jeudi 22 mars 2012

J'aime les goélands


Les pompiers sont encore venus tantôt. C’est la deuxième fois cette semaine. Quand je suis sortie du bloc, un de mes voisins était assis dans les marches près de l’entrée. Je lui ai demandé s’il savait pourquoi l’alarme sonnait encore, mais il était incapable de me répondre. En pleine crise d’asthme. Je pouvais pas rester sur place à cause de la frustration et de l’envie de peupi qui s’aggravaient dans mon dedans de fille écoeurée de toute (oui, même de faire peupi), faque je me suis dirigée vers chez Mathieu, en arrêtant au Jean Couteux pour lui acheter une potion rouge parce qu’il est malade. En chemin, un doberman est venu me lécher les genoux. J’ai même pas pris le temps de répondre à son accueil, trop pressée et fâchée. 

Je suis rentrée chez Mathieu sans trop faire de bruit. Il était au lit, réveillé. Je lui ai donné son remède. Je pensais lui avoir transmis mon rhume, mais ça doit bien faire deux jours qu’il est alité alors que moi j’ai juste morvé une journée et demi, alors je sais pas trop quel virus il a pogné. C’est rare que je le vois malade, je trouve ça quand même un peu inquiétant.

Là, je suis au parc. J’observe la faune. L’étchureux teigneux s’approche de moi. Il est intimidant, mais jamais autant que les écureuils du Yâwbe qui faisaient du vandalisme sur ma poubelle quand je suis arrivée à Québec. Les goélands ont l’air de brasser des affaires sérieuses. Maudit que je les aime, les goélands. Est-ce parce que la faune de Mourial est trop limitée? Non. Je les ai toujours aimé. Je me souviens de la fois où j’étais au Jardin zoologique de Québec avec ma classe de troisième année. Durant le dîner, qu’on prenait dehors assis sur le gazon, je mangeais ma tite samouiche frette tute écrapou par mon ice pack, pis je regardais le goéland qui me regardait. Il me fixait, je le fixais. Je voulais lui donner ma samouiche, mais je me suis fait dire que c’était cave de m’attarder sur un goéland alors que j’étais dans un zoo. Han? Rapport. Je le trouve beau, le goéland. Veux-tu que je retourne pleurer devant la cage ridiculement petite des grizzlis? Le goéland est beau, libre, il crie drôle, il a l’air doux. 

Je poursuis ma marche, gardant l’espoir que ma barre d’humeur va reverdir. J’arrête au guichet. Y’a un p’tit roux qui me fait du charme. Il baisse ses lunettes fumées en me faisant des sourires de p’tites dents pendant que sa mère fait ses transactions d’adulte plate. Je pense qu’il aime mes cheveux. Ça me fait sourire moi aussi, je sors de là en me disant que je suis en train de réussir ma mission, je suis déjà un peu plus légère. Au coin de rue suivant, un homme étrangle son chien avec sa laisse. Il lui parle sèchement, une grosse brute conne, il lui tire la peau du cou par secousses. Son chien a l’air hyper soumis. Il détourne le regarde, les yeux mi-clos, il reste immobile. C’est clairement pas la première fois qu’il se fait brasser comme ça. Me vient une image mentale de cet homme en train de se faire dévorer par une meute de hyènes. Les hyènes ont une mâchoire vraiment boucoup très très solide. Ça doit faire mal. Dans ma tête, le monsieur souffre beaucoup.



Mission échouée.

3 commentaires:

Anonyme a dit...

"... je mangeais ma tite samouiche frette tute écrapou par mon ice pack".

Merci pour cette belle phrase, qui vient mettre un rayon de soleil dans ma journée grise.

Jean-Yves

Anonyme a dit...

On dit pas secousses, on dit escousses.
- Émélée

Lora Zepam a dit...

Jean-Yves : Une tite samouiche au jambon en canne fourrée à la mayonnaise Miracle Whip, un Jutel aux raisins, et un Ah! Caramel pour dessert. Pour Jeune Sophy, c'était un repas de fête. D'où mon envie de le partager avec le beau goualand.
Envoyer kek rayons UV (inoffensifs) dans la journée grise de quelqu'un, ça fait ma journée. Merci de me lire!

Mélée : T'as tellement, tellement raison. Mon papa me l'a appris, pourtant. J'aime ça quand tu surveilles mon vocabulaire, je te fais confiance, t'as l'expertise.