vendredi 13 juillet 2012

Vendredi 13



La trame sonore de cette note de blogue (je m’excuse d’avance, mais c’est d’même) :







Quand j’étais en cinquième année, j’avais une gang d’amies. On était six filles qui se tenaient ensemble à la récré, on se matchait dès qu’il avait des travaux d’équipe en classe, on s’écrivait des lettres pendant les cours, et on se voyait aussi en dehors de l’école. J’ai eu l’idée de toutes les inviter chez moi pour célébrer un vendredi 13. Je me souviens qu’une fille PAS DE LA GANG avait voulu s’inviter, mais on l’a pas laissée faire. Mon party, c’était pas la grosse affaire, là. On avait quand même juste 10-11 ans, faque on buvait de la liqueur. C’était toffe de choisir la musique parce que moi je trippais sur Nirvana et elles, elles écoutaient des Dance Mix pis ça me faisait chier bin raide. Je me souviens pas comment j’avais réglé ce conflit.

Puisque c’était vendredi 13, on aurait voulu se faire des peurs. Mais c’était un peu un échec, personne voulait jouer à Ouija. Je leur ai montré mes souris, mais elles étaient pas effrayantes  pour tout le monde, même si j’en avais une méchante colonie — j’avais complètement perdu le contrôle depuis que ma mère m’avait donné un couple. Bref, la thématique horreur était un peu ratée.

Durant notre party, ma soeur et notre cousine du même âge, Caroline, étaient ensemble au rez-de-chaussée. Ces deux-là ensemble, ça passait son temps à comploter. Tout le temps. C’est pourquoi j’ai trouvé ça louche quand elles sont montées cogner à ma porte de chambre. Quand j’ai ouvert la porte, il n’y avait personne, seulement un plein bol de pop corn chaud par terre. Je trouvais ça louche, mais je trouvais ça encore plus cool que louche. « Han, ma soeur nous a fait du poffecorne! » On plonge nos mains dedans pis on commence à se bourrer la face. Et là, c’est pas long que mes amies se tournent vers moi, larmoyantes, et me disent, la voix tremblotante : « Yé donc bin fort, ton poffecorne… » « Ah, c’est normal, c’est du poffecorne à saveur "épicé"! » Je continue de me bourrer la yeule, joyeuse. Elles, elles ont l’air traumatisées et pas mal moins enthousiastes à manger que moi. J’avoue que je les ai trouvées un peu fifes. C’était pas vraiment pire que des chips au barbecue, tsé. En tout cas.

Des années plus tard, ma soeur m’a avoué que Caroline et elle avaient fourré de gros grains de poivre dans plusieurs grains de pop corn. J’étais la seule à ne pas en avoir mangé, par pur hasard. Je comprenais maintenant pourquoi mes amies avaient pleuré de douleur. Et je comprenais pourquoi ma soeur m’avait semblée douteusement généreuse à l’âge où on se querellait beaucoup trop.


Ce fut la seule fois de ma vie où j’eu une gang d’amies fermée, et ce fut la seule fois que je célébrai le vendredi 13.

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