mercredi 23 novembre 2011

Le soir où j’ai chillé avec Gaston

C’était encore l’été, dedans il faisait chaud mais dehors il faisait chaud correct, j’avais passé la journée devant l’ordi alors j’ai décidé sortir galoper dehors telle une pouliche qui sort de son box au printemps. Mue à la fois par le désir d’explorer mon nouveau quartier et par la culpabilité de ne jamais entretenir ma vieille carcasse ankylosée, je marchais vite vite au demi-trot, propulsée par mon bébéPod. J’ai marché jusqu’à ce que je sois vraiment écoeurée de marcher, stade ossetie que chfatikée.

Je retournais chez moi au petit trot, les jambes palpitantes, me disant que j’avais sûrement un système cardiovasculaire de marde. J’ai ouvert la porte de mon bloc, puis celle qui mène à la cage d’escaliers, puis PAF! ou plutôt PAKLAW! j’ai senti comme un coup de 2x4 dans face, ma première poffe d’air était vraiment douloureuse. Mon premier réflexe fut de sortir dehors en courant pour prendre une seconde poffe d’air, ça s’est fait super vite, comme quand tu restes trop longtemps sous l’eau pour examiner le motif de la toile au fond de la piscine et que tu réalises que t’as besoin d’air . Je me suis donc retrouvée dehors à me demander kessé que j’avais bin pus respirer pour ressentir ça. Il n’y avait pourtant pas d’odeur, pas de fumée, rien. Juste de l’air brûlant. La sensation m’a rappelée la fois où j’avais pris une grosse poffe de cendre accidentellement en fumant du pot avec mon premier chum. Mais cette fois-ci, je comprenais pas pourquoi. J’ai pensé appeler mon concierge, qui aurait pu me rassurer en me disant que c’est juste du stoffe chimique qu’il a épandu pour tuer les scutigères véloces, par exemple, mais j’osais pas l’appeler à minuit. Mais que vaiche ferge? J’avais besoin d’un avis.

J’appelle Mathieu, mais ça ne répond pas. Ah fuck, il est parti voir un show et je sais pas quand il revient. Ah, tiens, je vais appeler Patrick. Je m’assois sur le trottoir et je prends un ton décontracté pour lui expliquer ce qui se passe, même si en réalité, je sais pas pantoute ce qui se passe et que je commence à être un tout petit peu paniquée. Je veux juste un avis. Faut dire que le jour-même, mon nouveau médecin, un gentil monsieur un peu farfelu, m’avait dit que j’avais peut-être un trouble d’anxiété généralisée, ou peut-être autre chose, enfin, c’est le psychiatre qui va décider. Donc, si je suis folle, mon jugement doit pas être si bon, han? Je dois être en train d’amplifier les choses, non? « Ça doit être dans ta tête. Va dormir chez Mathieu. Si y’a vraiment quelque chose, tout va être réglé demain. » Et si demain tout mes voisins sont morts à cause d’une fuite de gaz toxique ou je sais pas quoi? Je me sentirai pas tellement mieux, tsé.

Je décide d’aller chez Mathieu en essayant de me convaincre qu’il va revenir bientôt. J’appelle Info-Santé. L'infirmière rit un peu, elle est vraiment embêtée, elle sait même pas quoi me conseiller. Je pourrais peut-être appeler le Centre antipoison? « Oui, c’est une bonne idée. Ils devraient être en mesure de vous dire ce qui peut causer une telle irritation. » Cette fois, la madame ne rit pas : il faut appeler les pompiers. Eux seuls peuvent vérifier la qualité de l’air pour savoir s’il présente un danger. J’appelle donc les pompiers. La deuxième madame est encore plus sérieuse, elle est prête à m’envoyer les pompiers drette-là. Mais c’est peut-être pas vraiment grave? Je suis peut-être encore plus fif des nasaux que je le croyais? « Madame, on ne peut pas prendre de tels risques pour la santé des autres. » OK, oui, c’est vrai, je comprends. Mais vous allez pas envoyer un camion de pompiers avec les sirènes pis toute, han? Je veux pas réveiller mes voisins. « On peut pas faire ça, madame, il y a un protocole très strict à suivre. » Oh damn. Moi qui n’osais pas réveiller mon concierge, voilà que j’apprends que le quartier au complet va savoir que je badtripe à cause d’un possible pet trop épicé pour mon tit nez. « OK, je vous donne l’adresse, mais pouvez-vous attendre 10 minutes avant de les envoyer? Je dois me rendre chez moi avant eux… » Oui, bin oui, c’est à cet instant que je me suis rappelée qu’il y a une caserne de pompiers à un coin de rue de mon bloc, en plus ça m’a pris du temps à m’en rendre compte, j'entendais des sirènes jour et nuit et j'en ai rapidement déduit que les gens du quartier étaient yinque des maudits pas bons de malhabiles qui sacrent le feu à tout instant. J’ai pas encore fini mon appel que je suis déjà en train de descendre les escaliers en courant, je dois arriver chez moi avant eux. Je m’en veux d’avoir dépensé toute mon énergie pour une marche inutile même pas héroïque. OH NO, je vois des lumières au bout de la rue. FUCK, je vois passer un homme en uniforme. Ohmondiou, y’ont peut-être pété les fenêtres et les portes! \o_O/

Argh, je voulais juste 2-3 pompiers discrets qui arrivent sur la pointe des pieds, et je me retrouve avec deux camions qui flashouillent de tous les bords et une dizaine de pompiers qui attendent à ma porte. Je suis si essoufflée que j’arrive pas à finir mes phrases. Oui... c’est moi qui ai appelé… mais… c’est peut-être pas si grave… je suis pas sûre de rien… juste pour vérifier…

Je donne ma clé aux monsieurs et ils montent les escaliers, équipés de leurs bidules pour tester la qualité de l’air et de leurs gros pénis de pompiers de calendrier de pompiers sexés. J’ai envie de leur dire de pas marcher trop fort pour pas déranger les voisins quand un voisin arrive à l'instant. Je lui explique la patente. C’est mon voisin gentil qui ressemble à Tom Savini mais avec des lunettes pis une coupe Longueuil. On franchit la première porte, puis je me mets à tousser. « Oui, c’est vrai que l’air est piquant… » On ressort dehors et on observe par la porte vitrée. Les pompiers sortent de la cage d’escaliers, commencent à cogner très fort dans la porte de chaque locataire. « POMPIERS! ON ÉVACUE! » Me confirment qu’il y a un manque d’oxygène à l’étage et qu’ils vont essayer de trouver ce qui rend l’air pas respirabe. « Vous avez bien fait de nous appeler. » OK, j’avais besoin d’entendre cette phrase pour dégonfler mon malaise un peu. Merci. J’peux-tu aller chercher mon chat? Svp monsieur?

Je l’ai pas encore mentionné, mais depuis le début, je pense à Po, j’essaie de me convaincre que c’est rien, mais j’ai pas osé retourner chez moi pour aller vérifier si elle va bien. « Y’a pas de danger pour votre chat, inquiétez-vous pas. » Vous êtes sûr? « Certain. »

Même si c’est pas vrai qu’ils sont sexy, les pompiers inspirent naturellement le respect et la confiance. Dès le premier coup d’oeil, on sait pas pourquoi mais ils sont rassurants et admirables, contrairement aux policiers. Les voisins sont entassés sur le trottoir. Wow, méchante gang. Je connais pas la moitié d’entre eux. Une voisine que j’ai jamais vue me dit qu’elle a remarqué que l’air était incommodant « mais bon, on respire tellement d’odeurs chimiques dans une journée qu’on finit par s’habituer à tout… » Gaston me dit « c’est toi qui les as appelés? », je dis oui, que ça m’inquiétait, mais j’avais bin peur de déranger tout le monde pour rien. Gaston me dit qu’il a rien senti parce qu’il a les narines finies. Je lui demande pas pourquoi. Le monsieur à moustache qui a un accent italien ou portugais (je sais pas faire la différence) est vraiment dedans et nous fait un show. Il fait les cent pas dans la rue en se lamentant, hyper théâtral : « Ah ah ah! C’est looong! Jé travaille démain! » Ah ouin? T'as des tuyaux à débloquer? Une princesse à secourir? Tout le monde le niaise, personne peut croire qu'il travaille un samedi matin. Des passantes s’arrêtent pour se prendre en photo avec les pompiers, qui eux se font siffler dans la rue pendant qu’ils font leur travail. Un caméraman d’un poste quelconque de tévé espère faire des bonnes shots. Manne, tu perds ton temps : c’est une opération longue et pas télégénique. Tom Savini de Longueuil est de grosse bonne humeur, il arrête pas de faire des blagues avec Monsieur Zombie et avec moi, il rigole : « Hihi! On va prier pour ton chat! Hihihi! » Po… J’essaie d’oublier que je suis inquiète en riant avec les voisins. J’en profite pour demander à Gaston si je le dérange encore, si je fais toujours du bruit sur sa tête. Il dit que non, que c’est correct, sauf quand j’ai mes souliers, pis que « l’ancienne voisine a devait peser 300 livres, je l’entendais BANG BANG BANG jour et nuit. Toé, c'est bin moins pire. » Oh. Je pense que je commence à le comprendre un peu mieux.

Cette ambiance de party (forcé) de voisins est vraiment étrange et intéressante, et j’aimerais ça rester pour savoir ce qui nous vaut cette évacuation, mais j’ai trop frette pour rester figée dehors. Oui, moi je claque des dents à 21°C. Alors je pars chez Mathieu pour aller me chercher une chemise. Je le rappelle et il me dit qu’il va m’accueillir avec une couverture de sinistrée. Il me rejoint à mi-chemin avec son beau coat de jeans avec du pwel de pimp. Aon.

Quand je suis revenue, le party était fini. Pus de voisins, pus de pompiers, l’air était correct. Tout ce que j’ai su, c’est que c’était probablement du poivre de cayenne qui m’avait vargé en pleine face.


Cette aventure urbaine m’aura laissée avec un tourment qui part pas : j’aurais même pas essayé de sauver Po dans une maison en flammes. J’ai honte.

7 commentaires:

La citadine a dit...

C'est drôle que tu racontes ça, j'ai vécu une situation similaire y'a 2-3 mois. Je trouvais que ça sentais pas mal le gaz dans ma fausse cheminée à gaz, et j'étais toute seule à l'appart. Personne à qui demander "tu trouves pas que ça sent le gaz?" J'ai appelé la ligne d'urgence du bloc, et ils m'ont dit d'appeler les pompiers tout de suite. Alors j'ai paniqué et je les ai appelés, en disant comme toi que j'étais peut-être fifi des nasaux, mais ils m'ont envoyé 3 putains de gros camions, 12 pompiers... POUR RIEN. Y'avait rien. Apparemment, c'était probablement un oiseau mort sur le toit qui dégageait l'odeur et qui s'infiltrait par la cheminée.

La pire honte de ma VIE.

Au moins, toi ils t'ont prise au sérieux et ils étaient d'accord que quelque chose clochait :P

Anonyme a dit...

Où est le piton « j'aime »?

Lora Zepam a dit...

@La Citadine : HAHAHA! Un oiseau mort?? Je m'excuse, mais je RIS, là!
Et pourquoi ils envoient une armée de pompiers? Je comprends ta honte. J'avais bin peur d'apprendre que j'ai dérangé tout le monde pour rien, mais d'un autre côté, je trouve pas ça super rassurant de savoir qu'un voisin s'amuse avec du poivre de cayenne. Hum.

@Darnziak : Ah, tu vois, c'est ça qui est POCHE avec les blogues. Si on aime, on est forcé de l'écrire et parfois même d'expliquer pourquoi. Blogger devrait peut-être faire un piton "J'aime".
(Merci! ^_^)

Rayne a dit...

Je trouve pas que tu devrais avoir honte pour bébéPo. T'as fait confiance au pompier, tsay.

<3

La citadine a dit...

Je sais pas, je leur ai demandé s'ils pouvaient m'envoyer genre une personne pour tester l'air, mais ils m'ont répondu comme toi, qu'ils avaient des procédures strictes à suivre T_T Le lendemain, je me suis acheté un détecteur de fuite de gaz... Pu jamais. En plus c'était la première fois de ma vie que je composais le 911. Si on compte pas la fois au bureau où j'ai composé le 9 pour sortir, puis "1" pour longue distance, et j'ai accroché le 1 une autre fois... Mais j'ai raccroché tout de suite en panique... >_>

Anonyme a dit...

Avec mes poumons, le poivre de cayenne pourrait me tuer. C'est pas rien. Les pompiers, quand ils arrivent, ils sont super sérieux. Pis deux minutes après, ils déconnent pis ils cruisent. Mais pas moi. Évidemment.

Lora Zepam a dit...

@Chinaski : Oué, mais je voulais dire que mon premier réflexe aurait dû être d'aller la chercher, dès le premier doute que j'ai eu. C'est PO, tsé!

@Citadine : Haha! Je comprends ta panique. On a grandi avec l'idée que cette série de chiffres existait pour les affaires GRAVES, alors ça donne l'impression que la vie devient grave quand on compose le 9-1-1 (même par accident).

@Luc Chicoine : Je t'image, oui, cruiser les pompiers pendant que tu tousses tes poumons en sang.