J’arrive pas à rejoindre mon médecin. Il est tellement inaccessible que j’ai même vérifié sur le site du Collège des médecins pour être sûre qu’il exerce toujours la médecine. Il est toujours médecin, toujours à la même adresse, mais toujours pas de réponse au bout du fil, ni de boîte au bout du fil, et de moins en moins de penules mentales dans mon flacon jaune. C’est pus l’temps de niaiser, là. Ringuette m’a dit d’aller à la clinique d’à-côté, au sans rendez-vous. Drette où ce qu’il s’est fait diagnostiquer sa fausse gonorrhée.
Je pensais jamais que je dirais ça un jour, mais je dois avouer que l’ambiance de la salle d’attente était plutôt réussie. Lumières légèrement tamisées, sièges au niveau de confort « correct », aire de jeux pour les enfants plutôt sobre, pas de revues de madames beurrées de bactéries sur tous les sièges, personnel discret. Mais le best, l’élément le plus important qui créait l’ambiance, c’était le monsieur indien qui écoutait de la musique indienne sur son iPod. Sans écouteurs. Plus l’fonne que n’importe quelle musique de salle d’attente que j’ai connue jusqu’à présent.
Après trois heures d’attente à me faire tousser dessur par deux fillettes, c’est enfin mon tour. L’infirmière qui m’accueille me demande ce qui m’amène ici et note ça à mon dossier, puis m’invite sur la balance. Enfin, je vais connaître mon poids! J’appréhende un peu, mais je suis prête. « Quarante-et-un kilo et demi… Ça fait environ, hum… 82 livres? » 82!? Meh. J’ai jamais pesé si peu depuis la fin de ma puberté. Même pas quand j’ai eu une gastro en 2006. Câlasse, j’veux bin croire que je suis maigre, que mes os sont creux, mes musses tout rentrés par en-dedans, que j’ai maigri durant mon été de marde, mais là, ça devient un peu épeurant.
Le médecin entre dans le bureau en me faisant de grands yeux émerveillés. « Tes cheveux! C’est quelle couleur? » Euh, je sais pas. Faudrait demander à Lynda Tremblay, moi je m’y connais pas trop en nuances. Pis ça évolue toujours au fil des lavages. « Je peux toucher? » Euh, oui oui.
C’est de même que la consultation a commencé.
Je lui explique que je me sens anormalement fatiguée, que je serais pas étonnée d’être anémique vu que je mangeais pas très bien l’été dernier. J’ajoute que j’aimerais bien vérifier mes réserves de B12, que j’ai déjà eu un problème avec ça dans le passé, et que je mangeais pas très bien durant mes années d’études. « Pourquoi tu mangeais mal? Tu vivais en Afrique? » Duh. Bin oui, toué. Tu penses que dans notre beau pays, tout le monde a toujours les moyens de bien manger tout le temps? Bon. Je dirai pas qu’il est naïf. Il voulait peut-être juste être drôle.
Il me fait une prescription de potion magique, une prescription pour des tests de sang, pis au moment où il essaie de s’enfuir, je l’attrape et lui demande : « PIS MON COL? » J’ai beau avoir un col rose et sain, l’infirmière qui me l’avait examiné m’avait rappelée par la suite pour me parler de « cellules atypiques », en spécifiant que c’était « rarement grave », mais que je devrais quand même aller me faire voir le col de nouveau. Ça fait deux ans. C’tu grave? « Pas nécessairement, mais tu devrais en parler à ton médecin. Tu devrais aussi revoir ton psychiatre. » OK. Je vais faire ce que je peux. Mais c’est-tu encore possible de se trouver un médecin de famille à Montréal? Il m’a regardée tendrement, puis a lâché un long rire diabolique avant de sortir du bureau.
Mais je suis pas découragée. J’ai encore de la potion magique pour un bout, pis j’ai eu le temps de lire au moins soixante-dix pages de Vie d’Anne-Sophie Bonenfant. Pis en plus, j’ai catché que 50+42, ça donne pas 82 mais bien 92. PAPAON!
2 commentaires:
C'est pas x 2,2 habituellement? Donc tu pèses 92,4!! Oublie pas ton 0,4. YAY!
Enweille, mange tes muffins!
P.-S. Pourquoi les médecins des sans rendez-vous sont toujours aussi bizarres? J'ai eu des expériences similaires, dont celle-ci racontée sur mon blogue (désolée si tu l'as déjà lue) : http://eclatsurbains.blogspot.com/2011/10/une-otite-avec-ca.html
Peut-être que même les meilleurs médecins profitent de leurs périodes de sans rendez-vous pour lâcher leur fou?
En tout cas, le mien était pire qu'il en a l'air ici. J'ai même pas parlé des commentaires bizarres sur les homos qu'il a fait à mon coloc.
Péesse : Je me souviens de ton expérience avec ce médecin, ha ha!
Publier un commentaire