J’étais en train de tchatter avec ma belle brume quand t’à coup j’entends des hurlements de démons dans la ruelle — des chats, on s’habitue presque. Mia arrive au galop, breake sec devant moi, me fixe de ses grands yeux noirs, et me lâche un petit « miau? » comme si j’étais supposée savoir quoi lui répondre. Tute poffée. Elle perd pas de temps à me questionner pis elle s'en va tussuite voir à la fenêtre de la chambre pour comprendre qu’est-cé qui se passe dehors. Quatre, cinq secondes. Mia repart vers la cuisine, grimpe sur le rebord de la fenêtre. Petits miaux anxieux. Elle court à la fenêtre de sa chambre, je l’entends, pou-doum, puis elle revient dans la chambre de Mathieu, pour surveiller par la fenêtre. Elle dépoffe tranquillement…
Ça l’a occupée pendant plusieurs minutes. Ça m’a aussi divertie, je l’avoue. Mais là, je pouvais pas trop niaiser, fallait que je fasse un aller-retour chez moi. Ce qui veut dire interrompre mes activités importantes pendant une heure. Sauf si je voyage en Bixi. Hum. Est-ce que je suis game?
Avant de déménager à Kingston, Frédéric m’a légué sa clé de Bixi. Il reste encore plusieurs semaines de belle sphate sur laquelle rouler, il faut bien que j’en profite. L’affaire, c’est que j’ai peur de faire du bécique à Montréal. Et je suis limite dangereuse. J’ai peur de me faire fesser par un char, peur de faire une collision avec un autre cycliste en sens inverse, peur de passer sur une rouge sans m’en rendre compte, peur de glisser sur une pelure de banane. Je me sens pas safe sur un bécique à Montréal. Vraiment pas à l’aise. D’un côté, il y a moi, et à l’autre bout du spectre, il y a Ranger. J’aimerais ça arriver à me situer presque au milieu, juste pour dire que je peux considérer que c’est une bonne idée de me déplacer à vélo au moins une ou deux fois par semaine. Pis là, c’est le temps de m’exercer.
Je pars pis je me trouve un Bixi. Je prends le premier du bord. Avant de le sortir de son box, je me rappelle que Mathieu m’avait recommandée de vérifier les pneus. Je les tâte. Euh, ça me semble être, euh, de bons pneus. Je libère mon Bixi (ça commence bien, continue comme ço!), je réussis à ajuster le siège (yé!), pis je pars. Doucement. Pas vite. Je sors ma vision périphérique, j’ouvre grand mes oreilles, pis j’atteins la piste cyclable sur Rachel (une étape de faite! High five!). Rachel. Arque. La seule fois où j’ai fait du vélo à Montréal, c’est l’été dernier, pis j’étais passée drette là. Cette fois, c’est pire, parce que je suis toute seule, y a pas Mathieu qui me surveille en riant. Je suis sûre que ça paraît que je suis tendue. Les mains sur les freins, je roule en pépère, je regarde partout en même temps, j’ai peur qu’un char passe sur une rouge ou oublie son stop et me ramasse violemment, je suis tute poffée, j’ai hâte d’avoir franchi cette zone. Huuuuh…
J’ai survécu. Tout s’est bien passé, je suis rentrée chez moi, j’ai flatté Po pis j’ai ramassé mes cossins. Mais pour le retour, j’ai préféré marcher. Trop fatiguée pour être assez attentive pour rouler.
En route vers la picerie avec Mathieu.
— Ça a l’air de rien, mais depuis que je passe mes journées à courir dans tous les sens, je me mets en forme!
— Aon, c’est bien.
— Reste juste à m’inscrire au gym pour devenir FORTE.
— Pourquoi devenir fort quand on a des ROBOTS? Ça sert pus à rien d’être fort.
— Bin là. Je veux pas que ce soit un robot qui clanche Jean-Philippe au bras de fer. Je veux le battre avec MA force!
— Pourtant, ça serait pas mal plus l’fonne avec un robot…
— Oui, OK, t’as raison. Ça serait très cool de voir un robot contre Darnziak. Hi hi hi…
Je veux quand même aller au gym. Parce que je veux casser des noix avec mes fesses.
Je sais pas comment finir cette note de blogue. Toute cette activité physique m'a épuisée, mes yeux ferment tout seul. Rockyfication, étape 1. Yeah.
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