jeudi 7 février 2013

Les affaires importantes de la vie


La semaine passée, je me suis enfin décidée. Ça faisait déjà quelques semaines que je me loadais de courage, puis je suis passée de l’idée à l’acte : je suis allée chez moi coiffeur. Sans prendre de rendez-vous, question de pas paniquer à la dernière minute et tout annuler. Paniquer? Bin oui. J’ai peur du coiffeur, moi. C’est pas le coiffeur en tant que tel qui me fait cet effet — surtout que le mien est super fin, pis en plus c’est un pirate —, c’est l’idée de rester assise sur une chaise, immobile, pendant qu’on me taponne les cheveux. Consciemment, ce qui m’effraie c’est la possibilité de ressortir de là avec une coupe dégueuse que je vais regretter pendant des mois, mais je sens qu’il y a quelque chose de plus profond que j’arrive pas à cerner. En tout cas, la semaine passée, je suis partie d’un pas ferme et j’ai marché une bonne demi-heure dans la grosse neige mouillante pour prendre la chance de peut-être avoir un rendez-vous. Le réceptionniste m’a dit qu’Olivier serait tout à moi dans une demi-heure. Yé! La chance! J’ai juste eu assez de temps pour aller chez Mathieu pour me plaindre que j’ai peur pis faire rire de moi. Mais Mathieu ne fait pas que rire de moi. Mathieu m’a dit quelque chose que peu de chums diraient à leur blonde : « Peu importe ta décision, ce sera la bonne. » Non mais faut-tu être fin? Je pourrais arriver avec un mullet pis il m’aimerait encore. Quand j’ai dit ça à mon pirate, il était pas mal content lui aussi, parce qu’il en voit souvent, des clientes qui se font surveiller par leur chum. « Pas trop court! Je veux pas avoir l’impression de sortir avec un gars! » EURQUE. Avoir un chum de même, je me raserais les cheveux. Pis après, je le crisserais là. Mon coiffeur était du même avis. Je l’aime, mon coiffeur. Mais pas juste parce qu’il est d’accord avec moi. D’abord, c’est un bon coiffeur, il sait se servir de ses ciseaux. Ensuite, il est sympathique. Mais aussi, chose importante à mes yeux, il juge pas les goûts des autres. Et il recherche pas la beauté à tout prix. « Des fois j’essaie une nouvelle coupe, pis on me demande kessé qui m’a pris de me couper les cheveux de même. Je fais ça parce que ça me tente, pas spécialement pour plaire! Si tu trouves ça beau, tant mieux, sinon, je m’en sacre! » HIGH FIVE! Je lui ai dit que ça fait un moment que je revendique mon droit à la laideur, et il était plutôt d’accord avec ça lui aussi. Yeah! Ayons l’air de ce qu’on veut/peut, c’tu clair?! (Finalement, faut que je l’avoue : je trouve ça quand même le fonne quand les gens sont d’accord avec moi.)

Toute cette conversation me faisait un peu oublier ce que j’étais en train de subir. Mon coiffeur pirate venait de me libérer des deux tiers de mes cheveux. J’ai regardé le sol, c’était comme si on avait vidé le contenu d’un sac de tondeuse. (Ouin, je pourrais refaire ma couleur, aussi.) Il me tend un miroir, pour que je voie de tous les côtés. Aon, j’aime ça! « Si jamais t’es pas sûre dans les prochains jours, reviens me voir. »

J’ai passé le test de la première semaine : je suis pas traumatisée par l’amputation. Merci, coiffeur pirate. Ça devrait m’aider à avoir moins peur la prochaine fois. Enfin, je le souhaite.

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