jeudi 1 novembre 2012

Linus, le gros chat qui aurait voulu être petit


Quand Mathieu m’a appris qu’il allait garder l’un des trois chats de sa soeur pis son chum durant leur voyage en France, je me suis tout de suite dit « aon, je vais aller chez Mathieu plus souvent ». Premier réflexe. C’est-tu une maladie mentale, coudonc? Si oui, bin c’est la plus belle de toutes. Et je m’assume totalement (je pense que c’est assez clair, han). Ça fait que j’avais très hâte que le minou arrive, en plus on savait pas ce serait lequel des deux obèses, on attendait donc un chat surprise.

J’étais présente quand Marie-Anne et Jonathan sont venus porter leur gros Linus. Il était si stressé que son nez rose est devenu rose vif. En sortant de sa cage de transport géante, il s’est dirigé vers le premier abri qu’il a trouvé, drette sous le futon du salon. En rampant. Ses deux humains étaient accroupis à côté du futon, un sac de Minouches à la main, et lui parlaient doucement pour le rassurer et l’inciter à sortir. « Linus? Viens mon beau Linus. Linus? » Des vraies mères poules. Je peux pas les juger, je suis pareille.

Linus est resté caché deux jours. Quand il a commencé à explorer timidement, il grognait au moindre son suspect. Mais il grognait si peu fort que c’était à peine audible. Mathieu disait qu’il grommelle. Linus a donc grommelé comme un gros pas content pendant quelques jours. Mais faut pas lui en vouloir, c’est un chat très inquiet. Il a peur de tout (sauf de manger). Alors tout pouvait lui sembler suspect. Un voisin qui marche dans le couloir, par exemple. C’est pour ça que j’étais si étonnée par son accueil quand je suis revenue le voir pour la deuxième fois. Au lieu de rester sous le futon à grommeler, il est venu me faire une parade de cul. Il fait ça en marchant un peu de travers, style crabe, puis en se frottant le darjére sur moi, en frétillant de la queue. Et il recommence, encore et encore. La plupart des chats que je connais ont plutôt tendance à se frotter la face, mais Linus fait les choses autrement, on dirait bien. J’étais quand même émue qu’il me fasse confiance, alors je le flattais beaucoup pour le remercier, et il ronronnait un peu. Linus est énorme, mais il fait tout pour être discret. Il pousse des tout petits miaulements, tellement subtils qu’on se demande si on n’a pas halluciné ça, et ça prend un stéthoscope pour savoir s’il ronronne. Moi je lui touchais la gorge pour tâter le pouls de la vibration du contentement félin. Po, elle est minuscule mais elle miaule fort et elle fait vibrer le plancher quand elle ronronne. Linus est donc pas mal plus discret qu’elle, même s’il fait trois fois son poids. C’est vraiment un gros, gros tas de chat. On pouvait le flatter à deux pis on avait en masse de place dessur. Avec la taille qu’il a — en plus il est noir et blanc pétant, ça crie « ORGARDEZ, CHU LÀ! » — il doit travailler fort pour ne pas attirer l’attention sur lui. Parce que TOUT le stresse.

— Des fois je pète et il sursaute.
— Meh!
— J’te jure.

Je suis pas étonnée que Linus sursaute à cause d’un pet. Je suis étonnée d’apprendre que Mathieu pète. Depuis qu’on se connait, je l’ai entendu péter une seule fois, et j’en avais fait toute une histoire, il faisait semblant que nenon c’pas moi de quoi tu parles, pis moi j’arrêtais pus de lui parler de son pet. Je pensais pas qu’il se lâchait lousse pendant mon absence. Eh bin.

Je trouvais ça triste que Linus ne dorme pas avec nous. Il pouvait pas nous rejoindre dans le lit suspendu au plafond, il sait pas grimper dans une échelle, et surtout, il est bin trop gros pour sauter gracieusement sur la commode puis la table de chevet qui aurait pu le mener au lit. Tout ça explique la double surprise que j’ai eu le dernier matin où j’ai dormi chez Mathieu. Linus devait avoir très envie de compagnie, parce qu’il s’est lancé sur le lit à partir du rebord de la fenêtre. En s’agrippant à mon pied, d’où ma deuxième surprise. Ça surprend, une griffe planté dans le pied quand tu dors. Mais je pouvais pas lui en vouloir, il était tout ronronnant et pétrissant d’être enfin avec nous. Quand même, on n’en revenait pas qu’il ait réussi ce coup. Plus tard dans la matinée, on l’a vu faire. J’ai vu la scène au ralenti. Linus qui fixe son but, Linus qui se concentre fort, Linus qui s’élance dans les airs, en apesanteur, Linus qui écarte ses griffes et s’accroche au matelas. Deux mois de plus chez Mathieu et ce chat-là redevenait l’athlète qu'il a dû être avant d’être obèse.


Linus a toujours les pattes un peu écartées, comme un monsieur qui veut avoir l'air d'un mâle alpha.


Hier soir, Linus est rentré à la maison, et j’étais un peu triste de pas avoir pu lui dire baille baille, mais je retournerai le voir chez ma belle-soeur. Et je suis sûre qu’il a hâte de se faire garder à nouveau par mononc Mathieu.

5 commentaires:

RAINETTE (l'énigmatique) a dit...

heille ça c'est du minou !

Mais Mathieu il pense aussi que t'es folle ou juste toi ?

Lora Zepam a dit...

Oui, mais il a l'air de trouver ça quioute. Ou alors il est très patient. Et il a du tact.

C'est quand même pas grave, être folle aux chats. Du moment que tu te mets pas à les collectionner et/ou à les lancer sur les gens.

Lora Zepam a dit...

Mais je suis pas strictement folle aux chats. Je suis folle de tous les animaux. Mais il s'avère que je suis entourée de chats. Sinon, je parlerais bien de l'opossum d'untel ou du tamanoir d'un autre.

RAINETTE (l'énigmatique) a dit...

t'aimes aussi les grenouille ?

Lora Zepam a dit...

Même les crapauds.