lundi 6 avril 2020

Les cupcakes de fête ratés

[Originalement publié le 29 décembre 2019 sur mon Patreon.]


Ok, je veux pas me vanter, mais je pense que je suis maintenant une experte du sauté de légumes et tofu. La première fois que je me suis risquée (!) à tester le sauté de légumes, j’en ai fait deux fois dans la même semaine, et ça s’est bien passé chaque fois. Pas de dégât magistral, rien qui pogne en feu, bon gout, bon croquant. Tout le reste de cette semaine-là était de la marde, mais les sautés de légumes, bravo! C’est à la hauteur de mes capacités : mettre de l’huile dans une poêle, ajouter des légumes surgelés et du tofu coupé en dés. C’est sûr que ça m’a demandé du courage de préparer le tofu — faut ouvrir l’emballage, rincer le tofu, le couper —, mais ça a valu la peine parce qu’après j’en ai eu pour trois repas. Pendant que ça cuisait et que je stressais à l’idée que ça brule, j’ai demandé à Isabelle combien de temps ça pouvait prendre pour être prêt. Elle a dit 5 à 10 minutes, sauf que selon mes estimations très subjectives, je dirais plutôt que ça m’a pris 7 à 8 heures avant de pouvoir manger. C’est tellement long, cuisiner. Surtout quand t’as faim. Je me trouve vraiment chanceuse de pas être animal sauvage.

Les cupcakes que j’ai essayé de faire entrent dans la catégorie marde de cette semaine-là. C’était il y a deux semaines, la veille de la fête de Cendres. L’idée de faire des cupcakes m’a pognée vers minuit, je me disais que ce serait gentil d’emmener ça à son party d’anniversaire. Pour me donner une chance, j’ai choisi une recette que j’avais déjà réussie, provenant du site de Robin Hood. Sont bin bons, là. Rien d’extraordinaire, mais relativement faciles à faire. En plus, les cupcakes pis les muffins, c’est censé être mon point fort. Sauf que.

Je voulais pas faire de bruit, pis partir un batteur électrique à 1 h, c’est risqué. Mais la pâte était beaucoup trop grumeleuse, alors j’ai dû me résoudre à sortir la machinerie lourde de cuisine. J’ai fait ça vite, me disant que si jamais ma voisine me demandait si j’ai véritablement eu le front de sortir un batteur électrique à 1 heure du matin, je lui dirais que je suis désolée mais que je ferais jamais une affaire de même, que c’était mon vibrateur, et là, la honte changerait de camp. C’est qui les p’tits malins, han?

J’ai eu la bonne idée d’aller prendre ma douche pendant la cuisson, question de rentabiliser mon temps (maudite société productiviste). Ça sentait bon quand je suis sortie de la salle de bain, sauf que les cupcakes étaient pas à la hauteur de ce que l’odeur laissait présager. C’était sec, trop cuit, fade, avec un arrière-gout de je sais pas quoi. J’étais pas pour emmener ça au party de Cendres. Je trouvais ça encore moins gênant de rien apporter. 

C’est juste le lendemain que j’ai compris mon erreur : j’ai juste mis 3/4 tasse de sucre au lieu de 1 3/4 tasse. J’aurais dû m’en rendre compte en le faisant, mais j’étais trop occupée à avoir honte de faire du bruit avec mon batteur électrique. 

Le bruit du batteur électrique tard le soir, ça me rappelle ma mère stressée qui faisait les desserts des fêtes à la dernière minute, pendant qu’elle se teignait les cheveux et emballait les cadeaux qu’on n’avait pas le droit de voir. Pas surprenant qu’on l’entendait dire des phrases comme « j’ai même pas eu le temps d’aller pisser aujourd’hui! ». Pas surprenant non plus que j’aie des enjeux d’anxiété. 

La fête de Cendres était le fonne! Tout le monde se faisait faire des tattoos de jointures avec un beau crayon argenté, et Régis m’a fait un PAIN parce que c’est une bonne amie. J’ai voulu écrire PEPI SLUT sur les jointures de son chum Luc, mais pour une raison que j’ignore, j’ai plutôt écrit PEPI SLUL. Eh bin. 


Là, j’essaie de tirer une leçon de tout ça. Qu’il vaut mieux rien apporter dans les potlucks que traumatiser le monde avec du manger pas mangeable? Que c’est important de bien lire les recettes? Que c’est cave de cuisiner la nuit à la dernière minute? Qu’il faut quand même continuer d’essayer de cuisiner pour les ami·es? En tout cas, Doune les trouvait bin corrects, mes cupcakes. Le truc, c’est de les imbiber de sirop d’érable. Ça les rend effectivement beaucoup plus supportables. Il s’est même improvisé une recette : faire du gruau, émietter un cupcake raté dessus, et verser du sirop. Il a un instinct culinaire, pareil. 

La leçon, c’est peut-être aussi que tout est récupérable avec un peu d’imagination. En plus, c’est l’imagination qui a fait grandir François Lambert, alors je garde espoir. 

J’espère que vous passez de belles fêtes! XX

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