mardi 21 août 2012

Entendu dans ma ruelle


Madame : Pis, as-tu passé un bel été? Es-tu prêt pour la rentrée en classe?
Moi : TA YEULE, CONNASSE INSENSIBLE!!! ON DIT PAS ÇA À UN ENFANT!

Ma réplique, c’est dans ma vie fantasmée, bien sûr. Je me souviens encore de mes fins d'été, quand j'étais enfant, et que je sentais arriver la fin des vacances. Anticipation. Déjà, de voir les circulaires tout beurrées de matériel scolaire, ça me donnait des frissons de dégoûts, alors quand on osait me demander, LE SOURIRE AU LÈVRES : « Pis, as-tu hâte à la rentrée? » NOOOOOOON! Faut-tu que je pleure pour que tu comprennes que ça me fait mal d’entendre ça? Parmi les adultes, y'avait juste mononc Robin pour me comprendre : « Comment ça t'as pas encore lâché ça, c't'ostie d'école-là? » Il me disait ça dès mes premières années du primaire. Robin, y'avait jamais aimé ça, l'école. Y'avait pas fait son cours classique, Robin.

La rentrée scolaire, c’est le retour de mes chaînes, de l’ennui, de la discipline, de pus pouvoir jouer dehors quand il fait noir, de la fin de l’été, de la fin du fonne. C’est sûrement pour ça qu’aujourd’hui encore j’ai toujours un peu les bleus à l’arrivée de l’automne. Pis j’accuse même pas le manque lumière : c’est la faute aux mauvais souvenirs de rentrée scolaire. Avoir peur de tomber sur la prof méchante que tout le monde craint. Avoir peur que ma meilleure amie ne soit pas dans ma classe. Avoir peur d’être assise à côté d’une brute ou de celui qui a les poux. Avoir peur d’oublier le chemin pour se rendre au nouveau local. Avoir peur de pas comprendre la nouvelle matière, même si j’ai toujours eu des notes de bolées, sauf en éducation physique (je m’excuse d’être un cliché, mais c’est ça pareil, c’est d’même). Avoir peur d’avoir mal au ventre, encore. Avoir peur que le prof n’autorise pas les pause-peupis.

Chaque fin d’année scolaire était une délivrance, un pas de plus vers la liberté. Je me souviens que je calculais ça en pourcentage approximatif. Je disais au p’tit Francis : « On est à 35% de la LIBERTÉ! » La liberté étant la fin de toute contrainte scolaire. Pourtant, l’idée que je me faisais du monde du travail ne me plaisait pas plus.

Chaque rentrée scolaire était un supplice, j’aurais voulu qu’on soit déjà rendu à la fin de l’année, au printemps, pour que ce soit plus supportable. J’aimais beaucoup la période des examens finaux. Je savais que j’allais en classe pour une raison bien précise : faire un examen, pis sacrer mon camp chez moi. Ou à peu près : fallait quand même toffer ça les deux tiers de la durée habituelle.

La rentrée scolaire : endurer la lenteur avec laquelle on nous introduit une nouvelle matière. Se faire répéter pendant deux semaines la même ossetie d’affaire plate, comme si on était tous intellectuellement limités. L’abrutissement. Une chance que j’y allais pas trop souvent.

Parlez-moi pus hamah de rentrée scolaire.

Sauf.

Si.

Sauf si je gagne une guerosse bourse d’études. Alors là, je vais être dedans solide pour la rentrée scolaire.


Comment ces enfants peuvent-ils sourire en sachant ce qui les attend? Je ne comprends pas.

2 commentaires:

Litchi a dit...

Les circulaires de Zellers...comme un goût d'indigestion dans le fond d'la gorge. o_O

Lora Zepam a dit...

J'aurais dû utiliser des circulaires du Rossy. Le goût serait pas resté au fond de ta gorge. :)