mercredi 21 août 2019

Mes chats vivent des choses


Okay, mes chats ont vécu des émotions hier soir, et je dis pas ça parce que ça s’est mal passé. Je pense que c’était surtout de belles émotions. Et j’attrape facilement les émotions de mes chats, alors check bin. (Ça va être long.)

D’abord, je revenais d’une chouette soirée chez Martin, j’avais croisé une moufette en chemin, j’étais de bonne humeur et pas pressée, alors en arrivant à la maison, j’ai laissé sortir Whitney dans la ruelle avec moi. (Il faut vraiment que je trouve un harnais, parce que c’est pas prudent ce que je fais là, mais je le fais pas très souvent.) Dès qu’elle met la patte dehors, c’est automatique, elle se met à miauler. Je pense que c’est un mélange d’excitation de découvrir de nouvelles choses et de peur de l’inconnu. Elle poffe un peu la base de sa queue, chose qu’elle fait dans la maison quand elle est très contente et excitée; elle lève la queue bien droit et la fait frétiller, un peu comme un matou qui fait du marquage urinaire; elle se promène dans toutes les directions, toujours en miaulant; elle se tortille par terre, en ramassant dans son pelage toutes les mardes de la ruelle; et elle essaie de mâchouiller toutes les plantes et feuilles mortes qu’elle trouve (non non non, mauvaise idée). 

Alors j’ai chillé avec elle quelques minutes. Je l’ai flattée, je lui ai parlé, on a parlé. Tape tape les foufounes de la gougoune. Elle se roule à terre. Super vite. J’ai dit bon bon, faudrait commencer à rentrer. Pendant ce temps, Frédéric-Démon miaulait à la porte. Injustice totale. Je peux pas gérer deux chats lâchés lousses en même temps, eh. 

Okay Whit-Whit, on rentre. Je l’ai prise, elle ronronnait fort. Maudit que je l’aime. Elle aurait voulu rester encore, mais c’était le tour de son frère.

Le chat brun était aussi très heureux de sortir, il ronronnait déjà. Première mission : se tortiller. Vite. Le poil tout poussiéreux. Il me semblait moins nerveux que Whitney, et quand je l’appelais, il avait tendance à venir vers moi, alors on pouvait marcher un peu ensemble. Mais on se rendait pas loin, parce que si on avait croisé quelqu’un — humain, chien, raton laveur, moufette —, je sais qu’il aurait paniqué, et l’issue aurait pu être dangereuse. Maudit, je devrais déjà avoir un bon harnais pour eux. En tout cas, on a marché un peu, je l’ai flatté fort, je lui ai parlé, il m’a répondu des fois, et il arrêtait jamais son moteur. Il me semblait presque insouciant, et je le trouvais si beau d’arpenter cette ruelle la nuit avec son pelage de petit chat spotted tabby. Je le souhaiterais toujours libre de ses mouvements, en droit de prendre des décisions, même des décisions que je juge un peu niaiseuses des fois, je l’avoue. 

Okay pitou, on rentre. Whitney se pouvait plus, elle miaulait à la fenêtre, puis à la porte, alors on n’allait pas passer la nuit dehors. Frédéric-Démon a accepté que je le prenne dans mes bras, et j’ai pu franchir la porte sans que Whitney ressorte. 

Pour les féliciter d’être de bons chats braves et sages, je leur ai donné des gâteries en rentrant. J’achète pas souvent des Temptations (pis en écrivant ça, je me rends compte que je fais exactement ce que ma mère faisait mais avec les Fruit Loops), mais cette fois, je me suis laissé tenter (hu hu). J’ai juste ouvert le sac et ils m’ont regardée avec leurs oreilles dressées pis ils ont miaulé avec leurs yeux en billes d’animaux empaillés. La junk food fait son effet, alors bien sûr ils sont devenus fous — tout comme l’étions mes sœurs et moi quand on trouvait une boite de Fruit Loops dans les sacs d’épicerie —, et je leur ai donné des gâteries à parts égales. Après, j’ai rangé le sac dans une fenêtre qui me semblait hors de leur portée. Eh boy. 

Whitney a grimpé là comme un petit singe, tout étirée, en miaulant. Là, c’est moi qui suis devenue folle. Ça m’a rendue comme excitée et fière, parce que j’aime ça quand mes chats font preuve d’ingéniosité ou de ténacité pour obtenir ce qu’ils veulent, y compris quand ça me fait quand même un peu chier. 




Elle est redescendue sur le sol, je la flattais et elle se tortillait par terre en ronronnant fort, se relevait, se laissait retomber, se relevait, frétillait de la queue (encore), et quand je lui demandais son avis, elle me répondait toujours « wrah ». Je l’ai prise dans mes bras — ça lui arrive de plus en plus d’aimer ça, mais il y a des contextes pour ça, et faut jamais que ça dure trop longtemps —, après elle est passée de mes bras à mes épaules, et elle fait à peu près jamais ça, se percher sur mes épaules, alors je savais plus trop comment me placer pour éviter qu’elle me lacère en se cramponnant. J’étais comme pognée, accroupie au sol, avec une gougoune excitée qui ronronne fort, et j’essayais fort de pas me retrouver avec son anus dans la face.

Plus tard, Frédéric-Démon a eu droit à une longue séance de brossage-flattage-massage. Il poffait des joues, ce qui est un peu l’équivalent du frétillement de queue à Whitney, et bavait abondamment. Je l’ai tellement brossé qu’à la fin il restait plus de poils morts à décoller. 


Tout ça m’a rendue aussi contente et excitée qu’eux, j’aurais pu poffer des joues si seulement j’avais une barbe, j’aurais aussi voulu qu’on aille faire une longue marche tous les trois, qu’on prenne l’avion pour se rendre à Disney Land ou qu’on monte une comédie musicale, mais ce sont des désirs hors de portée. Ça finit qu’on dort tous les trois ensemble, Whitney sous les draps, me bavant dessus, et Démon en boule dans ma fourche, à l’étroit, parce que son thigmotactisme positif me semble plus prononcé, si cette chose existe chez les chats.

vendredi 16 août 2019

Les bernaches et les poulets s'activent le jour

Quand j’ai pris l’autocar pour me rendre à Louiseville, j’ai vu plein plein de bernaches dans des parcs d’Ahuntsic. J’avais un peu envie de pleurer, parce que je les trouvais tellement belles — et un peu badass — et je souriais niaiseusement en les admirant. Plus tard, sur la 40, j’ai encore croisé un camion plein plein de poulets. Il y a beaucoup plus de poulets que de bernaches dans l’univers, et je ne connais pas les chiffres, mais je sais que les poulets sont aussi admirables que les bernaches. Les poulets étaient si près de moi que j’aurais pu leur donner des noms. Un peu plus et je pouvais les flatter. Ils étaient tous aplatis contre le sol, et je sais pas si c’était à cause de la peur, du vent ou des secousses s’ils se tenaient comme ça, ou à cause de leurs petites pattes de bébés oiseaux trop frêles pour supporter leur corps lourd et viandu. 

Quand je suis revenue à Montréal, j’ai marché de la gare jusqu’à chez moi et j’ai fait un détour par le parc La Fontaine, où j’ai longé l’étang pour voir les oiseaux. J’ai en premier vu quelqu’un qui faisait des push-ups en descendant un escalier. On aurait dit un fantôme de film d’horreur japonais. J’ai aimé ça. Mais j’ai encore plus aimé voir les oiseaux. Un petit goéland à bec cerclé m’a regardé comme un humain mérite de se faire regarder par un oiseau, c’est-à-dire avec suspicion. Après, j’ai vu des canards qui dormaient en boules, le bec dans le creux des ailes, et les bébés formaient un tas fluffy.


Après, je me suis demandé combien de personnes ont donné du pain aux canards aujourd’hui, et combien de canards sont morts cette année après avoir mangé du pain ou des Goldfish ou autres shits du genre. Je pense à des chiffres alors que je devrais penser à rien et dormir, mais je pense aussi à faire un statut Facebook pour demander à mes ami·es de ne plus m’inviter à des activités diurnes.

Cette bernache est fucking admirable. ©ARLEN REDEKOP / PNG