mercredi 6 mars 2019

Le cabaret qui take your breath away

Samedi, je suis allée à une soirée new wave Rewind qui avait lieu dans un nouveau bar. Depuis la fermeture du Passeport (RIP) en 2016, je dois errer ailleurs pour m’exciter sur le dancefloor sur de la musique que j’aime, et à date j’aime bien la Shop, mais là, je pense que j’ai trouvé ma nouvelle planque à goths. 

Moi, j’étais prête à y aller seule s’il le fallait : j’avais besoin de danser, et j’étais trop curieuse de découvrir le Cabaret Berlin. J’espérais quand même une sortie avec tout le polycule, mais Rita avait besoin de repos et a préféré rester à la maison pour prendre soin de son mari enrhumé. J’avais aussi invité Thieuse et sa blonde, mais le Festival Dans ta tête et le gala de l’Académie de la vie littéraire, c’est prenant en maudit. Mais le chum du mari de ma blonde était full partant, et Ringuette a défié son rhume pour nous rejoindre au bar. Parle-moi de ça, du monde qui sortent en hiver!

Le Chum est arrivé en premier, je l’ai rejoint pas longtemps après. 

— Tout le monde est trop vieux ou malade, il reste juste nous! Et Ringuette s’en vient dans pas long!
— Mon ex-collègue arrive bientôt aussi!
— Yéé!




En me rendant au Cabaret Berlin, j’avais remarqué une scène d’accident sur Papineau. Une voiture en avait embouti une autre, son boom de course était un peu amoché (je connais pas le nom des pièces de char). Deux voitures de police, pas d’ambulance. L’accident m’a paru bénin, j’ai poursuivi ma route. Comme Ringuette me suivait de quelques minutes et prenait presque le même itinéraire, il m’a textée pour me dire que quelqu’un était mort sur Papineau (RIP). Il a vu une voiture avec le devant brisé, un corps dans un sac. J’ai eu envie de lui dire de ne pas me donner plus de détails, parce que c’est le genre de choses qui peut facilement me perturber et me mettre dans un sale mood, mais je me suis plutôt tournée vers le Chum et je lui ai dit qu’on devait ce soir célébrer la chance qu’on a d’être encore en vie. Il a acquiescé. 

Le méta-métamour — quand je lui ai demandé s’il existe un terme pour décrire le chum de mon métamour, il m’a appris le mot méta-métamour, alors appelons-le de même — avait oublié son lipstick noir « chez les deux autres ». Sachant qu’il s’en servirait plus que moi, je lui ai donné le mien, cadeau de Catherine, mon adolescente préférée avec qui je peux échanger du linge : de l’encre noire au fini vinyle. Il était full quioute, le bébé goth! (J’ai l’doua de l’appeler comme ça, parce que c’est le plus jeune du polycule.) On a fait des selfies devant le miroir — un miroir en dehors des toilettes, c’est pratique en estie, merci — pour les envoyer dans notre conversation de groupe nommée polycule. Avec des ti-coeurs noirs. Bébé goth et sa méta-métamour (semi)vieille goth. Ringuette, lui, il a pas arrêté de l’appeler « mon amant » même si on fourre pas pantoute.

— Yé passé où ton amant? Me semble que je l’ai vu aller aux toilettes pis yé pus jamais revenu.
— C’est parce qu’il y a une warp zone dans les toilettes du Cabaret Berlin. Ça mène aux toilettes du Bistro de Paris.

Pourquoi j’irais en Europe si j’ai le Bistro de Paris pis le Cabaret Berlin dans la même ville, à 3 km l’un de l’autre? En tout cas, on dirait que mon méta-métamour est un peu tombé dans l’œil de Ringuette, mais il veut pas que je lui dise, parce que ça le gêne. Ah bin crisse. Ça fait 10 ans que Ringuette pis moi on est amis, et je viens d’apprendre que ça peut lui arriver d’être gêné. La petite bestiole recèle encore des secrets, aon.

La piste de danse, je lui donnerais au moins 4,5 étoiles dans ma très subjective évaluation personnelle des pistes de danse. Le son est assez fort pour que je me sente bien enrobée par la musique et que je n’entende pas les conversations autour de moi, mais pas assez pour m’empêcher de parler un peu avec mes ami·es ou pour me détruire les tympans. Depuis que mon ami Boban m’a parlé de son acouphène, je suis super prudente et je porte des bouchons quand je sors danser ou voir un show — et ça m’a pas empêché d’en pogner un moi aussi quand je suis allée voir A Place to Bury Strangers; une chance que c’était bon en crisse. Cette fois, je les avais oubliés dans mon manteau, au vestiaire, et ça m’a même pas tenté d’aller les chercher. Juste pour dire.

Sinon, il faisait plutôt chaud, alors je suggère fortement le linge de slut. J’ai un peu regretté d’avoir gardé mes bottes de skidoo et mes jambières. Une chance que je portais mon top slaque Vickie Gendreau en lettres d’or, qui dégage le dos, c’est vraiment mon préféré pour les canicules quand je peux pas être tounue, avec en dessous mes nouveaux pasties à paillettes d’or en guise de coquetterie ET de sécurité : pas question que je me fasse arrêter par la police parce que mon mamelon de femme s’est pointé hors de mon chandail. Je suis prudente. Sauf que. Ringuette a flashé mes propres boules sur la piste de danse. Il était malheureusement trop saoul pour se souvenir des belles leçons de consentement qu’on lui a apprises durant la dernière année.

Aussi, je sais pas si ça se peut qu’une ventilation soit assez efficace pour que jamais jamais je ne sente la moindre odeur de pet, mais, bon, ça devient une tradition : j’ai peut-être pogné les premiers pets de gothiques du Cabaret Berlin. Dans des moments de même, j’ai le réflexe de regarder tout le monde autour avec suspicion, mais ça sert à rien. Personne va se dénoncer d’avoir pété sur la piste de danse. Alors tu deales avec, même si ça te coupe le souffle, et tu te concentres sur la musique. 

Thieuse m’a écrit ça pendant qu’on dansait. Quand je vous dis que c’est une tradition…

Ça, c’était mon commentaire pointilleux, parce que sinon, j’ai rien à redire sur la musique, qui était parfaite et satisfaisante pour mes goûts et mon envie de me shaker la fesse. Oh, pis Ringuette m’a fait une traduction simultanée de Sweet Dreams en français. J’étais à la fois irritée et fière de lui. Et j’ai entendu au moins deux tounes de Talk Talk, et chaque fois, il y a eu une pluie de pétales de roses noires, et tout le monde pleurait en remerciant Mark Hollis (RIP).

En dansant, on a trouvé Manon, qui était très dedans pour danser. Manon, que j’ai connue via cette chose qu’on appelle blogue (on a fini par s’habituer au nom, j’imagine?). Je suis aussi tombée sur quelqu’un que je croise toujours aux mêmes places : des soirées goths et Expozine. Cette fois, je vais me rappeler son nom. J’ai aussi vu deux personnes arriver sur le dancefloor unies par une laisse. Je veux bien croire que les pratiques BDSM sont de plus en plus mainstream, mais je vois à peu près jamais des gens afficher leur relation D/s aussi clairement en dehors de l’intimité ou des donjons. Est-ce l’époque ou le lieu qui a permis cette chose? Peut-être les deux? J’en sais rien, mais c’était beau à voir. Et je me sentais pas pantoute comme une touriste au Cabaret Berlin.

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