vis des émotions pas le fonne, et dans ma vie je me suis très souvent sentie coupable de vivre des émotions que j’étais pas en droit de ressentir (ayoye, j’ai des enjeux). Là, j’arrête de me mettre de la pression pour travailler, pour achever des projets commencés et jamais finis, pour apprendre de nouvelles choses, pour réparer les vêtements à réparer qui s’empilent à côté de ma machine à coudre, pour cuisiner comme une pauvre mais une pauvre astucieuse, et j’essaie également de pas me mettre de la pression pour être 100 % du temps disponible pour mes ami·es. C’est dur parce que j’arrête pas de me répéter que ce qui va nous sauver, c’est pas le survivalisme mais le sens de la communauté. J’y crois toujours. Mais j’essaie de me donner le droit de m’enfermer dans mon appartement-cercueil, des fois, et de rester silencieuse, à juste m’occuper de moi, à gérer mes petites émotions normales. Une gothique cloitrée. 
Keep busy when you must, but also don’t be afraid to sit with how you’re feeling and accept it. Accept it unconditionally. Accept your anger and sadness, accept your delirium, allow yourself the time to drift and to fail. Also accept any joy you feel, and do so without guilt.
Je me sens coupable de pas avoir écrit à Rita aujourd’hui; je me sens coupable de pas avoir prévenu mes ami·es que j’avais besoin de prendre mes distances juste un peu; j’accueille mon sentiment de culpabilité. J’accueille aussi ma tristesse et mon sentiment de deuil. Je pleure pas souvent en regardant des films, mais hier j’ai fini la saison 6 de BoJack Horseman, j’ai pleuré comme une estie. Quelle belle et bonne série. Je vais rien rajouter pour pas divulgâcher.
J’arrive encore à faire mes exercices chaque jour. Peu importe mon état physique ou mental, faut que je demeure douchebag. Peu importe l’état du monde, je vais y faire face avec mes MUSCLES. Marcher me calme les nerfs. Il y a beaucoup de polices. Marcher me rend fâchée et agressive, aussi. J’accueille ma colère. J’accueille mon agressivité. J’accueille tellement d’affaires, là, ouf. Chu Louise Deschâtelets dans Chambres en ville. Venez-vous-en, y’a de la place. Pis même quand y’a pu de place, j’accueille encore. 
La nuit dernière, j’ai fait mon premier rêve de pandémie, je pense. J’étais fâchée de voir des gens s’agglutiner, je les ai chicanés et je leur ai dit de se disperser. Ils étaient offusqués. Ça y est, chu fru même dans mes rêves.
Demain je vais essayer de trouver mon CD d’installation de Sims 1 pour jouer sur mon vieil ordi. Ou trouver le moyen de jouer en ligne sur mon Mac. Je veux faire des choses simples qui me font du bien et que je peux abandonner quand ça me tente. J’accueille ma paresse.

Peut-être que c’est juste un sevrage et qu’après pu personne va s’ennuyer de personne

[Originalement publié le 5 avril 2020 sur mon Patreon.]

Mon highlight de la journée : Whitney qui se tortille et roucoule sous moi pendant que je fais la planche. J’avais pu le choix de tenir jusqu’à ce qu’elle décide de se tasser. Mon tapis d’exercice c’est sa nouvelle place préférée, dès que je le déplie elle se garroche dessur. Whitney c’est vraiment une bonne personne pis je suis contente de passer tout mon temps avec elle. 
J’ai pas d’opinion sur les arcs-en-ciel et #ÇaVaBienAller. Je comprends que ça aide des gens à garder espoir, que ça peut faire plaisir aux enfants, et je comprends aussi que ça peut en irriter d’autres. Querisse que c’est bon de pas avoir d’opinion sur des affaires.
J’ai quand même ressenti du plaisir en voyant l’arc-en-ciel dans une fenêtre de mon quartier. Ça ressemblait plus à un feu de l’enfer de l’apocalypse qui va nous dévorer et ça m’a fait rire parce que je pense que ça se voulait doux et bienveillant. Lâchez pas, y’a des gens qui apprécient vos dessins. 
J’ai vu à l’intérieur d’un commerce une plante-arbre qui devait avoir perdu la moitié de ses feuilles. Au sol sur le tapis drabe de bureau, Mademoiselle Immondices en feuilles croustillantes. J’ai pensé : Hélène serait triste de voir ça.
J’ai fait beaucoup d’exercices aujourd’hui. Je vais essayer de finir BoJack et de m’endormir avant le lever du jour.

Sauce, moufette, angoisse, nostalgie, totons et graines

[Originalement publié le 4 avril 2020 sur mon Patreon.]

C’est bizarre. Je me sens coupable de m’en faire pour mes besoins relationnels et émotionnels, parce que je sais que la crise est plus grave et plus importante que mes petits besoins. Mais en même temps, j’ai pas le choix d’admettre que c’est ça les choses qui comptent le plus pour moi : mes proches, et mes relations avec eux. J’ai peur quand je pense aux dizaines de milliers de personnes inconnues qui vont mourir, j’ai peur de ce que sera le monde pendant et après tout ça. Mais j’ai peur aussi quand je pense à : je sais pas quand je reverrai ma blonde et tous les gens que j’aime. Je sais pas quand je vais fourrer (avec les gens que j’aime). Je grimpe les échelons de mon poste de bébé lala.
La journée était pas super, mais j’ai quand même relevé les choses positives qui sont arrivées. D’abord, la marche. Je compte ça pour une chose positive, parce que je sais toujours pas si on va bientôt perdre ce droit, et parce que ça me fait du bien mentalement et physiquement. Mais le meilleur moment, c’est quand je revenais pis que j’ai vu une moufette! Hiiiiii! Au début, j’ai remarqué de quoi de l’autre côté de la rue, sur le trottoir. Je sais pas pourquoi mais ça m’a fait penser à des jambes. Une paire de jambes croisées. J’ai pensé : ce serait drôle comme élément de déco, une paire de jambes. Ça me rappelle à la fois le clip de Kiss, de Art of Noise/Tom Jones, et celui de Rockit, de Herbie Hancock. Après j’ai pensé : ouais, très objectification de la femme. Ouais. Pis c’est là que j’ai vu que ça bougeait, que c’était loin d’être une paire de jambes. J’ai pensé à un chat, mais c’était une citoyenne un peu plus rare. J’aime tellement les moufettes en plus. J’ai tout de suite souri quand je l’ai vue en train de boire dans une flaque. Elle a levé la tête, m’a regardée, j’ai arrêté de bouger, elle a recommencé à boire, puis j’ai ouvert mon cell pour la photographier mais non estie mon cell a zéro place pour une seule photo de plus parce qu’il est loadé de graines pis de totons, bon, ça m’apprendra. Anyway. J’immortalise ici ma rencontre avec la moufette de pandémie. Ouf. J’ai peur de mourir. OMG j’espère que ce sera pas ça mes derniers écrits, la honte. C’est triste de mourir jeune, encore plus quand tu meurs dans la honte.
Ensuite, mon diner. J’avais faim quand je suis rentrée. J’ai souvent faim, mais j’arrive jamais à manger des portions normales, le cœur me lève vite. C’est comme une fausse faim? Juste wannabe faim. Parce que j’ai toujours pas perdu mon élan de vivre. Alors je mange, mais pas trop trop. Ou plus souvent. Ça complique le brossage des dents. Fuck, j’ai peur de manquer de pâte à dents, ma commande arrive juste lundi.
OK, je reviens à mon diner. J’ai fait un mac and cheese. La dernière fois que j’en ai fait un, j’étais toute contente parce que j’avais proposé à Doune d’aller lui en porter une portion à sa job parce qu’il avait oublié d’amener un lunch. Mais je sais pu quelle ossetie de crap que je regardais sur Facebook, pis la sauce a brulé. J’étais fru. Je me rappelle pas quelle marde je lui ai pognée à l’épicerie pour m’excuser, mais j’étais pas fière. J’ai raté mon mac and cheese seulement deux fois dans ma vie, ce qui est assez étonnant venant d’une incapable comme moi, et les deux fois c’était parce que je regardais de quoi sur Facebook. La fois d’avant, je regardais une vidéo drôle des collègues de Sam. Je les connais même pas, les collègues de Sam, mais j’étais assez captivée pour oublier que j’ai de la sauce qui cuit sur un rond. C’est que je trouve ça tellement PLATE cuisiner, je suis pas capable de me concentrer juste sur ça. Pis en ce moment, là, bin je trouve ça encore plus plate que d’habitude. J’aimerais ça faire comme mes ami·es qui expérimentent de nouveaux plats, ou qui se font de la bouffe réconfortante, mais moi ce qui me réconforterait, c’est pas des grands-pères au sirop ou des brownies, c’est un fucking vaccin contre la COVID-19. Je l’ai déjà dit ici, je préfère les gros plaisirs de la vie, eh. Mais je continue sur les petits plaisirs de la vie.
En tout cas, mon mac and cheese était bon parce que je l’ai pas raté cette fois. Ça a failli arriver. J’étais en train de parler avec Rita. J’ai décidé d’opter pour les messages vocaux, comme ça je pouvais rester au four et brasser ma sauce comme si ma vie en dépendait (j’étais semi-convaincue; ma vie a jamais dépendu d’aucune sauce). Rita me disait qu’elle avait vu une moufette une fois pis elle savait pas c’était quoi. WTF la France. Vous connaissez pas les moufettes? Ah oui, c’est vrai, vous appelez ça des putois. Eh boboy. Le mac and cheese était bon (recette de Jean-Philippe), j’en ai mangé un peu, après j’étais tannée. 
Ah oui, Régis m’a montré des photos d’un chat brun que je connais pas. Premier fou rire de la journée. Après le rire est venue beaucoup de tendresse pour ce chat inconnu. Je le regarde et je me dis : je lui ferais confiance. Ce chat est bon.
OH! Il est arrivé aussi des choses positives dans les derniers jours! Il est arrivé que le documentaire Montreal New Wave est accessible gratuitement jusqu’au 14 avril. Écoute ça, c’est full bon. Ça m’a encore plus donné hâte de retourner voir des shows, mais eh. Je pense que je vais dire « EH » souvent prochainement. J’en serais pas étonnée.
Autre affaire très nice : le film Le 20e siècle était offert gratuitement, alors j’en ai profité pour le revoir. Je l’avais vu au cinéma avec mon polycule en décembre dernier. La promo est finie, mais ça vaut la peine de payer 5 $ pour la location (ou 10 $ pour l’écouter à l’infini).
Tantôt, je transférais mes photos de mon cell pour faire de l’espace. Ça m’a fait sourire de revoir plein de souvenirs super récents. Je m’ennuie du mois dernier, tsé. Pis non, c’était pas juste des photos de totons pis de graines. J’exagère souvent, okay?
Hier soir, Doune m’a envoyé une photo de nous deux dans le cercueil du Cabaret Berlin, avec la mention GOTH AF. Ça m’a fait du bien de la regarder, parce que c’était un beau moment, mais j’avais un peu de peine : quand est-ce qu’on pourra retourner danser au Cabaret Berlin? Est-ce que ce sera même une chose possible? Je sais pas encore tout ce qu’on va perdre. Quand est-ce que je pourrai revoir Doune? Parce que ça, c’est sur que ça va exister encore après, han? Les ami·es, les relations, tout ça? Ouais, c’est ça qui se passe. Je suis nostalgique de beaucoup d’affaires, et je vis beaucoup d’angoisse. 

Un bon film de peur pour se calmer les nerfs

[Originalement publié le 31 mars 2020 sur mon Patreon.]

Okay, avant d’aller finir Hereditary, trois choses positives aujourd’hui :
  1. Revenu Québec slaque un peu sur le recouvrement.
  2. Je pense avoir trouvé des exercices qui vont sauver mon dos durant le confinement.
  3. Okay la troisième affaire c’est un secret.
Si vous êtes, comme moi, du genre à stresser pour des affaires fiscales (je comprends rien à rien), ça vaut la peine d’aller checker ça et de demander l’aide d’un adulte pour bien comprendre les mesures d’assouplissement de Revenu Québec. Moi, ça m’enlève un poids financier, comme ce fut le cas pour la levée temporaire du remboursement des dettes d’études. Ouf. 
Je trouve ça dur de trouver une routine d’entrainement à la maison, mais mon dos me fait tellement souffrir — et personne est là pour le masser — que j’ai commencé à faire ces exercices hier. Je sens que ça fait du bien, surtout les étirements à la fin, et je m’accroche à ça dans l’espoir que ça maintienne mon dos dans un état au moins acceptable, au mieux resplendissant. Bin quoi, j’ai toujours le droit de rêver aux muscles.
Pour finir, au lieu de révéler mon secret le fonne (hi hi), je vous suggère la lecture d’un article d’Yves Boivert. Il s’est entretenu avec le chercheur Gary Kobinger, qui croit qu’il est possible de mettre au point un vaccin contre la COVID-19 en moins de 12 mois, ainsi que des tests plus rapides. Rien à voir avec le « ça va bin aller » : on n’a pas fini d’avoir des virus dangereux, mais il faut s’y préparer mieux que ça. Et on est capables, semble-t-il. CW : gros plan de la face d’Yves Boivert.
Bon, je vais enfin aller finir mon film épeurant. Ça fait deux fois que je choke de le finir parce que je me dis que c’est pas une bin bonne idée de regarder un film stressant juste avant de dormir. D’habitude, quand j’embarque trop dans un film de peur, je me rassure en me rappelant que ça se passe juste dans l’écran, que la menace ne se trouve pas dans la réalité. Bin hier, je regardais ça aller dans le film et je me disais « bah, c’est pas si pire que ça, eux autres au moins y’ont pas une pandémie ». Câlisse. Je suis-tu rendue à regarde des films de peur pour me rassurer? 
Okay, bonne nuit, bisou bisou!

Les choses qui vont bien

[Originalement publié le 30 mars 2020 sur mon Patreon.]

Mon amie Chantal a partagé une publication apparemment écrite par l’Association des psychiatres du Québec qui donne des conseils pour conserver une bonne santé mentale pendant la pandémie. De bons conseils, peu surprenants, mais bon, les gens comme moi ont souvent besoin de se faire rappeler les choses de base comme bien dormir, manger suffisamment et faire un peu d’exercice chaque jour. Je crois pas pouvoir appliquer ces trois conseils chaque jour, mais il y en a un que pense arriver à mettre en pratique :
Avant de se coucher, noter trois choses qui se sont bien déroulées. Alors je note ici ces trois choses :

  1. le show de Géraldine, suivi d’un party sur Zoom;
  2. sortir marcher;
  3. Boubeur qui me fait rire.

Premièrement, je dois dire que Boubeur me fait rire pas mal chaque jour. Mais y’a des journées où ça devient encore plus important. Alors merci mon fourron. 

La première du show de Géraldine était diffusée à 18 h, alors je me suis un peu botté le dardjére pour sortir du lit vers 16 h. Ça m’a laissé en masse de temps pour déjeuner, placoter un peu, me brosser les dents, me maquiller, etc. J’essaie toutes mes couleurs de fards à paupières. Si c’est laitte, bin je vis avec jusqu’au coucher. 

Oh, le show! C’était beau! Ça m’a émue, merci Géraldine pour ce petit spectacle intime et lumineux.
Et comme lors du gala, on pouvait tchatter en direct avec les autres personnes présentes sans gâcher le show à personne. Après, j’ai rejoint Thieuse et Géraldine sur Zoom, puis Boubeur, Maude, Hélène et Laurance sont arrivé·es. C’est weird, on dirait qu’on est en 2002 pis qu’on se dit « hey moi aussi j’ai acheté une WEBCAM, ça vous tente-tu qu’on se parle en se VOYANT? », mais j’ai trouvé ça beaucoup plus le fonne que weird, pis j’ai ri pas mal, surtout quand Pepa nous expliquait pourquoi c’est bon pour lui de porter des gants en public parce que ça l’empêche de se fourrer les doigts dans la bouche après avoir taponné plein d’affaires (« j’ai souvent des p’tits coups de flux »), ou encore quand il nous a montré son graphique personnel de nerd de sous-sol qui compile des données sur la pandémie. Personne est allé pisser en oubliant de fermer sa cam, mais quelqu’un a dit « bougez pas je vais aller parler à ma cousine » pis la première affaire qu’on a vue c’est deux mains qui roulent un gros batte; je dirai pas c’est qui, je lui ai pas demandé si c’était correct que je parle de ça ici. En tout cas, « aller parler à sa cousine » est vite devenu le code pour dire qu’on s’en va fumer une poffe. 

Ça faisait une semaine que j’avais pas fait ma marche de petit monsieur. C’est rendu que j’ai plus peur du monde que du virus. Mais j’ai vu qu’il pleuvait un peu, je me disais que je risquais moins de croiser des polices-citoyens du câlisse. Ça s’est bien passé, et j’ai même pu aller faire un coucou à Ringuette. On s’est parlé un peu sur le trottoir, à 2-3 mètres de distance. J’essaie de garder des habitudes normales, mais c’est pas normal de se parler de même. En tout cas. 

En début de semaine, j’ai eu l’immense privilège d’avoir un partenaire de confinement. Doune est arrivé chez moi mardi matin après son dernier shift — le Carl Inn est enfin fermé — parce que je lui avais proposé de faire une quarantaine chez moi avant d’aller rejoindre son fils sur la rive sud. Finalement, il aura pas pu finir sa quarantaine, il est parti jeudi matin. Mais ça nous a donné trois jours pour essayer de se rassurer, de dormir correct, de garder une certaine forme (« on va se faire un programme de GI Jane! »). J’avais beaucoup de travail à faire aussi, peut-être mes derniers contrats avant que tout s’écroule, et je travaillais pas super bien. J’imagine que je suis pas seule à avoir une concentration de marde. Après, on a pu se divertir un peu. J’espère qu’on pourra rejouer à Broforce et regarder les pires films de Tom Hanks avant la fin de nos jours. Le jeudi matin, j’ai aidé Doune à mettre ses choses dans le char pis je lui ai dit bye sans pleurer.

Comme à peu près tout le monde, je sais pas trop comment envisager les prochaines semaines. J’ai plus peur de l’incertitude que de la solitude, mais je sais déjà que je m’ennuie de plein de monde. J’ai pas vu ma Rita depuis plus de deux semaines. Mes parents habitent loin, j’ai pas de char, je sais pas quand je les reverrai. Cet été? L’année prochaine? Doune pense qu’on va pu se voir. Crisse de gothique.

Je suis pas devenue une maniaque du ménage, mais j’ai passé l’aspirateur; quand j’ai ramassé les grains de riz sous la table, j’ai pensé omg c’est les grains de riz que Doune a échappés en ramassant son sac de riz avant de partir rejoindre son enfant. :’( Il m’avait dit « t’es sure que tu veux pas que je te laisse le riz? » j’ai dit nenon j’en ai déjà pis je mange rien d’autre que des patates. Il m’a laissé le reste de ses légumes royaux. Ouf. Je suis nostalgique de la fois où Doune a fait un dégât de riz dans ma cuisine.

Okay, revenons aux choses qui vont bien. Parce que c’est pas vrai que toute va mal, oh no! Je partage généreusement avec vous, pour vous aider à garder le moral, la liste des choses dont je me réjouis présentement :

  1. ma connexion internet (pour parler avec les ami·es);
  2. l’effondrement des Airbnb
  3. les riches qui pleurent.

Est-ce que quelqu’un a dit aux scientifiques que c’est peut-être avec des larmes de milliardaires qu’on pourrait faire un vaccin contre la COVID-19?

Okay, c’est assez, je vais me coucher. Bye, prenez soin de vous et commandez votre épicerie en ligne. XX



Gros samedi soir sur le Plateau

[Originalement publié le 22 mars 2020 sur mon Patreon.]

Hier, j’étais dans un moins bon mood (si on peut dire ça de même). J’arrivais pas à faire les bonnes affaires pour me garder en bon état. Au lieu de faire mes exercices, j’ai fait une sieste, mais j’ai juste somnolé, même pas pogné un seul rêve. J’ai fait du ménage (bleh). J’ai lavé les switchs, dont celle de la lumière extérieure. J’espère que personne m’a vue, je voudrais pas qu’on pense que je flashe mes lumières, crisse. 
J’ai pris une marche, pis j’ai jasé avec Doune, le bébé lala en chef (que je suis à veille de déclasser, watch out). 

— J’ai croisé Pepa pis Géraldine! :O
— Han, dans ta chambre?
— OUÉ. -_- Non, je marchais sur des Pins. Ils étaient dans une Communauto.
— Aaah. Bin oui les artistes sur des Pins y vont au théâtre lol.
— Oui, un théâtre underground illégal. Pour y accéder, faut que tu montres une preuve de résidence, c’est juste pour les résidents du Plateau pis faut être membre de l’UDA ou de l’UNEQ. 
— Oui, pis faut être diabétique. 
— Euh.
— Pis avoir la tuberculose.
— Je pense que tu confonds les critères pour d’autres affaires…
— Non. Je connais ça le théâtre. Je suis un bourgeois.
— Oui, j’ai vu ta story. Tu manges du beurre de pinote CRUNCHY, ayoye.
— Ouais y’a des vraies pinotes dedans.

Moi je mange des patates au beurre de pinote JIF (ça se prononce GIF) et je bois du fucking bon jus de fruits, mais j’achève la boite. Il m’en reste une autre, mais je doute que cette sorte sera aussi délicieuse. Bourgeoise pareil. 
Saint-Laurent samedi soir me rappelait Québec les soirs de semaine. J’ai quand même eu mon petit party avec Thieuse et Géraldine. On a jasé quelques minutes sur le trottoir, à distance de pestiféré·es. Hey sans joke, ça m’a mise dans un drôle de mood de revoir du monde dans un contexte où ça se peut pu. Je dirais peut-être pas euphorique, mais sur le spectre. On s’est dit qu’on devrait prendre des marches ensemble le soir, j’aimerais ça qu’on fasse ça. Deux mètres de distance sur un trottoir désert, ça devrait bien se faire.