vendredi 24 juin 2011

Comment utiliser un cockring pour enfants avec des chiens

Cette semaine, je suis devenue un petit peu plus Montréalaise : je devais aller à ‘pital pour des prélèvements sanguins, ce qui fait que j’ai maintenant ma carte du CHUM. C’est touchant. La semaine prochaine, je devrais être beaucoup plus Montréalaise car je vais enfin avoir les clés de mon nouvel appart où je pourrai entasser mes boîtes de cossins et m’installer avec Po ma chatte gériatrique. Mais je dois dire que je me sens surtout Montréalaise depuis que je participe aux rencontres hebdomadaires de la Ligue Internationale Montréalaise de Pétanque, fondée par des amis complètement adorabes (je suis pas Woody Allen, moi, ça me fait plaisir de faire partie d’un club qui veut de moi, surtout s'il est constitué d'amis aussi fantastiques).

C’est par un beau dimanche après-midi que Mathieu pis moi on s’est rendus à notre toute première partie de pétanque avec notre kit de boules qu’on s’est acheté dans le quartier chinois (on est allés là juste pour ça, mais j’ai quand même acheté une lampe laitte en papier pour éclairer tout en rouge mon nouvel appart). Je connais rien rien à la pétanque, excepté le terme cochonnet que je trouve fort charmant. Le groupe a choisi un beau spot à l’ombre, je suis contente, ça va préserver ma peau semi-translucide. Choukri est totalement absorbé et passionné par la partie de pétanque en cour. J’ai hâte d’apprendre à jouer! Émilie a le plus beau chandail de minous de la ville. Hulie veut que je mette du Herbert Léonard, mais mon bébéPod ne fitte pas avec son ghettoblasteur du futur. On chante, ça fera. Luc Chicoine nous parle de son maillot de bain, qui est en fait une paire de bobettes, mais « des bobettes vraiment sexées ». Il s’arrange pour être pogné pour nous prouver ça, là. Émilie a amené un livre féministe des années 70 ou 80. Elle nous lit un paragraphe qui nous explique comment bien chevaucher l’homme. Léa et Hulie sont en feu et nous parlent des nouveaux personnages qui vivent dans leurs têtes, sont meilleures que n’importe quel finissant de l’École de l’humour, mieux, ce sont des dames de théâtre mais avec plus de naturel et surtout, du gros fonne, du niaiseux, du mongol, c’est la schizophrénie à son meilleur. Je vais finir par avoir mal à la face.

De 16 à 21h, je suis restée assise/couchée sur un drap au parc à placoter et mangeouiller avec les copains, sauf pour une pause où Léa a proposé d’aller mater les chiens au parc à chiens. Elle a apporté l’étrange jouet trouvé au parc, un truc turquoise avec un anneau de plastique. On était d’accord pour dire que c’est un cockring, mais Mathieu a dit que c’est un cockring pour enfants à cause du format de l’anneau et de la face d’animal dessus qui le rendait un peu trop fonné pour rien. On a franchi les deux barrières et on s’est approchés tranquillement des joyeuses bêtes qui lâchaient leur fou, j’ai remarqué que certains avaient beaucoup de fou à lâcher lousse, dont le whippet qui avait l’air d’un furet trop grand, et le premier qui est venu nous voir nous a conquis sur-le-champ : un petit beagle avec trop d’oreilles. Pas en quantité, en longueur. Elles étaient douces! Toute sa face était douce! Et il nous laissait profiter de sa douceur, on le taponnait, on le flattait, on le complimentait, c’était notre meilleur ami du moment. Léa, la « quille dans un jeu de chiens », a lancé le précieux item vers le milieu du terrain. Le brave pitou s’est garoché dessur, la queue comme un hélicoptère, et son excitation a attiré l’attention du whippet qui s’est alors lancé à la poursuite du trésor. Nos deux pitous préférés se chamaillaient pour le cockring. Hulie : « ZIZANIE AU PARC À CHIENS! » Mathieu : « C’tait pour les enfants, ce cockring-là! C’tait pas pour les chiens! » Ni le beagle ni le whippet ne nous a rapporté le jouet insolite. On a quitté le parc à chiens.
J’aime ça, la pétanque!

vendredi 17 juin 2011

Prédictions angéliques pour Edouard Hardcore

Né le 28 mars 1975

Choeur Angélique : I. Les Séraphins
Archange recteur : Metatron
Période de force : 26 au 30 mars
Nom de l’Ange : Jeliel
Numéro de l’Ange : 2

Wow, comme ma mère! Vos vies vont peut-être se ressembler? Si tu connaissais ma mère, tu trouverais ça cocasse.

En 2011, tu vivras des remises en question. Conseil angélique : quand t’es vraiment dans marde, demande de l’aide à ton ange Jeliel ou à ton ange recteur. J’ai pas son email, alors va falloir que tu sois débrouillard.
Ed, tu aimes avoir le plein contrôle des événements mais, cette année, tu devras t’armer de patience parce que ça marchera pas toujours comme tu veux. Il faut que tu prennes le temps de bien réfléchir avant de faire quoi que ce soit, watch out l’impulsivité. « Si vous brusquez trop les événements, les résultats en souffriront ainsi que votre moral. » T'as bien compris? C’est sûrement pas des menaces en l’air.

Amour
Il paraît que si tu as vécu une rupture amoureuse ou un deuil l’année passée. Bin imagine-toi donc que tu vas encore penser à cet événement cette année et que --check bin ça-- ça va te faire de la peine. Maudites affaires de pas drôles.
Quand ça va mal en amour, prie Vehuiah ou Jeliel. Aussi, on te recommande chaudement de dialoguer avec ton ou ta partenaire en cas d’épreuve. Vraiment. Dialoguer, communiquer.
Mais il parait que toi, enfant de Jeliel, tu vas bien t’en sortir. Tu vas les trouver, les solutions. Ou alors c’est ton ange qui va le faire? Enfin, ça va bien aller, cher.

Travail
Bon, côté travail, tu vas rusher. Il va t’arriver un paquet de troubles : collègues chiants, exigences effrayantes, tâches démesurées, défis insurmontables, etc. Pis en plus, personne pour t’aider. « Il faudra attendre le mois de juillet pour voir des changements favorables. » AH! Une chance que je t’ai pas dit ces prédictions angéliques au début de l’année, ça t’aurait salement démoralisé, han? HAHAHA! Eh. Octobre et novembre aussi seront favorables pour l’upgrade de ta situation professionnelle. Ça se pourrait même que tu retournes aux études!

Santé
En général, t’as pas en t’en faire, mais surveille ta santé mentale. Il faut que tu puisses admettre que ça t’arrive d’être fatigué, parce que l’orgueil pourrait te faire dépasser tes limites (veux-tu vraiment être interné?). « Prenez soin de vous à votre manière. » Bon, je pense que tu sais ce que ça veut dire. Je pense que tout le monde sait pas mal ce que ça veut dire. « Faites-vous masser (!), si vous en ressentez le besoin. Allez au cinéma. Mangez un bon repas devant la télé dans votre fauteuil préféré. »


Troubles de zoeils ou chirurgies. Maux d’oreilles, maux de dents. Attention aux objets tranchants. Tu vas prendre des antidouleurs (attention, la morphine c'est roff). Risques de blessures à la main ou au poignet (raison de plus pour faire appel à une aide extérieure). Une mauvaise nouvelle attend les fumeurs de plus de cinquante ans. Ouf, t’es correke!

Chance
Je trouve ça plate de te dire ça, mais ça a bin l’air que la chance va être moyenne en 2011 pour les Séraphins. Moyen, c’est plate rare. On te recommande même de jouer « raisonnablement ». MAIS! pour toi, enfant de Jeliel, la chance va être un peu meilleure. Et si j’ai bien compris, la chance, c’est à peu près juste lié à la loterie et aux jeux de hasard. Parce que je vois que tes chiffres chanceux sont les 3, 28 et 32, tes jours de chance sont les mercredi et dimanche, pour les mois c’est juillet, octobre et novembre, et oh! je lis que « tous les billets que vous recevrez seront chanceux ». (!!!) On fait-tu un deal? Je t’achète un gros tas de Poule, Bingo, Slingo et on partage? Ça serait équitable, non? Après tout, ne suis pas en train de t’aider à avoir une vie meilleure? En tout cas, retiens bien ceci, car c’est peut-être un des plus précieux conseils que tu recevras cette année : « Si un homme aux cheveux bruns vêtu de foncé vous offre un billet, achetez-le puisqu’il pourrait être chanceux. » C’est écrit noir sur blanc, p.37 des Prédiction angéliques de Joane Flansberry. Et si ça t’intéresse, tes mois non favorables : janvier, mars, mai et août. Tu peux déjà vérifier.

Maintenant, j’ai des prédictions plus spécifiques aux enfants de Jeliel (t’en es un, si tu l’as pas encore compris). En gros, tu vas récolter le fruit de tes efforts, et trois événements te feront sauter de joie. Je t’ai jamais vu faire ça, j’espère être là quand ça va arriver. Ton ange accompagnateur, c’est Lecabel. Parait que c’est lui qui va te sortir de la marde si tu tombes dedans. Encore une fois, je peux pas te dire comment le contacter, c’est vraiment pas mon domaine. Google-le, tu me diras ce que ça donne. Et sache que l’Ange Lecabel te permettra de « recevoir les bienfaits de chacune de vos bonnes actions ». ÇA, ça veut dire qu’il faudra que tu fasses des bonnes actions. Au pire, essaie d’être discret.

Ensuite on tombe dans un chapitre qui divise l’année en saisons, c’est long pis encore plus redondant, alors j’espère que tu m’en voudras pas que je te parle juste de la saison estivale (juillet-août-septembre).
C’est vrai, ça, que tu es du genre à tout planifier? C’est ce que je lis, en tout cas. Je veux pas t’écoeurer avec ça, mais y’a rien qui va marcher dans ce que tu planifies. Et il parait que c’est même pas grave!
Tu dois t’attendre à de belles surprises dans la semaine du 8 au 16 juillet (mais là, ça va être à moitié surprenant, parce que tsé). Ensuite, tu vivras beaucoup d’imprévus (contrairement aux années précédentes où tout ce qui arrivait était toujours prévu, han), tu vas patauger pis ramer pour rien pis tu vas être frustré (prépare-toi des nouveaux jurons). « Conseil angélique : Au lieu de courir, apprenez à marcher. Ainsi, vous ne ferez pas de pas inutiles. » Magnifique. Marche, Ed. Marche.

Sur le plan affectif
Je sais que tu as des émotions, toi aussi, alors j’escamote pas cette section. Émotivité, déception, tristesse, orage. Tout ça à cause d’un travail ou de l’indifférence. Sentiment de rejet, menace de séparation ou divorce. Cause? L’ostie d’argent. Fais attention à l’argent! Faut pas en manquer, mais faut pas trop en vouloir non plus, ah, c’est compliqué le rapport à l’argent. Moi, ça m’écoeure. Mais il n’est pas question de moi ici, alors je poursuis. Tu pourrais faire une rencontre intéressante en juillet : « Même si elle n’est pas physiquement votre genre, cette personne saura vous charmer. » OK, c'est vraiment intrigant. Tu vas m'envoyer un jpeg? Je suis curieuse. Ça m'arrive pas souvent d'être curieuse comme ça, mais là. En tout cas, cet été sera favorable aux belles rencontres, alors mets tes plus beaux suyers.

Sur le plan du travail
Tu vas suer et bûcher, mais ça va en valoir la peine. Hausse de salaire, meilleures tâches, retour aux études ou nouvelle job. Il y a des risques de déceptions, peut-être même que ton contrat de travail ne sera pas renouvelé. Mais tu as de bonnes références parmi tes collègues, ça va t’aider. Bonus : tu vas recevoir un honneur! Employé du mois? J’sais pas! T’as hâte, han?

Sur le plan de la santé
Fatigue et épuisement, petits bobos. Prescription : repose-toi! (Ou retourne voir une masseuse…) As-tu déjà essayé la méditation? Les produits naturels et les vitamines pourraient aussi t’aider.

***Bonus de fin***

Petite liste à cocher. Cet été, il se pourrait que :

- tu perfectionnes tes talents (aon!).
- tu reçoives 2 à 6 gains monétaires.
- tu déménages à la campagne (pas déjà?!).
- achète un ou plusieurs chevaux (des pouliches?). Ou adopte un autre animal de compagnie (une licorne?).
- tu brises une relation amicale ou amoureuse. Ou apprennes la séparation d’un proche. Bref, il se pourrait que des gens mettent fin à une relation cet été. Houlala.
- tu manges un coup de foudre. Mais on parle d’amour, là.
- quelqu’un de ton entourage se blesse l’épaule (TABARNAC!).
- tu subisses un dégât d’eau (ou rénove ton toit).
- tu fasses des virées à la campagne. Et que tu pêches.
- tu vives HUIT JOURS de tristesse. Des larmes sont à prévoir.
- tu fasses de belles récoltes si t’es apiculteur (je ne connais pas toutes tes passions secrètes).
- tu reçoives de l’aide d’un Ange terrestre pour régler une situation toff.
- tu achètes un immeuble à revenus.
- tu vives ou sois témoin d’un divorce (on a-tu compris, tu penses??).
- toi ou un membre de ton entourage se blesse l’épaule gauche (ah! un peu plus de précision, yé!). Tu vas consulter un physiothérapeute.
- tu apprennes un secret suprenant.
- un membre de ton entourage te parle d’une faillite (moi je dis que t’es pas forcé de subir des conversations plates, tsé).
- tu sois secoué par un séisme (hohoho) dans un autre pays. Ça veut pas dire que tu vas être là. Mais ça se pourrait que tu connaisses kekun qui y était et qui en serait traumatisé.

Ça s’annonce quand même pas pire, han? Moi, ce que je retiens, c’est de la chance, des séparations, des pouliches, pis des bobos à l’épaule. Si tu veux connaître la suite pour cet automne, fais-le moi savoir.

mercredi 15 juin 2011

Bonnie la chienne la plus cool de l'univers

Bonnie habitait officiellement su Marc, un de nos voisins de chalet. Jamais je ne l’ai vue avec une laisse ni même un collier, c’était la chienne la plus libre que j’ai connue. Aussitôt qu’elle entendait le moteur de notre voiture qui passait devant su Marc, elle nous accueillait et nous suivait jusqu’au terrain/au chalet pour nous accompagner dans toutes nos activités extérieures, dont la baignade à la rivière, où elle semblait troublée de nous voir disparaître sous l’eau. Bonnie, toujours à proximité de nous, monitrice de nos vies sans jamais avoir à intervenir comme Littlest Hobo parce qu’il ne se produisait jamais rien de dramatique dans notre vie pas comme à la tévé.

Elle était si belle! Marc disait que sa Bonnie était un croisement entre un labrador et un berger allemand. Elle avait pourtant un masque de husky, mais quand même des oreilles de labrador et aussi des pattes palmées d’ornithorynque et les couleurs d’un écran de télé enneigé.

À chaque fois qu’on allait se promener dans la forêt, à la rivière ou à la montagne, on pouvait compter sur elle pour nous escorter avec enthousiasme et quand même beaucoup de sérieux. Bonnie, c’était une chienne très sérieuse. Elle n’aboyait jamais, elle ne jouait pas tel un éternel chiot, elle aimait se faire flatter, mais pas démesurément. Oh, à la limite elle pouvait aller chercher un bâton qu’on lançait à l’eau, mais je soupçonne que c’était juste un prétexte pour se mouiller, se secouer près de nous et puer. La Bonnie, on pouvait l’oublier dehors plusieurs jours de temps pis c’était pas grave. Elle buvait à la rivière, dans une flaque d’eau ou dans la cuvette de la toilette, et elle chassait aisément des marmottes belliqueuses. Ou alors elle déterrait la tête de boeuf que Michel lui avait donnée et grugeait ça en snappant des mouches. Les rares fois où elle s’est faite asperger par une moufette, elle s’est frottée la face contre la mousse des roches dans la rivière. L’odeur finissait par disparaître, et Bonnie finissait par sacrer la paix aux bêtes puantes. Elle se baignait à la rivière dès que les glaces avaient fondu et ce jusqu’à ce qu’elles réapparaissent à l’automne. Bonnie avait un comportement un peu étrange envers les autres chiens. Alors qu’eux devenaient totalement excités à l’idée d’une rencontre canine, elle, elle avait l’air de s’en foutre un peu, restait trop calme. On aurait pu dire qu’elle était un peu snob avec les chiens.

Un jour, Robin a décidé de m’amener à la chasse à la perdrix. (C’est la seule fois de ma vie, juge-moi pas!) Il a demandé à ma mère de garder la chienne avec elle dans le chalet. « Bonnie va faire peur aux pardrix. Laisse-la pas sortir avant une bonne demi-heure, le temps qu’on monte la montagne. A nous r’trouvera pas. » La montagne automnale, c’est magique. Les couleurs sont flashy, y’a presque pas de bibittes, c’est pratiquement silencieux, on entend juste le vent dans les feuilles et quelques oiseaux, parfois. On marchait d’un pas régulier dans la forêt tranquille quand SOUDAIN!!! on entendit le souffle profond d’un carnassier féroce s’approcher de nous par derrière. Bin oui, je sais que c’est pas vraiment un gros punch thrillant, mais je peux vous dire qu’on a quand même eu la chienne pendant deux secondes avant de se rendre compte que c’était notre chienne qui nous avait rejoints. Bonnie nous a pistés grâce à sa vaste membrane olfactive de dedans de nez de chien super motivée à travailler, parce que Bonnie c’était pas un chien de race sélectionné pour la longueur de ses pattes ou la hauteur de ses oreilles ou whatever d’on s’en crisse-tu de vos standards de chiens pure race trop cons pour tenir debout ça crève au premier coup de vent. Et Bonnie a compris qu’elle allait devoir nous suivre parce qu’on voulait pas qu’elle fasse décoller une perdrix trop loin devant nous. Et ça n’a pas été long qu'une gélinotte huppée a bondi hors d’un buisson. Pas encore assez saoul, Robin était gréyé d’un pas pire réflexe et a tiré l’oiseau. J’aurais bien voulu voir sa face de pauvre perdrix pas chanceuse et m’excuser mentalement en la regardant dans les yeux, mais on ne trouvait plus sa tête. Un petit corps chaud décapité, des tas de plumes. « Maudit criss! J’ai jamah vu ça! A PUS D’TÊTE, CÂLISSE! » Robin n’avait encore jamais pulvérisé une tête de perdrix et il trouvait ça très drôle et n’en revenait pas. On n’a trouvé aucun morceau de tête dans le périmètre de la scène tragique. Traîne encore quelque part une photo où on me voit tenant la gélinotte sans huppe, et ma grosse soeur aime bien la sortir celle-là quand elle veut montrer à quelqu’un que dans une autre vie, les animaux, je les aimais pas tant que ça. Pff.

Un jour, quelqu’un a vidé du métabisulfite de sodium dans la cuvette de la toilette sans flusher. Bonnie a souffert au moins deux jours avant de mourir. J’avais douze ans, elle en avait un peu plus. J’ai pleuré des larmes de grosse tristesse sur bébé Po dans mes bras.

mardi 14 juin 2011

Les étés de Lorazepam

Mes parents et Robin venaient d’acheter un lopin charlevoisien longeant une belle rivière peurope dans la nature presque full sauvage. J’avais un an et demi (je pense qu’on peut encore dire 18 mois? C’est bien jusqu’à la maternelle que les parents calculent l’âge de leurs rejetons en mois?) et je passais de longues heures à parler avec mon amie génisse parquée dans un enclos chez le voisin farmer. Faut dire que mes parents étaient trop occupés pour faire de moi une enfant-reine et que mes deux soeurs aînées avaient plus l’âge de jouer avec les voisins. Alors la petite vache devenait la personne la plus intéressante pour passer le temps qui, on le sait, est beaucoup plus long quand on est une larve. Je lui parlais de ma famille et des autres humains de mon existence, je lui racontais plein de choses, des détails sur ma vie, importants ou futiles. Un peu comme je le fais ici, sauf que toi, t’as pas une réconfortante haleine sucrée de foin semi-digéré. Et toi, t’as pas fini par te faire moudre en steak haché au premier automne venu. Ça m’a toujours un peu choquée que les animaux soient remplacés à chaque printemps. Les seuls qui avaient droit au statut permanent étant Prince le poney fringant et les chiennes des voisins, Lassie le colley (eh oui) et Bonnie la plus belle bâtarde du monde, la plus attachante et la plus touchante. J’en reparlerai, de cette chienne de ma vie. Pour les chats, ça ressemblait plus à un visa de travail. Fais ta job de dératisation, mais au moindre écart… bang! Ou crac! Ou sploush! Enfin, y’a tout plein de manières de tuer les chats à la campagne. J’ai passé tous les étés de ma vie au terrain*, et j’ai passé des après-midis complets à observer les chats dans la grange, assise sur un tas de foin sec, à vouloir comprendre leur langage, à vouloir être adoptée dans leur grande famille de chats de ferme. J’étais pas mal fière d’avoir réussi à apprivoiser le plus beau et le plus timide.

À chaque fin d’été, Michel le farmer tuait ses soixante dindes, une à une. Fascinée, je le regardais faire. Accroche la dinde par les pattes. Fourre le couteau dans sa gueule. Coupe la grosse veine. Regarde la dinde battre des ailes en se vidant. Décroche la dinde. Trempe la dinde dans l’eau chaude. Plume la dinde. Vide la dinde. Le sable se noircissait. J’ai déjà participé à l’opération, une fois. Je plumais les dindes. Ça sentait drôle. Michel a fini par se tanner de tuer, plumer, vider ses soixante dindes annuelles. Il a même fini par se tanner d’être un farmer pis il est parti vivre au village avec sa femme pis pas Lassie parce qu’elle a fini par se tanner de vivre.

L’hiver, on allait rarement au chalet parce qu’on n’avait plus l’eau courante. Et l’hiver, c’était toujours un peu plus plate. Sauf la fois où j’avais cueilli des oeufs de mésanges en espérant voir grandir des oiseaux quioutes et que j’avais vraiment regretté ce vol cruel car les oeufs ont juste pourri, et la fois où j’avais pris une photo magnifique de Bonnie qui s’était couchée et qui avait eu l’air de poser, vraiment, comme un vrai top modèle, gros plan de sa tête de profil avec des gros flocons neufs dans ses poils noirs et blancs qui avait valu un agrandissement 8x12 chez Uniprix.

À chaque printemps, j’avais hâter de retourner au terrain pour voir comment était la rivière, si mes roches préférées avaient bougé, si j’étais capable de parcourir mon sentier plus vite que l’année d’avant, s’il y avait des nouveaux animaux. Il y avait toujours des nouveaux animaux. Même si on avait moins d’une heure de route à faire, mes soeurs et moi on trouvait ça super long. Une chance que le paysage était divertissant : le Musée de l’abeille où mon père nous promettait toujours qu’on arrêterait en revenant, un St-Bernard géant fucking laitte, une maison de Schtroumfs, un lac aux piranhas, des dizaines d’animaux à boeuf, et plus encore.

Mes parents ont fini par construire un chalet, j’ai pus jamais entendu l’expression aller au terrain, et j’ai pus jamais raconté ma vie à une vache. L’herbe est haute dans l’enclos du voisin.

* Sauf deux : mon tour premier, et l’été 2008 parce que j’ai trop perdu de temps à travailler.

samedi 11 juin 2011

Je devrais me remettre sur le Merzbow quand je dors

J’ai encore fait un rêve niaiseux ce matin. J’étais chez Iris, mais elle habitait dans un hangar. Mais un hangar super bien aménagé, c’était beau, ça avait du style! Je devais retourner chez moi à Québec, mais j’arrêtais pas de m’endormir et de me réveiller parce que je savais que je devais réserver un départ sur Amigo Express, jusqu’à ce que je réalise qu’il est minuit et que je devrais aller sur leur site au plus vite. Chose quasi impossible, parce que je comprenais pas comment utiliser l’ordinateur d’Iris, je me disais « Bin voyons, pourquoi c’est compliqué comme ça? Moi aussi j’ai un Mac pis j’ai toujours eu des Mac pis j’ai jamais de problèmes! ». C’était frustrant. Puis un de mes oncles que je vois presque jamais est apparu, c’était aussi l’oncle d’Iris, si j'ai bien compris, ce qui faisait donc de nous des cousines dans ce rêve.
Souvent, je sais pas trop comment analyser mes rêves, j’ai l’impression que mon inconscient s’emmerde et m’envoie un tas de niaiseries pour me divertir quand je dors pour que j’écœure ensuite tout le monde avec mes rêves plates qui mènent nulle part. Hum. Je pense qu’il veut me faire comprendre que je suis fatiguée, pas débrouillarde, et que je trouve qu’Iris a du talent en décoration.
Bon, je vais essayer d'aller faire des rêves plus punchés.