[Vision flou de flash-back]
C'est le Jour D! Jour du déménagement! Wouhou! Yéé! Je suis contente! Ça fait des semaines que je trépigne à l'idée de m'installer dans ma nouvelle maison sucrée. Toutefois, bien que je macère dans mon jus depuis un bail (un BAIL! hi hi! ho ho!), et bien que le coloc pis moi on est écoeurés de vivre dans un appart sale ("On n'est quand même pas pour faire le ménage là si on a déjà prévu faire un méga ménage de déménagement, han?" "Bin d'accord."), on se lève sans aucune envie de déménager. Ça nous tente juste pas de faire ce gros effort. On râle, on rampe, on se lamente, pis à travers ça on se botte le cul mollement, juste pour dire. Le coloc avait raison : j’ai sous-estimé la quantité de cochonneries que je dois faire rentrer dans le truck qu'Oli emprunte à sa job. Je fais un tas "cossins à donner/jeter" et un tas "cossins non prioritaires". Je m’invente un sens de l’organisation, là.
À entendre ses longs miaulements, à voir ses yeux inquiets et sa façon de marcher sans qu'on voit ses pattes, je suppose que Po n'a pas envie d'un 9e déménagement. Je stresse à l’idée que Po soit stressée.
Oli veut commencer par déménager Alien parce qu’il ne s’en va pas très loin et qu’il a si peu de stock qu’on pourrait le charger sur une mule (mais on n’a pas pensé à chercher une mule). J’espère qu’il aimera ses nouveaux colocs, sinon je vais le faire livrer d’urgence à Mourial.
Mon tour. On fourre le truck avec mes cochonneries. Oli fait du Tetris. Il est bon! Moi je lui donnerais un gros score. Le truck est tellement loadé qu’on pourra pas ouvrir la porte sur le côté au risque de provoquer une explosion de cossins mal triés. Dernière étape : attacher mon matelas sur le top du truck. « Vous êtes SÛRS que ça va tenir? » « Oué… Oui oui, check, c’est solide. » Hum. Je suis pas complètement rassurée, mais je suis complètement tannée et je veux partir. J’appelle mon concierge pour savoir comment obtenir les clés de mon nouvel appart. « Ah non. Je peux pas te laisser déménager si tard, ça va déranger les autres locataires. Tu m’avais dit que t’arriverais vers 7h! » Oui, c’est ce que j’avais prévu. Mais la vie contient souvent une dose imprévisible d’imprévus, tsé. Je peux pas reculer, là, yé trop tard! Si je vide le truck, je pleure, et je perds ma chance d’avoir de l’aide dans les prochains jours. Je négocie, et on s’entend que Mathieu va aller chercher les clés tout de suite, et que je vais déménager silencieusement. Ouf. J'ai eu peur.
Gaétan Tanguay est à mes pieds. J'essaie de pas faire un dégât de terre dans le beau truck pas à Oli. Po est tranquille. On a près de trois heures devant nous pour jaser, se reposer, manger. Fuck. La seule nourriture à ma portée c’est une boîte de biscuits soda trop salés. Je me force à en manger parce que je sens que j’ai vraiment besoin de calories si je veux pas mourir avant d’arriver en ville mais ça me tombe vite sur le coeur, c’est comme boire un grand verre d’eau de mer mais sans l’eau. Et si je mange pas, la faim me donne la nausée. Quel dilemme plate (et inintéressant, c’est vrai). La grosse misère, han. Mais je peux pas juste me plaindre, tsé, j’ai tellement eu de chance dans tout ça. Parce que ma richesse, c’est mes amis. Et ils n’existent pas seulement pour faire la fête car je vais avoir de l’aide pour décharger le truck. Ouf. Je texte Luc Chicoine pour lui dire qu’on part.
LUC CHICOINE!* à 19:24
Ok good! Vous passez me chercher? Haha
Moi à 19:25
Haha. J’aimerais trop ca! Le char est si plein que j’ai pas tout amené. 0_0
Ford Flex tout plein, ca te donne une idée?
LUC CHICOINE! à 19:25
Oups! Lol
Moi à 19:27
Ohlala, faut qu’on dompe mon matelas, ca tiendra pas.
LUC CHICOINE! à 19:28
Oh shit!
Moi à 19:30
Je veux pas causer un accident!
LUC CHICOINE! à 19:30
Non, pas pour un matelas
Moi à 19:31
On cherche une place ou le domper…
LUC CHICOINE! à 19:31
Wow lol un autre beau billet de blog
Moi à 19:35
Hehe, merci de voir du bon cote.
Au moins, Po crie pas.
On balance mon matelas dans un conteneur à déchets chez Home Dépôt. Il n’était pas neuf, mais quand même, je viens de perdre mon lit. Pour le moment, je m’en câlisse. Ma principale préoccupation, c’est de rester vivante. Je suis déjà épuisée et je sais que ça va être long avant que je puisse dormir sur mon plancher. Là, j’ai très faim, là. Ostie de biscuits soda dégueulasses.
On arrive! Mathieu, Choukri et Luc Chicoine nous donnent un précieux coup de main. Tout le monde a bien compris qu’il faut procéder le plus discrètement possible, je voudrais pas arriver ici en guerre avec mes voisins. Ça roule bien. Jusqu'à temps que j’entende parler fort au rez-de-chaussée. On dirait presque une engueulade, ça résonne dans les couloirs. Je descends pour voir ce qui se passe. Choukri et Luc Chicoine tiennent mon plus gros morceau, Vagine à laver, ma mini-laveuse à roulettes, tandis qu’un voisin, celui qui parle fort, veut vraiment beaucoup nous faire comprendre qu’il est interdit d’avoir une laveuse dans le bloc. Bon. Je me dis que je vais rester calme, parce que je tiens à avoir une bonne relation avec mes voisins, et j’ai toujours eu de bonnes relations avec mes voisins, alors ça devrait bien aller. Le concierge est au courant, tout est bin correke. Oui, je sais qu’il n’y a pas d’entrée pour les laveuses, mais Vagine se plogue direct sur le robinet. Oui, monsieur, je vais lire les petits caractères sur mon bail, vous avez raison, il y a peut-être eu un malentendu. Et je vais en reparler au concierge, même s’il m’avait dit que c’est bin correke d’avoir une laveuse, et si ça pose problème, je vais m’en départir, simplement, je veux pas causer de problème à personne. Mais pour l’instant, je vais juste la monter chez moi. Oui, enchantée, monsieur. Moi c’est Sophy. OK, je vais me méfier du voisin « calleux de 911 ». On a droit à un paragraphe complet en majuscules sans ponctuation toute la patente. Là, Mathieu intervient. Mathieu, cet être tout en douceur, bourré de tact, inoffensif comme un bébé chaton, aussi menaçant qu’un bébé fourmilier. « Faudrait pas parler trop fort, pour pas déranger les voisins… » C’EST PAS À TOÉ QUE JE PARLE T’ES PAS SUL BAIL C’EST À ELLE QUE JE PARLE. Sans le regarder. Oh. Ish. Mathieu ne répond pas. Une chance qu’il est capable de mettre son orgueil de côté. Une chance que tout le monde garde son calme. Je suis si heureuse, à ce moment-là, que mes amis ne soient pas agressifs et violents.
Le monsieur s'en va. On poursuit.
Choukri : Bienvenue à Montréal!
Luc Chicoine : As-tu un bail mensuel?
Moi : Non, annuel…
Au total, ça nous aura pris environ une demi-heure. Pendant que je remercie mes anges gardiens sur le trottoir, mon voisin revient. Il s’excuse d’avoir été un peu impoli. Il me parle des règlements de l’immeuble. Poignée de mains, salutations. Je peux pas en vouloir à quelqu’un qui reconnait sa faute et qui présente des excuses, alors ça va, tout est correct.
J’ai quand même un drôle de feeling, mais pas « haha-drôle », comme dirait Ralph Wiggum. Hum, est-ce un bon départ, ça?
mercredi 20 juillet 2011
Le jour où j'ai quitté Québec-Ville
Libellés :
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Po
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2 commentaires:
Eeeexcellent !
Maaaaarci! ^.^
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