Ce soir je suis allée chez Mathieu pour enfin brûler la soie. Ça faisait au moins quatre fois qu’on remettait ça, parce que c’est difficile de faire fitter nos horaires, parce qu’il faut faire ça quand il fait noir, et parce qu’on est souvent fatigués par les temps qui courent (au ralenti). Ça me tentait pas du tout de marcher une demi-heure pour ensuite faire quelque chose qui demande à mon corps de bouger. Je me sentais trop zombifiée. Mais je me suis botté le cul pour deux raisons principales : j’ai hâte de faire les t-shirts de Po (et je sais qu’ils sont attendus), et je sais que je dois sortir à tous les jours pour ne pas redevenir un troglodyte.
En chemin, j’ai croisé Myriam, que je rencontre souvent par hasard parce qu’on habite le même quartier. Une chance qu’elle m’a reconnue et m’a fait des grands gestes parce que j’aurais pu passer à deux pouces de sa face sans la voir. Je deviens de plus en plus myope, mais je suis surtout limite autiste quand je me balade sur la rue. Les gens qui croisent ma route ne sont pas ce qu’ils sont. Ce sont des personnages, des créatures, des monstres, la seule chose qu’il y a de réel chez eux, c’est leur odeur, que je perçois presque à tout coup. Pis ossetie qu’ils pusent, des fois. Surtout les vendredis et samedis soirs.
Je suis arrivée chez Mathieu épuisée, j’avais chaud, je tenais pas debout, même ma face tenait pas tusseul, et j’arrêtais pas de bailler. J’avais une face de poisson mort. J’étais même pas maquillée. Qu’est-ce qui m’arrive, donc? Ça doit être les penules. Je me suis aspergée d’eau froide pour me ressusciter. Pis là Mathieu m’a dit que l’acétate de Po n’était pas belle, que ça risquait de donner de mauvais résultats. J’ai voulu essayé un nouveau centre d’impressions, et c’est ce que ça a donné. Bon. OK. Coudonc. J’étais un peu désappointée de reporter ça à mercredi. Parce que demain soir, Mathieu sera à Québec pour la première de Vu d’ici. Et moi je n’y serai pas, je serai pas la salle à ses côtés, tutessitée de fierté pour lui et de pas savoir ce qui m’attend comme spectacle. Parce que je sais que ça va être une pièce démente, que je vais tomber en bas de mon siège quand je vais voir ça. Mais ça se passera pas demain. Pour tussortes de raisons qui me rendent trisse. Alors je me concentre à essayer de dompter mon cerveau pour qu’il focalise sur les choses positives et belles et lumineuses. Ce qui est beau, c’est que la pièce de Mathieu est jouée au théâtre pour la deuxième fois, et qu’elle sera présentée à Mourial en janvier, et que cette fois je vais pas manquer ça. Ce qui est beau, c’est que j’ai maintenant ramassé plus de 165$ en vendant des macarons sur ma boutique, que Po est à deux comprimés d’avoir terminé son traitement antibiotique, que mon petit frère va mieux. Ce qui est beau c'est le monde, des fois, parce que oui ça arrive que le monde est beau, que l'humanité me fait chaud au coeur, et ce qui est beau, c'est que j’ai des idées de projets gnéseux, et que cette fois je n’appréhende pas la fraîcheur de l’automne qui s’en vient oh crisme que oui amène-toué bebé.
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