dimanche 17 mars 2013

Je rentre seule chez Mathieu pis internet est cassé


J’ai même pas eu le temps d’enlever mon manteau que je suis déjà accueillie par un bedon félin. La Milla se tortille par terre devant moi, visiblement heureuse d’avoir de la compagnie. Sa maîtresse est absente, les parents de Mathieu dorment dans le salon, je suis le seul être éveillé dans sa demeure. Viens Milla, je vais te raconter ma soirée, même si tu t’en câlisses.

Je reviens de la soirée d’Erika Soucy, Les anges de la rénovation littéraire. Un concept qui s’annonçait pas mal drôle, et qui le fut, justement. J’en ai eu mal à la face, pour te dire. J’avais pas envie de sortir aujourd’hui, je me sens fatiguée et j’ai un début de rhume, mais je regrette pas d’avoir traîné ma carcasse jusqu’au fonne qui m’attendait. Ça a été comme ça pour tous les autres événements du festival Dans ta tête. Ça a commencé le 6 mars, mais j’ai manqué tout le show. Me sentais pas mal poche d’arriver après la prestation sanglante et suintante de FullBlood. Le show était fini, mais pas la soirée. On s’est déplacés au Cheval blanc, après les salutations, parce que certaines personnes devaient quitter, dont Darnziak qui travaillait tôt le lendemain, et les membres de FullBlood — Dulude, Dostie et Brouillette-Hamelin — qui rentraient à Trois-Rivières le soir même. En arrivant au Cheval blanc, qui est-ce qu’on voit s’en venir en traversant Ontario, triomphant? Dulude! J’imagine la scène. Les trois gars sont en char, direction Trois-Rivières. Dulude ressent l’envie irrésistible de poursuivre la fête. Il ouvre la porte pendant que le char file et bondit comme un chat, roulant jusqu’au trottoir. Ninja Dulude saigne presque pas.

À l’intérieur de la taverne, on avait collé sept tables pour rester attroupés. Je me suis éloignée du troupeau avec Catherine une vingtaine de minutes, le temps de réaliser une entrevue. Une fois les trois heures sonnées — le coucou est sorti trois fois, je l’ai vu et j’ai compté — quelqu’un a dit qu’on pouvait tranquillement finir notre dernier verre, que la soirée serait réellement finie au moment où quelqu’un se déciderait à danser sur les tables. Je sais plus c’était qui ce prophète, mais la fin de la veillée est arrivée avant longtemps, et c’était une crisse de belle finale. Dulude a doucement grimpé sur une table et s’est mis à marcher à quatre pattes, en miaulant à chaque pas. Miaw, miaw, miaw, miaw, miaw, miaw, miaw, etc. Jusqu’au bout de la septième table. Il a fait demi-tour et il est revenu jusqu’à son point de départ, toujours en miaulant. Il a cassé un seul verre au passage. Sa performance lui a valu des applaudissements, bien sûr. En tout cas, c’était aussi drôle que malaisant. J’adore Dulude.

Après, il y a eu la soirée de Stéphane Larue. Le beau Stéphane Larue — tu le replaces? — avait invité une jolie gang de truands : Raymond Bock, Edouard H. Bond, Martin Ouellet, François Rioux, Hugo Sémillant (la nouvelle recrue de TT) et Antoine Lussier, fier concurrent de Vickie Gendreau à Terreur Académie. Mais la surprise, la présence que j’aurais pas pu deviner, c’était Sébastien Chabot, que j’avais pas vu depuis six ans (!). Puisque je suis une fan de l’auteur et que j’aime le Chabot en tant qu’être humain, j’étais pas mal contente de le voir, de l’entendre lire, de lui faire la bise et de lui jaser ça. (PUB : son prochain roman sort dans deux semaines aux éditions Trois-Pistoles. Surveille ça.) Ed Hardcore a annulé sa présence au show, il devait se rendre à une séance vaudou très tôt le lendemain matin. Triste. Mais je l’aime trop pour lui en vouloir.
En tout cas, on aurait dit que les truands s’étaient tous passé le mot pour être drôles ce soir-là. C’était plus une gang de mongols qu’une gang de truands. Hugo a ouvert la soirée avec un texte de chatte — hiiiiiiiiiii! — pas mal trippant, et après sa prestation, je suis allée lui remettre le macaron « J’aime les chattes » que je portais sur mon veston. Les textes lus seront publiés sur Terreur! Terreur! prochainement, alors surveille ça aussi. Celui de Martin Ouellet est déjà en ligne.
Tel que promis à Larue, je m’étais déguisée en shérif. Mon gonne? Mon fusil à eau en forme de pénis, bien sûr! Encore une fois, il a fait sensation et s’est baladé au cours de la soirée. J’ai hâte que quelqu’un d’autre s’en procure un, question de faire des duels de gonne-pénis.

Cher lecteur, faut que je me confesse. Je suis pas en train de raconter ma semaine à Milla. Je sais bien trop qu’elle m’écoutera pas, ça l’intéresse zéro, ma vie plate d’humain plate. Je m’adresse à toi, lecteur. Je me dis que si tu t’es rendu jusqu’ici, tu devrais être en mesure de toffer jusqu’à la fin. Mais si tu trouves ça pénible, cesse cette souffrance. Les internets sont vastes, le monde est vaste. Et la vie est si courte.

Milla a bin d'autres choses à faire que de faire semblant d'écouter mes histoires plates.

En nous rendant au Chaos, ce soir, Mathieu et moi avons longé le Square St-Louis, où on a croisé 10-15 chars de police remplis de policiers pour la brutalité policière — trouves-tu que j’exagère? — et ça m’a glacé le sang comme à chaque fois que j’en vois depuis le printemps 2012, tsé la fois où j’ai perdu une autre couche de naïveté et que la petite parcelle de confiance qu’il me restait envers les forces de l’ordre (lol) m’a complètement abandonnée. Petite touche d’inquiétude pour le reste de la soirée. J’avais peur de croiser des flics en rentrant chez Mathieu. Qu’ils aillent se coucher, les osseties. Qu’ils changent de hobby.

Les anges de la réno étaient au moins aussi drôles que les truands, mais l’ambiance était différente. D’abord, DJ Erika Soucy était complètement déchaînée, elle n’avait aucune limite. Encore une fois, j’ai trippé sur toutes les lectures, pour des raisons différentes. Fabrice Masson-Goulet et son livre de femmes fontaine + un micro T-Pain. Ouch, ma face. Douleur de pleurer de rire. Merci à Erika de nous avoir informés sur la réincarnation chez les animaux. Pis Alexie Morin… Je serais bin tombée en bas de ma chaise si j’avais pas si peur du plancher du Café Chaos. Tout était parfait, vraiment. Son texte est sur son blogue, avec des notes bonus. Autre grand moment de la soirée, la lecture de Patrick Brisebois. Quand Patrick lit, il a souvent l’air un petit peu mal à l’aise — personnellement, j’ai toujours trouvé ça adorable. Il ne performe pas son texte, il le lit. Mais câlisse que son texte torchait des culs (avec une serviette chaude). Entrecoupé de passages d’un livre de Raël du temps où il s’appelait encore Claude Vorilhon : Les extra-terrestres m’ont emmené sur leur planète. Ataboy. Je souhaite très fort que Patrick publie son texte, ou qu’il fasse un livre à partir de ça. Quand il eut finit de lire, j’ai remarqué que Mathieu pleurait. J’étais assise sur lui et je m’étais pas rendu compte de ça. Je l’avais entendu dire « wow » à la fin, mais je me doutais pas qu’il était si bouleversé. Patrick dédiait ce texte à Vickie.

Au moment où les copinots ont décidé de migrer vers le Cheval blanc, je suis sagement rentrée chez Mathieu, seule. J’étais très tentée d’accompagner cette bande de fous que j’aime tant, mais j’avais un virus à tuer pis du sommeil à ta rattraper. Ossetie que chu plate, des fois. Avant que je quitte le Café Chaos, Patrick m’a remis son livre de Raël et le texte qu’il a lu. Il voulait pas traîner ça pour le reste de la soirée. J’ai relu son texte. Je n’ai pas lu le livre de Raël.

Patrick Brisebois, tenant Raël entre ses mains. Photo : © Mathieu Poirier

Je marche sur St-Denis en flottant un tout petit peu, comme toutes les fois où je reviens d’une bonne soirée de gros fonne avec mes amis, mais cette fois, mon bonheur est teinté d’une petite tristesse. Émue par le texte de Patrick, et émue d’avoir vu Mathieu ému aux larmes. Et je pense à Vickie. Emo.

Avant qu’on se rende au Café Chaos, Mathieu a des donné des nouvelles de Vickie à ses parents qui revenaient du Costa Rica. Je repense à cette conversation, aux yeux tristes de Mathieu. Je pense à Vickie. J’ai mal aux yeux.

Milla est couchée sur mes bras pendant que je tape ces mots. Elle ne nuit même pas à mon confort. Elle fait vibrer ma cage thoracique de petit oiseau desséché. Je lutte contre le sommeil, j’attends Mathieu en bobettes. On va regarder Lance et compte.

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