dimanche 14 février 2021

Le questionnaire de Saint-Valentin : Claudine ma valentine

J’ai décidé, moi aussi, de répondre au questionnaire de Saint-Valentin qui circule sur Facebook ces jours-ci. J’ai pensé le faire à propos de moi pis mon chum, mais vu que j’aime ça faire mon originale et que je crois que les relations amicales peuvent être aussi importantes que les relations amoureuses, je le fais sur moi et Claudine, mon amireuse.

Son prénom : Claudine

La plus vieille : Moi

Différence d’âge : Ayoye, je sais pu. Ça commence donc bin mal. :( Je pense que j’ai deux ou trois ans de plus qu’elle. Claudine? Help...

Enfant ensembles : Aucune de nous deux ne veut d’enfant. Mais je pense qu’on aurait pu fonder une famille ensemble. On partage les mêmes valeurs fondamentales, on s’entend bien. Mais je vis avec des chats, elle avec un oiseau, alors on ne pourra jamais cohabiter.

Mariage : Ça pourrait être cool, mais je pense que ça compliquerait notre vie fiscale. Et peut-être que sa blonde trouverait ça wack en crisse.

Qui a été intéressée en premier : Je crois que l’intérêt s’est développé mutuellement au fil du temps. Il me semble que c’est elle qui a proposé qu’on se voie plus souvent, et je peux confirmer qu’elle a été la première à dire qu’elle me considérait comme son amireuse, et elle m’a appris l’existence du terme squish pour décrire notre relation.

La même école : Pantoute, on n’a pas grandi dans la même région.

La plus sensible : Je dirais que c’est pas mal similaire. En plus, on est très souvent touchées par les mêmes choses.

Le plus de caractère : Je pense que Claudine a la mèche plus courte que moi. C’est tu ça la question?

La plus têtue : Je sais pas. Je sais même pas si on est têtues. On est-tu têtues? Soyez honnêtes s’il vous plait.

La plus sociable : Je dirais que je suis plus sociable parce que je suis moins timide qu’elle et que je peux plus facilement briser la glace avec une nouvelle personne, mais Claudine est aussi un animal social, pourvu qu’elle se sente safe et à l’aise. Mais elle est pas douée pour le small talk, et sa timidité peut être confondue avec de la froideur pour certaines personnes. Si vous arrivez à passer cette étape avec elle, vous allez découvrir une créature charmante, drôle, intense, généreuse, empathique, avec qui on peut parler nonstop durant des heures.

Depuis combien de temps on est ensemble : Je crois qu’on se tient pas mal ensemble depuis 2014, mais on s’est vues pour la première fois en 2008, je crois, au Quartier de lune à Québec. On avait les mêmes amies lesbiennes. Je pense que c’est parce que toutes les lesbiennes de Québec se connaissent.

La plus bordélique : C’est moué. -_-

Se réveille en premier : Elle. C’est pas compliqué, tout le monde se réveille avant moi.

Cuisine le plus souvent : Normalement, j’aurais dit que Claudine cuisine plus que moi (parce que tout le monde cuisine plus que moi), mais ça se pourrait que je cuisine plus depuis que je travaille moins et que Nicolas m’a montré quelques recettes.

Pleure le plus souvent : Elle. Elle est très sensible, émotive, et contrairement à moi, elle n’a pas appris à refouler ses émotions et cacher sa peine. C’est beaucoup plus sain. Mais je vous rassure tout de suite : je pleure plus qu’avant! Très souvent, même! La dépression me fait prendre de la maturité.

Chante le mieux : Elle. Tout le monde chante mieux que moi. J’ai hâte qu’on puisse de nouveau chanter nos vieux succès québécois préférés.

Qui contrôle la télécommande : Je savais pas que le contrôle de la télécommande c’était encore un enjeu conjugal. Tapeu, là. Je suis-tu en train de remplir un questionnaire de boumeurs?

Meilleure conductrice : On conduit pas, mais on veut toutes les deux apprendre à le faire et on aimerait beaucoup être financées pour ça. On songe à faire une téléréalité sur nous deux en train d’apprendre à conduire. Qui va péter une crise de nerfs en premier? Let's find out!

Celle qui dépense le plus : Je sais pas. On partage pas un compte conjoint, tsé. Je dirais que Claudine est peut-être plus économe que moi, sauf quand vient le temps de magasiner sur PinkCherry. Mais je peux me tromper.

La plus intelligente : Elle. Elle a un si bel esprit. Elle comprend plein de choses, elle est capable de t’expliquer un concept nouveau pour toi de manière bien vulgarisée. Elle a aussi une grande intelligence émotionnelle. On arrive toujours à bien communiquer, je trouve qu’on a une belle relation. (Pour vrai, là, me semble que ça parait mal de dire que tu te considères plus intelligente. Même si je le pensais, j’oserais pas le dire de même. 0_0)


Voici une photo de nous deux :

En train d’avoir une discussion informelle. Vous pouvez voir que je suis « bien ».


*

Si vous êtes aussi boumeuse que moi, vous pouvez copier les questions de ce questionnaire, y répondre, et partager vos réponses sur Facebook en ajoutant des émojis de cœurs et de fous rires. Le questionnaire est au féminin mais c’est assez facile de changer le genre.

♡Son prénom :

♡La plus vieille :

♡Différence d’âge :

♡Enfant ensembles :

♡Mariage :

♡Qui a été intéressée en premier :

♡La même école :

♡La plus sensible :

♡Le plus de caractère :

♡La plus têtue :

♡La plus sociable :

♡Depuis combien de temps on est ensemble :

♡La plus bordélique :

♡Se réveille en premier :

♡Cuisine le plus souvent :

♡Pleure le plus souvent :

♡Chante le mieux :

♡Qui contrôle la télécommande :

♡Meilleure conductrice :

♡Celle qui dépense le plus :

♡La plus intelligente :

Publie une photo de toi et ta valentine. Vos ami·es peuvent maintenant constater que vous formez une belle équipe, avec vos défauts et vos qualités.

Menu de Saint-Valenfesse : les meilleures pommes de terre rôties du monde

Ingrédients nécessaires :

  • pommes de terre (assez pour remplir votre plaque de cuisson)
  • 1/2 tasse (environ) d’huile végétale (canola ça fait la job)
  • un peu de sel
  • 1 petit tas de fines herbes
  • 2 pincées de poudre d’ognon
  • 1 pincée de poudre d’ail
  • 1 gousse d’ail
  • assaisonnement final : du sel aux herbes (facultatif)

Outils nécessaires :

  • couteau
  • planche à découper ou une assiette
  • épluche-patate (facultatif)
  • gros bol à mélanger
  • plaque de cuisson
  • Spatule pour retourner les patates (facultatif)
  • papier d’aluminium (facultatif)

Instructions :

Lavez les pommes de terre. Vous pouvez les éplucher ou non. Coupez-les en quartiers et déposez-les dans un bol.

Émincez l’ail et ajoutez-le aux pommes de terre. Ajoutez les autres ingrédients et mélangez bien. Étalez les quartiers de pommes de terre sur la plaque (je recouvre la mienne de papier d’alu parce qu’elle est deg).

Placez dans le four préchauffé à 350 et laissez cuire durant, je sais pu, 45 minutes? Retournez à mi-cuisson.

*



L’autre jour j’ai partagé une photo sur Instagram en disant que je venais de manger les meilleures patates du monde : celles que Nicolas venait de nous faire à partir de presque rien. Sans surprise, une telle déclaration choc a attisé la curiosité. Alex m’a écrit pour me demander si Nicolas allait partager sa recette. Puisque c’était en toute honnêteté les meilleures patates que j’avais mangées de toute ma vie et qu’Alexandre est mon ami, je lui ai répondu sur-le-champ, en lui transmettant d’abord les mots de Nicolas :

C’est une recette facile. De l’huile jonde. Du sel, des herbes, poud d’ognon, poud d’ail.

Alex : Jonde?

LZ : De l’huile jonde c’est de l’huile jaune, genre canola.

A : Ha! Y a une autre couleur d’huile?

LZ : Bien sûr. L’huile d’olive est verte. Il m’a d’ailleurs écrit plusieurs paragraphes pour justifier pourquoi fallait pas utiliser mon huile d’olive extravierge pour la cuisson des patates.

A : Quelles herbes?

LZ : Bah un sachet de « fines herbes » que j’ai acheté. C’est séché. Je pense que c’est pas important.


Ce qui est réellement important, c’est le choix de musique durant la préparation ou la dégustation. La première fois, on a mangé nos pommes de terre rôties en écoutant La chanson des pommes de terre de La bottine souriante. C’est sur notre nouvelle playlist, Franco sexu pour fourrer*.

*

La semaine passée, j’ai demandé à Nicolas de me montrer comment faire sa recette et cette fois j’ai activement participé à la préparation. Distribution des rôles : j’étais l’artiste de la pomme de terre, et lui il s’occupait de tout le reste.

Cette fois, pour cuisiner on a fait jouer du KOMPROMAT, qu’Alex vient de me faire découvrir, et je vous suggère de faire de même.


Les pommes de terres lavées

J’aurais pu l’éplucher mieux que ça si j’avais eu un couteau économe. Aussi, j’ai retiré une bonne épaisseur à cause de la SOLANINE. C’est pouéson. Et ça goute méchant. Mange pas ça.




C’est de même qu’on a étalé ça sur la plaque. Créatif·ves as fuck.



Quand les pommes de terre furent bien dorées, j’ai dit à Nicolas qu’il avait pas le droit de venir dans la cuisine. J’ai allumé des chandelles, servi les patates dans des assiettes, et j’ai éteint la grosse lumière qui fait pleurer et j’ai dit à Nicolas que le souper était prêt.

Mais j’avais quand même envie de pleurer parce que Nicolas a dit AON avec des étoiles dans les yeux et il a mis une playlist intitulée Mariachis Love Songs et c’était SI DÉLICIEUX. J’osais pas ajouter de ketchup par peur de gâcher la perfection de ce repas. (C’est faux : j’ai osé, et j’ai pu constater que le ketchup est 100 % facultatif.)


Mange pis pleure. *_*

Alors voilà, c’est le menu de Saint-Valenfesse que je propose. Ça demande pas d’habiletés particulières, et l’ingrédient principal est le légume le plus parfait : savoureux, nutritif, cheap, polyvalent, simple à cultiver, esthétique.

Et pas besoin d’accompagnement, parce que comme l’a dit Nicolas : 


Y’a rien de mieux qu’une patate pour accompagner une patate.


Passez une belle Saint-Valentin! xx

Mise en scène : des chandelles
Musique : KOMPROMAT, les playlists Mariachi Love Songs et Franco sexu pour fourrer 


*Là, arrêtez de me demander si je fourre sur telle ou telle toune de la playlist. C’est des suggestions, pas des prescriptions. Si vous me demandez si j’ai déjà fourré sur du Normand L’Amour ou sur Ce que le renard dit de Roland Bibeau, je vais juste rien dire et laisser le doute planer.

lundi 8 février 2021

Mon bilan de 2020

Mon psy m’a déjà dit qu’il valait mieux vivre les choses en retard que trop tôt, alors c’est surement pour ça que j’ai décidé d’écrire mon bilan d’année le 23 janvier (oui, ça fait deux semaines que je suis là-dessus on and off parce que tout me prend du temps). Okay, ma phrase précédente laisse entendre que j’ai un psy, mais c’est pas le cas. J’ai déjà eu un psy il y a au moins 15 ans, mais il a pris sa retraite et a fermé mon dossier sans me prévenir et ça m’a un peu traumatisée. 

 

Parlant de traumatismes, revenons à 2020, l’année des traumatismes collectifs — mais aussi des petites blessures intimes. D’habitude je me fais un devoir de trouver le positif dans le négatif, mais là je suis pas full dans le mood pour ça alors ça risque d’être un bilan UN PEU DOWNANT donc :




CONTENT WARNING : dépression, agressions sexuelles (sans détails), animal mort, finances, rupture.

 

Je commence drette par : 



La petite dépression

 

Je craignais le burn-out depuis à peu près deux ans, et il a fini par se faire sentir pour vrai, agressivement, et la pandémie est arrivée, et la dépression s’est installée. 

 

Je parle ouvertement de burn-out et de dépression parce que je pense que c’est important de déstigmatiser les maladies et les troubles de santé mentale, et que si je m’étais pété les deux jambes j’en parlerais certainement sur mon blogue et j’aurais mis des photos de mes plâtres sur Instagram. Je le fais aussi pour ventiler, pour dédramatiser, pour m’informer. Parce que je considère que j’ai aucun suivi médical à l’heure actuelle; ça fait au moins un mois que j’essaie de joindre mon médecin, et le Guichet d’accès en santé mentale me niaise un peu. Alors je me soigne avec les moyens que j’ai. Et en parler ça fait un peu partie du processus.

 

Sauf que des fois je le regrette après coup, j’ai le sentiment de peut-être avoir l’air de chercher la pitié alors que c’est quelque chose qui me répugne. Objectivement — si ça se peut —, je sais que je fais pas pitié. La moitié de mes ami·es sont en dépression, plusieurs sont dans une situation bien pire que la mienne, et le mood général de la planète est assez bof, sauf peut-être chez les câlisses de riches qui continuent de s’enrichir. 

 

Anyway. Je vis avec, et je m’accroche à une idée que j’ai lu et entendu et que je me répète même si elle ne résonne pas (encore) en moi : « tout finit par passer »; et je pourrai un jour sentir de nouveau que ma vie peut aller mieux et qu’elle va pas juste continuer de se dégrader et que je suis pas un cas perdu.  


 



 

Les shows

 

J’ai tout juste eu le temps de voir Metronomy et HIDE en février, juste avant la fin du monde. Je planifiais aller voir plein de bons bands cette année, dont Einstürzende Neubauten, mais hé hé. J’ai regretté d’avoir raté Tempers à la Casa del Popolo, et ça m’a convaincue de plus jamais hésiter à aller voir un band qui me tente.

 



 


La vie littéraire

 

Carl Ling et moi avons officiellement lancé notre fanzine Pèse su play pis meurs à la fin février, à la taverne Le Pélican. J’étais touchée de voir autant de monde, disons qu’on s’attendait pas à ça. En plus, l’Académie de la vie littéraire nous a remis un prix, et notre zine a aussi été en nomination pour le Prix Expozine. 

 




Mais puisque la pandémie est arrivée drette pendant le festival Dans ta tête, le gala s’est fait sur YouTube, puis on a annulé la tournée mondiale promotionnelle de Pèse su play pis meurs et la dépression s’est occupé du reste. HÉ HÉ.

 




 

On a encore d’autres beaux projets, et j’ai hâte qu’on puisse de nouveau travailler dessus. À manné.


 

Mes déménagements

 

J’ai dû dire bye au Manoir Po, le petit 3 1/2 pas cher où je vivais depuis 2012, pour céder ma place à ma propriétaire pour la prochaine année, alors qu’elle allait vendre sa maison à un promoteur. C’était un peu complexe comme situation, mais en gros, c’est ça : les immeubles sur le Plateau se vendent cher, les pauvres doivent bouger, même ceux qui sont nés là.

 

Moi, je suis pas née là, mais je pensais mourir là tellement j’y étais bien (plus honnêtement : considérant mes moyens). Mais j’ai coupé mes racines pis je suis allée me confiner en banlieue dans le condo de ma sœur qui, elle, était confinée à Québec avec son mari. J’ai mis l’essentiel de mes possessions dans un entrepôt et j’ai donné le reste, sans trop savoir quand je trouverais un appart. Je suis restée à Varennes deux mois, avec Whitney et Frédéric-Démon, pour ensuite me rendre chez Mathieu avec mes valises pour cinq semaines, revenir au condo deux semaines sans les chats mais avec Nicolas, puis rentrer à Montréal pour prendre possession du 3 1/2 que Ringuette m’a cédé. 




 

En résumé :

 

1.     Montréal-Varennes

2.     Varennes-Montréal

3.     Montréal-Varennes

4.     Varennes-Montréal

 

Rajoutons à ça les 2-3 jours où j’ai squatté chez Nicolas avant d’être « chez moi ». Les guillemets c’est parce que j’ai encore de la misère à savoir ce que ça signifie. Je pense que je suis chez moi quand je suis avec mes chats.

 

Le beau dans tout ça : je suis bénie en crisse d’avoir des ami·es en or qui m’ont aidée lors de chaque move. J’ai fait et défait mes boites seule, j’ai repeint l’appart seule, mais quand j’ai rempli et vidé un camion (à deux reprises), quand j’ai dû me promener d’une ville à l’autre avec mes chats, j’étais bien entourée, et juste d’y repenser ça me donne envie de pleurer de gratitude. Pis Alex a conduit un camion dans une ruelle! Presque pas de dommages… 

 

 

La vie de banlieue

 

Ayant grandi en banlieue — et un peu à la campagne —, c’était pas nouveau pour moi, sauf que quand j’étais enfant, je savais pas encore que j’haïssais la banlieue. Le condo de ma sœur était spacieux, confortable, luxueux (selon mes standards de pauvre), mais Varennes c’était plate en crisse. Sauf que tout est plate maintenant, fait que ma vie aurait pas été moins plate à Montréal. 





Pas moins plate, mais plus sécurisante? À Montréal, j’ai mon réseau d’ami·es, et je peux tout faire à pied. À Varennes, je me suis sentie crissement isolée longtemps. Carl Ling était lui aussi confiné à Varennes, mais on s’est juste vus un peu durant les dernières semaines.

 




Mais checkez-moi bien relevez les points positifs de cet épisode de tchul : mes nombreuses rencontres avec des lapins et des marmottes (et plein d’autres animaux!); les visites d’Alex (avec du Dei Campi en plus!); la visite de Christophe (avec des sacs de livres!); la promenade au cimetière avec Carl Ling et nos areniers; la fois qu’il m’a coupé les cheveux (plus drôle expérience de coiffure de ma vie); mes nombreux bains; les Cyclones et les tartes aux cerises; ma correspondance avec Iris et Régis.


J’ai fait le tour du boulevard René-Gaultier des dizaines de fois le soir, en écoutant pas mal la même musique. Je suis en train d’essayer de reconstituer la playlist sur Spotify, si jamais ça vous tente. Ça s’appelle Varennes pandémie.
 

Quand je suis retournée à Varennes à la fin d’aout, c’était pas pantoute le même mood. J’avais laissé mes chats avec Mathieu, question de voir « comment ça se passerait si je mourais avant eux et que Mathieu devenait leur tuteur », et je passais tous les soirs de semaine avec Nicolas. On n’avait pas internet alors on a regardé plein de DVD et j’ai failli finir Castlevania pour la première fois de ma vie.

 


Stage chez Doctorak

 

J’ai habité chez Mathieu alors qu’il était en vacances dans le Bas-du-Fleuve, et le deal c’était que je m’occupe des commandes sur sa boutique en ligne durant son absence. Excellent deal qui m’a permis de me rappeler que j’aime ça, faire des teeshirts et des macarons, et que si le travail intellectuel m’était devenu pénible à cause de la dépression, le travail manuel passait beaucoup mieux. Ça m’a même donné envie de relancer ma boutique Etsy, puis la deuxième vague de la pandémie a frappé assez vite et depuis je suis enfermée chez moi. À manné je ferai des teeshirts. À manné.

 

Je suis arrivée chez Thieuse durant une canicule, et j’ai passé les premières journées en bobettes, les deux pieds dans un bac d’eau froide, trois ventilateurs rivés sur moi, à manger des Drumstick et des popsicles. Mais l’ambiance était zéro festive à ce moment-là parce qu’une nouvelle vague de dénonciations d’agressions sexuelles venait de commencer.

 

Je suis restée là à peu près cinq semaines. J’avais l’appart tout à moi, une clé de Bixi qui me permettait de me rendre chez Nicolas ou chez Claudine en juste 30-40 minutes (où je pouvais faire du lavage), et un balcon, que personnellement j’appelle le balcon Vickie-Gendreau, lieu riche en souvenirs. 

 




Points positifs : ma découverte des Drumstick véganes; le beau grand chat brun de la rue Coloniale; Michel Girouard (et son chien Pablo) à l’épicerie; chiller sur le balcon ou au parc avec Claudine, Frédéric et Martin; le gâteau de fête de Boubeur que Carl Ling et moi on s’est clenché en deux jours; mes chats qui tripent sur le lit mezzanine et la découpeuse à vinyle; les bibliothèques de Thieuse.

 





Les dénonciations

 

Après #AgressionNonDénoncée et #MeToo, une autre vague de dénonciations était nécessaire. Cette fois, ça a brassé fort dans le milieu littéraire, et durant environ deux semaines j’ai passé mes journées à lire des témoignages d’ami·es et de connaissances, témoignages qui impliquaient souvent des amis ou des gens que je connais, et à échanger avec ces gens. Ça m’a beaucoup bouleversée, et j’en suis pas encore tout à fait remise. Et c’est même pas moi qui souffre le plus dans tout ça.

 

Je pense qu’on commence à le savoir que les agressions sont pas uniquement commises par une poignée de supervilains. Les agresseurs sont parfois aussi des gens qu’on aime. Parfois, on est soi-même l’agresseur. Il est plus que temps de faire des examens de conscience.

 

On a parlé de nurture culture plutôt que de cancel culture, et ça m’interpelle. Je ne sais pas ce que sera la vie littéraire quand on sortira de ce long confinement, mais j’ai beaucoup d’appréhensions. Un peu d’espoir, certains jours, mais pas souvent.

 

Ah, pis c’est aussi à ce moment que j’ai catché que mes poches sous les yeux étaient maintenant permanentes.

 



La vie en ligne

 

J’en ai l’habitude et j’ai jamais vu ça comme étant un problème, sauf que cette année, c’était pas mal ma seule façon de socialiser avec d’autres humains. Assez tôt dans la pandémie, je me suis retrouvée sur un channel Discord avec une poignée d’ami·es. C’était nice, ça m’a permis de rester en contact avec des gens que j’aime sans passer trop de temps sur Facebook, j’avais besoin de plus de feelings, de moins d’opinions.

 

Je me suis vite épuisée des évènements en ligne. Au début c’était chouette, des shows en direct gratuits, un sentiment de communauté, mais après j’avais pu la drive. J’ai par contre beaucoup aimé la Saint-Jean sur YouTube de DJ Tigrou, l’alter ego de Mathieu. Je dis la Saint-Jean, mais peut-être que c’était la fête du Canada, je m’en souviens pu. Ça vous donne une idée à quel point dans ma tête ces deux fêtes-là c’est la même ossetie d’affaire.

 

J’ai aussi commencé une game de Sims dans laquelle j’ai recréé le condo où je vivais, et j’ai bien sûr fait l’avatar de plusieurs de mes ami·es. C’était pas mal drôle, et ces jours-ci j’ai envie de la reprendre.




 

Mes muscles

 

Après deux ans d’entrainement au gym sans relâche, j’ai dû m’adapter et faire mes exercices chez moi. Au début, ça allait bien, je faisais ma petite séance chaque jour. Rendue à Varennes, ça a pris le bord. J’ai recommencé à l’automne, dans mon nouvel appart, puis abandonné de nouveau. Puis recommencé. Et abandonné à Noël. 

 

Faut que je me rende à l’évidence que j’ai toujours pas repris ma routine, mais je m’en veux pas pour ça. Je sais que l’entrainement régulier me fait un bien réel, physiquement et mentalement, mais je sais aussi que la culpabilité et la pression, c’est vraiment un bad duo en ce moment, alors j’essaie de prendre ça cool et de bouger quand je le peux. 



 

Mon coach de dépression

 

Boubeur est devenu mon coach de dépression. Il m’a souvent écoutée, il m’a très souvent fait rire, il a été d’un grand soutien (et il l’est encore), et il m’a donné de bons trucs pratiques. Par exemple, il m’a suggéré de me faire chaque jour une liste de choses à faire, mais pas des affaires plates et lourdes, juste des choses pour me faire du bien. J’ai alors commencé ça. Et je notais aussi les petites choses que j’arrivais à faire, pour qu’à la fin de la journée je constate que j’ai pas juste fixé le mur en pleurant. Pleurer c’est aussi une chose à faire, ça compte.

 

Au début, je notais des choses comme : manger, brosser mes dents, laver ma face, maquiller ma face, faire la litière, prendre ma douche, parler avec Boubeur. Au fil du temps, j’ai aussi ajouté mes tâches plates, en essayant de ne pas trop me faire de pression. Et j’ai fait ça tout le reste de l’année, sans presque jamais sauter de journée, et je le fais encore. Merci mon fourron, je t’aime gros. Best Boubeur ever.

 

 


La baleine morte

 

Comme bien des gens, j’étais fascinée (et inquiète) par la présence du balènou dans le fleuve. J’ai eu de la peine en apprenant sa mort. Boubeur m’a dit : « WTF c’était quoi les chances qu’une baleine meure à Varennes pendant que t’es là. Une chance que t’es pas psychotique lol. »


 

Maudit chômage!

 

J’ai perdu une grosse partie de mes revenus quand la pandémie a frappé. Beaucoup, beaucoup moins de contrats. Heureusement, il y a eu la PCU, puis la PCRE, que bin du monde ont l’air de trouver superflues si je me fie au Bye-Bye  pis aux boumeurs sur Facebook. 

 

En tout cas, moi j’ai pas d’économies, et ces prestations me permettent d’assurer ma survie de base. Remercions



 

En vrac

 

J’ai entamé plein de projets que j’ai pas finis. J’ai cuisiné comme jamais mais j’ai pas appris grand-chose et j’ai surtout pas fait de bon pain maison. J’ai vécu du stress et de la tristesse parce que des souris se sont fait empoisonner dans les murs chez moi et j’ai rien pu faire.

 

Une histoire d’amour s’est terminée, une autre a commencé. Je vais pas partager de détails là-dessus, mais ça donne quand même des p’tites rides de montagnes russes émotionnelles, et quand t’es down, le moindre high est vertigineux, euphorisant.

 

Fin décembre début janvier, j’ai vu beaucoup de gens dire wow enfin 2020 est fenie, OUF. Sauf que 2020 n’est pas encore terminée. La seule chose qui a changé pour moi, c’est ma comptabilité, et mon nouveau calendrier. Autrement, tout est pareil mais en pire, même estie de mood.

 


 

Faut-il se fixer des objectifs pour 2021?

 

J’ai des envies, des souhaits, des désirs, mais je veux pas en faire des objectifs, ce serait trop de pression, trop de risques d’être déçue. J’ai tu dit que je fuyais la pression? Fuck la pression. Et je file pas pantoute performance et ambition, câlisse que non. N’empêche que j’aimerais ça guérir de ma dépression, j’aimerais ça trouver un logement dans une chouette coop, j’aimerais ça apprendre à conduire une machine, j’aimerais ça aller visiter mes parents, j’aimerais ça me remettre en forme, j’aimerais ça connaitre la stabilité financière, j’aimerais ça connaitre la stabilité relationnelle itou. 

 

OKAY j’ai quand même une honnête liste d’objectifs pour 2021, et j’ai déjà commencé à y travailler :

 

      danser mon premier slow sur Nothing Else Matters

      rester en vie

    faire une mise à jour de système pour être capable de réagir aux messages Instagram autrement qu’avec des cœurs

 

jeudi 4 février 2021

Marjo et Michèle

J’ai rêvé que je trainais dans un centre d’achats vide, puis je retrouvais ma sœur, qui assistait à un show de Marjo illégal (!) dans un magasin caché. J’ai pensé à me faire photographier avec Marjo, qui avait les cheveux noir jais, mais j’ai eu peur parce que personne portait de masque dans cette foule. Je trouvais ça risqué pour ma sœur, mais je lui ai dit que je la jugeais pas, et que je comprenais son besoin de faire ça. Je lui ai ensuite dit que j’avais rêvé à Marjo trois fois cette semaine!

En me réveillant, je me dis : Haaaan. J’ai pourtant jamais rêvé à Marjo de ma vie? 

 

Là, vous vous demandez surement pourquoi Marjo avait les cheveux noirs dans mon rêve. C’est à cause de Michèle Richard. Je viens de lire son autobiographie en photos, Moi… Michèle, et elle parle à plusieurs reprises de ses « cheveux noir jais », qu’elle a eus une bonne partie de sa jeunesse.

 

Je viens de développer un genre de passion modérée pour Michèle Richard parce que l’autre soir en faisant l’épicerie en ligne, je voulais m’acheter du jus de légumes et j’allais écrire « Garden Party » dans la barre de recherche au lieu de « Garden Cocktail ». Évidemment, j’en ai parlé sur Facebook, et tout ça a mené à : moi qui regarde des vidéos et des entrevues avec Michèle Richard; moi qui écoute ses tounes sur Spotify; moi qui visite sa maison à vendre sur Centris (j’ai aussi une passion modérée pour la visite virtuelle de maisons à vendre que je pourrai jamais acheter); Alex qui m’apprend que le réseau des bibliothèques de Montréal c’est pas la même chose que BAnQ (chu maintenant abonnée); moi qui lis Moi… Michèle dans le bain; moi qui s’en vais réserver Dressée pour être star; moi qui veux regarder son docu-réalité; Alex qui propose qu’on se parte un GoFundMe pour acheter sa maison (à condition qu’elle vienne avec ses neuf sapins de Noël de luxe).

 

J’espère que je vais rêver à Michèle Richard aussi. En tout cas, faut que j’y aille, je dois me trouver une nouvelle carrière. Entretemps, je prépare un BILAN ANNUEL, ça s’en vient, bisou bisou!

 


 

Michèle Richard au Gala des artistes en 1973. Reconnaissez-vous sa date?