lundi 23 septembre 2019

Le crapaud poffé

En me rendant à mon rendez-vous, j’ai aperçu un crapaud (Anaxyrus americanus) en plein milieu du sentier que je suivais le long du parc La Fontaine. On aurait dit qu’il attendait de se faire aplatir par les trois joggeurs qui se dirigeaient droit sur lui. Je me suis interposée entre eux et le crapaud (ça avait l’air de les faire chier, faut jamais déranger les joggeurs), j’aimerais dire héroïquement, pour me vanter un peu, mais c’était juste un réflexe super naturel (que tout le monde devrait avoir, ciboire!). J’ai essayé de l’inciter à avancer pour sortir du sentier, mais il avait trop peur, il s’est poffé comme un diodon. Le monde s’arrêtera pas de jogger pour un crapaud, alors je l’ai pris dans ma main pour l’emmener vers le bord de l’eau, dans un endroit moins passant (si ça se peut dans un parc…).

Mais où t’espères aller comme ça? Dans le Quartier latin? Y’a pas de place pour les crapauds en ville. Les milieux humides sont rares et minuscules. Reste là, essaie même pas de trouver mieux ailleurs. T’es grand, t’as l’air d’un crapaud d’expérience. T’allais quand même pas traverser Sherbrooke?

Ayayaye, j’étais super inquiète pour son avenir et un peu paternaliste, je sais, et je lui disais tout ça — dans ma tête — en le transportant, pis c’est là qu’il s’est lâché dans ma main. On arrivait! J’allais le déposer, pis il me pisse dessus! Brave, brave, petit punk.

J’ai un peu essuyé ma main dans la pelouse humide — de pluie et d’urine de chien, I guess? —, mais j’avais vraiment hâte de laver mes mains en arrivant à la clinique. Je marchais avec une main en quarantaine, je me sentais ridicule, mais c’est correct, j’ai aidé le crapaud. Je pense.

Quand je suis revenue de mon rendez-vous, j’ai pris le même chemin, et je n’ai pas revu le crapaud. J’espère qu’il va bien. Sauf que j’ai vu trois écureuils leucistiques, et plusieurs goélands à bec cerclé (Larus delawarensis), dont deux qui ont retenu mon attention quelques minutes : un adulte, à la tête toute blanche, et un « adulte immature » (je sais pas comment traduire nonbreeding adult), qui avait encore quelques taches sur la tête. Ils semblaient chasser les vers, mais ils étaient pas très bons. Enfin, je pense? Ils sortaient des bouts de bois de la terre en faisant des faces de fru. Le plus jeune avait l’air de surveiller son mentor pour apprendre comment ça marche, mais c’était pas exactement le meilleur stage de chasse que j’ai vu. Ou c’est peut-être moi qui projette cette idée parce que j’ai remarqué la différence de génération. En tout cas, ils avaient un peu l’air de se faire chier, des fois ils se couchaient comme de petites poules, mais ça m’a pas empêchée de les trouver parfaits et magnifiques.


Et juste avant de rentrer chez moi, j’ai fait connaissance avec une nouvelle chatte dans ma ruelle. Quand je suis arrivée, elle faisait caca dans le beau jardin communautaire où c’est INTERDIT DE FAIRE CACA. Je lui ai flatté le bedon pour la féliciter. Brave, brave punk. Elle s’appelle Toutoune, elle était très ronde et pourtant même pas poffée.

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