Ça y est, j’ai un élan de nostalgie pour mon ancienne vie à Québec-Vile. Mon appart laitte avec vue sur le tsour des escaliers, l’éclairage platte, la disposition wtf des pièces, ma chambre minuscule avec une laveuse (qui porte, au moins, le plus beau nom du monde : Vagine à laver), la possibilité d’écouter de la musique et de chanter fort, des voisins adorables, des bébés corneilles dans ma cour, la paix, la grosse criss de paix. Sinon, je m’ennuie pas de Québec qui met son dentier dans un verre d’eau à 23h, Québec peurope qui me tape un peu sur les nerfs avec ses matins frais et dispo de même pas mauvaise haleine. Non, ce qui me manque, c’est mon cocon, mon méga-bunker qui me protège de l’univers méchant et pas fin, mon micro-univers avec Alien qui veut juste jouer à WoW et boire du Spruce quand il n’a pus de cash pour de la bière.
C’est pas un hasard si cette nostalgie me tombe dessus. Nostalgie = ça me tue de vivre ici, dans ce ridiculement petit pas-chez-moi + Alien a communiqué avec moi dans les derniers jours, dans le sens de « échanger des mots » et « établir un contact ». Alien aka l’ostie de coloc sale, Alien qui s’ennuyait de moi.
Ça a commencé par un mechaze tesque (bin oui, il est rendu avec un cell, le gros roadkill louseux) :
Alin Grosse truie 01:21 :Sale pute tchèque tes emails yo!
Moi 01:25 : TRUIE SALE! Depuis le temps que je veux de tes nouvelles! J’y vais tussuite!
À : Sophy
De : Alien
Salut sale conne.
Difficile à admettre, mais tu me manques! Beaucoup! Tsé, genre, ma coloc préférée.
Oli est venu bouffer au resto la semaine dernière. J'étais super content!
Bref, j'ai cru comprendre que tu rushais un peu et bien que ma non-présence ne peut qu'être néfaste, je t'ai calicé 50 piasses dans ton compte pour t'aider. Tsé, les écrivains, même les pas bons, ça fourre en calice. Je me disais que les sous pourraient t'aider pour les capotes, tsé. Au pire.
Non, sérieusement, tu me donnes des news quand tu lâches ton Fessebook please?
Ton ex coloc adoré.
À : Alien
De : Sophy
Aaah! Grosse souillure! Je veux pas de capotes, je veux me faire engrosser pour toucher des chèques d'allocation familiale!
Alin, merci infiniment (bin, pas tout à fait, mais pas loin de. Disons, pour le reste de mes jours?). Je sais pas quand je pourrai te le remettre, par contre. Y'a bin juste les béesses comme nous autres qui pensent à aider les ceuzent qui osent rien demander. Chogna, Patrick et toi êtes probablement les personnes qui m'ont le plus souvent aidée, en money ou en sévices. Mmm, des sévices...
Je sais pas ce qu'Oli a pu te dire, mais je suis pas encore allée m'acheter de la grosse corde jaune, t'en fais pas. C'est vrai qu'on s'est un peu parlés de nos affaires plates dans les derniers jours, mais bon, disons que ça pourrait être pire.
M'ennuie de toé, aussi! Nos échanges de cadeaux cons (patates contre nouilles jaunes; gratteux laittes contre bibelots religieux), nos échanges verbaux de haut niveau, les noms affectueux incomparables qu'on se donnait, nos marches jusqu'au Provigros, NOS SOIRÉES DE BOUGON, nos sorties au Drague (ah non, ça c'est arrivé juste une fois). J'étais sul bord de geindre sur mon blogue que mon coloc sale me manque, mais je suis bin trop orgueilleuse pour ça, tsé.
Kessé qui t'arrive, à toé? Mathieu pis moi on t'imagine en train d'aller chercher Maïs à l'école, en mini-van, les cheveux au vent, le teint bronzé, les dents glow-in-the-darque. On trouve ça bin drôle. Haha-drôle.
Je suis présentement, mais présentement dans le sens de RIGHT NOW PIS TU ME DÉRANGES, en train d'essayer de me ramasser des contrats de correction/révision. J’écris au rédacteur en chef d’une revue pour lui faire une offre de sévices avec des exemples de corrections que j'ai fait à des articles piochés au hasard. Je vais essayer à quelques places, je perds rien à essayer. (C'est tu clair que j'essaie d'essayer?) Pis oué, han, tu devines que je soigne mon fronçais un peu plus que dans mes emails pis sur mon blogue gnéseux. Je vais bien perler, tu vas wères.
J'ai pas trouvé de job. Je suis toujours fatiguée, encore, et mon médecin (j'ai un nouveau médecin! Full gentil pis full asiatique qui me sort des proverbes chinois en riant!) n'a pas trouvé de cause physique. En fait, je dois voir un endocrinologue pour une hormone quelconque qui serait apparemment trop présente dans mon organisme, mais ce serait pas suffisant pour drainer autant mon énergie vitale de la vie. Il trouve que, d'après ce que je lui ai dit sur mes symptômes, ça ressemble à de la fatigue psychologique (tu sais bin que je suis une grosse fifure mentale). J'ai eu des belles prescriptions : consultation en psychologie (dans 5 ans), en psychiatrie (dans 10 ans) pour possible trouble de l'humeur à préciser, en endocrinologie pour tu sais quoi, en dermatologie (pour mes restants de lèpre) et il m'a dit de revenir le voir si je voulais des penules. Du type inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (si tu sais pas c'est quoi, google-le, maudit criss d'ostie d'pas bon). Mais il m'a dit que c'était bien important que j'aie la "foi" en mon médicament. Que si je le prends à contre-coeur, ça risquait d'échouer ou de fonctionner à moitié. Il mise en partie sur l'effet placebo. Moi je me demande : à partir du moment où on est conscient de l'effet placebo, est-ce que ça l'annule pas un peu? Non?
Si je commence à travailler dans un mauvais état, je risque de me briser encore plus fort et pour plus longtemps. Mais bon, tu sais autant que moi que les affaires plates de la vie comme payer son loyer et son manger ne s'arrêtent pas juste parce qu'on se sent pas full dedans pour la vie, faque je dois m'organiser assez rapidement parce que hiiiiiiii mon chômage est sur son lit de pitale en train de recevoir des soins palliatifs de la part de gentilles et probablement sexées infirmières.
En tout cas, mon médecin cool m'a dit que si mon état ne s'améliore pas, il va me fournir les papiers nécessaires pour prolonger mon chômage, mais je doute que ce soit possible. Sachant ça, il a rajouté : « Mettez-vous sur l'aide sociale, c'est à ça que ça sert, madame ». Oh. OH. Flash-back du passé. Centre communautaire de B5P. Madame tenant un énorme jambon congelé. « Mange! T'es mèye! » Centre local d’emploi. Face de bœuf. Air condescendant. Sentiment de dévalorisation. Premiers jours de jobs de marde. Bout d’face à claques.
En tout cas. Je réfléchis à tout ça. J’arrête pas de chercher du travail. Mais je travaille surtout à essayer de trouver un autre appart et céder mon bail parce que juste de vivre ici c'est un stress. Ostie. Je t'ai pas dit que je suis presque sul bord de faire de la lévitation? Bref, je veux décâlisser, et il est même (encore) question que je cohabite avec la ringuettitude, mais ce serait temporaire.
Pour améliorer mes finances, j'ai aussi d'autres plans qui impliquent même pas de mettre des pénis dedans moi, mais je t'en reparlerai une autre fois parce que je veux finir mon offre de sévices ce soir.
Je te souhaite des cauchemars affreux de fin du monde sombre de la nuit noire du nihilisme. Au pire.
Ta coloc préférée XX
Le lendemain, par mechazes tesques :
Alin Grosse truie 16:26 : Yeault! Reviens à Québec Beach avec moi au lieu de te faire chier à Mourial.
Moi 16:26 : Mais je me fais pas chier à Mourial! J’aime ça vivre ici!
Je veux juste avoir un appart où je serai bien et retrouver mon énergie de jeunesse.
Alin Grosse truie 16:29 :Ben merde! C’est sain icitte. Pas d’écrivains miteux pis de seringues de drogue partout.
Moi 16:29 : Aon, un écrivain miteux. :)
Alin Grosse truie 16:32 : Mon offre tient tjrs pareil.
Mes boss au resto rénovent un super beau 5 1/2 au centre-ville.
Moi 16:36 : T’es gentil de me l’offrir. Si c’était pas de Mathieu, j’irais hiberner en région où ça coûte pas cher.
Mais je veux pas quitter Montréal…
Hier, il m’a textée pendant que j’étais en pleine vidéoconférence sur Skype (genre le « téléphone du futur ») avec Patrick.
Alin Grosse truie 01:11 : Phie je fais dodo au resto ce soir. :(
Moi 01:11 : Euh, comment ça??
Alin Grosse truie 01:12 : Pas mes clés d’appart pis mes colocs sont pas là.
Moi 01:12 : Ostie d’épais de truie sale.
Patrick fait dire que t’es cave.
Patrick et Alien, c’est une belle histoire d’amour. Ils sont amis depuis la vingtaine sale grunge nihiliste et ont fait environ les 400 coups ensemble (si on additionne à ça la profanation du cimetière de B5P, ça dépasse 400, par principe). Patrick et Alien, c’est le couple spécialiste des petits mots doux. Et c'est Alien qui m'a introduit son cher ami alors que j'étions encore une teen et que Patrick commençait déjà à se trouver vieux. (Autre anecdote pour toi, lecteur : Patrick s’est beaucoup inspiré d’Alien pour un de ses personnages dans Que jeunesse trépasse, je te laisse deviner lequel.)
Moi 01:13 : « Avec un smiley, quand même. »
Alin Grosse truie 01:13 : Merci. :)
Moi 01:13 : Chtaime pareil.
Tu vas t’installer où?
« Yé vraiment vraiment vraiment cave. »
Alin Grosse truie 01:13 : Quoi Pat yé là?
Moi 01:14 : « Yé donc bin rendu jet-set. »
Alin Grosse truie 01:15 : Va chier Brisebois.
Moi 01:15 : « Hihi. Moi j’oubliais mes clés quand j’avais 17 ANS. »
Alin Grosse truie 01:16 : Brisebois criss de cave - déménage avec moi.
Moi 01:17 : Je lui ai dit!
« À Montréal, pas de troube! »
On devrait tous se louer une maison géante, un manoir à Montréal. On aurait du fonne, ensemble! Et ça en ferait de l’espace pour Po! Elle pourrait galoper à sa guise au lieu de tourner en rond sur mon lit! Oui, vivre en commune avec Alien, Patrick, Ringuette, Po, La Fouine et quelques amis courageux. Après deux semaines ça me ferait chier et j’irais vivre dans le cabanon qui sent le saumon fumé et l’huile rancie – le cabanon de ma maison d’enfance sentait ça alors je garde un souvenir malheureux des cabanons en général.
À : Alien
De : Sophy
Rognures puantes,
On parle, on parle, mais tu me dis pas trop comment tu vas. Si tu joues pus à WoW, veux-tu bin me dire ce que tu fais de tes temps libres? Comment tu te sens? Est-ce que Po te manque?
Alien, me permets-tu d’utiliser nos communications pour une note de blogue? C'est pour te punir d’avoir omis de me remettre tes Chroniques du bon manger du coloc que tu m’avais promises. Heille, je t’ai pas payé de la bouffe ethnique du Douleurama pour rien, tsé!
Bon, je retourne me coucher en boule avec Po. Broux. Au pire.
Sophaille xx
À : Sophy
De : Alien
Bin oui. Kerisse. Rajoute cette merde sur ton calice de blogue ennuyant!
***
Yéé!
\o/
16 commentaires:
Je voulais juste te dire que chaque fois que je vois le nom de ton blogue en gras dans mon Google Reader, j'ai une petite joie qui se forme dans mon coeur et j'ai tellement hâte de lire ton nouveau texte que je trébuche avec ma souris en essayant de cliquer plus vite que mon ombre sur ton blogue.
Et je ne suis JAMAIS déçue. Bref, tu mets du soleil dans la journée d'une inconnue :) Merci!
Sophy, c'est toi qui devrait être la nouvelle chroniqueuse de Terreur Terreur.
Kerisse que c'est bon ça.
@Citadine : Aaw, mais ça c'est du gros soleil direct dans mon coeur! C'est la première chose que j'ai lue en me réveillant, j'étions toute éblouie. *_* Merci! Ça m'intrigue de savoir comment tu t'es retrouvée à lire mon blogue si on ne se connait pas du tout. (Mais tu peux garder le mystère si tu préfères.)
@Darnziak : Haha! Merci bien, mais je suis pas du tout terrorisante, moi. Ça aurait pu être une belle occasion de prouver que je suis "capable de dire ce que je pense des textes des autres", mais ça m'intéresse pas. Anyway, prouver des affaires, c'est plate. Et TT a trouvé une chroniqueuse toute qualifiée, ça va mettre des sparkles multicolores dans la place.
@Fredoune : Ce qui est bon, c'est ton dernier poème juste là (une écriture sinsible et tute en retenue) : http://finsetspirituels.blogspot.com/2011/10/juste-vous-dire-que.html (Pepi.)
@Lorazepam : Simplement, je voulais dire que ton texte me paraissait meilleur que tout ce que j'ai « essayé de lire » sur Terreur Terreur durant l'académie.
Ça sens l'amour à plein nez, icitte! =)
À défaut de se voir, j'ai des nouvelles par blogue interposé. 'Aime ça!
L'AFFAIRE DE LA PLOTTE QUI PÈTE DE LA MARDE LÀ? ÇA, ÇA VIENT DU COEUR! KERISSE.
@Darnziak : Moi j'ai quand même eu du fonne à suivre ça. Par contre, j'ai un peu décroché après le départ de Rodrigo. :) Merci pour ton commentaire, mais j'espère que tu es conscient que ça ne peut que m'encourager à écrire encore plus sur mon blogue gnéseux. Et te gêne surtout pas pour sortir ton stylo rouge, je veux améliorer mon français écrit!
@Chinaski? : Je t'ai démasquée! Pis je vais certainement continuer de t'appeler An-Hèle avec mon accent beauceron.
@Pepi : Ton coeur y puze. Mais y puze de beau.
C'est exactement ce que je fais, t'encourager :-) Ton blogue gnéseux est le dernier survivant de l'époque des blogues « personnels » et « quotidiens » - et ça me manque! Continue!
J'ai découvert ton blogue par hasard en cherchant des bons blogues drôles. Y'avait un lien sur un des milliers de blogues que j'ai lu vite-vite, et je suis restée accrochée au tien :P
Je me souviens pas lequel par contre :(
Miam miam miam!
Je t'avais jamais lue, je me promène, je ris fort - de drôle, et aussi de rire.
@Darzniak : Merciii! Et je suis contente de ton retour! Donne-nous notre dose quotidienne de p'tits bonhommes weird.
@Lacitadine : Ça me fait vraiment plaisir de savoir que tu apprécies mon blogue. J'espère que je pourrai contribuer à te mongoliser un petit peu!
@D. Ranger : Je te lis aussi, depuis peu. Sur blogue et sur papier. Je ris aussi, et je fais des zoeils, des AON! des HON! des PAPAON! des HOU! et autres faces/sons de réaction.
Attention à tes zoeils, ma grand-mère me disait qu'on pouvait rester, genre, jammé de même. En zoeils.
(Mais j'pense que c'était du bluff.)
Ta grand-mère avait raison. Ça fait des années que mes zoeils sont jammés comme ça. C'est un peu gênant, des fois.
Mais on voit un peu mieux de même, quand même, on dirait, non? À moins que...
Non, vaut mieux pas trop y penser peut-être.
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