vendredi 25 octobre 2019

Superbat superémotions

Vendredi dernier, Régis m’a écrit ceci :


Sauf que c’était la fête d’Archie et on allait voir un show à la Casa Del Popolo. Je lui ai proposé de nous y rejoindre, avec comme incitatif : Rita va être quioute.

Je me sentais un peu rushée, fatiguée. Le Off, les lancements, les partys. L’automne est exigeant. Fuck, je vais-tu arriver à temps pour le show? Pourquoi je pars toujours trop tard, pourquoi je suis pas née ponctuelle? Okay, j’habite à trois tounes de la Casa Del Popolo : j’ai le temps d’arriver à temps.

Ça fait que je suis partie drette au bon moment. Et j’avais exactement 13 $ de change sur moi; juste assez pour le cover.

Régis : Dom est-tu là?
Moi : Tu parles d’une question. C’est sûr qu’il est là. Je l’ai pas encore vu, mais il est à tous les shows. 

Rita, Archie et Bébé Goth ont fini par arriver. Un peu plus tard, Régis. Qui avait apporté un cadeau pour Archie : un beau bibelot de tête de licorne. Moi, je lui ai donné une carte d’Halloween, ainsi qu’un gâteau au fremage acheté chez Sophie Sucrée, sauf que j’ai barré Sophie sur la boite pour le remplacer par Superbat, parce que c’est le nouveau surnom qu’il m’a donné. J’ai dit à Rita : trouve le faux Mathieu Arsenault. Ça lui a pas pris 10 secondes. Régis aussi l’a vite repéré. J’ai dit y’en a un autre, un plus petit Mathieu Arsenault. Elle l’a aussi trouvé! Moi, j’étais presque fâchée, là. Faut que les gens arrêtent de se ressembler de même, ça pourrait mener à des interactions sociales gênantes. Ça a failli arriver la fois où Mathieu s’en venait chez moi alors que c’est moi qui devais me rendre chez lui, pis c’est juste à temps que je me suis rendu compte que c’était le gars des Appendices que j’étais en train de croiser sur Laurier. Fuck. 

Après les shows, on a chillé à une table avec Dom et Luc, le chum de Régis, qui venait d’arriver. J’avais vraiment envie de rester avec tous ces gens que j’aime, mais j’étais crevée, et tenir des discussions dans un endroit bruyant, c’est plus exigeant, et je savais que le lendemain on avait le party de fête d’Archie (oui oui, un autre!) et je voulais être en meilleure forme. Dire que je me couche normalement plus tard que l’heure de fermeture des bars, je me sentais pas moi-même de leur dire bye pis de partir. 

C’était évidemment au moment où je sortais du bar que le vrai Mathieu Arsenault m’a interceptée. Il venait d’arriver avec Géraldine, qui était au bar, alors on l’a rejointe et j’ai commandé un kombucha, pas le choix, je peux pas partir. J’ai dit Mathieu, faut que tu viennes à notre table, ils vont capoter, alors il a mis sa fausse moustache en cure-pipe — il traine sa fausse moustache? wtf Pepa — et il est passé devant la table SUBTILEMENT et tout le monde a pogné en feu. Sont magnifiques mes ami·es quand ils s’excitent et s’énarvent de beau. On a bien sûr réclamé un tour de magie à Thieuse — c’est sa nouvelle passion depuis un bout. Il fait les plus beaux tours de magie semi-ratés, et c’est comme ça qu’il m’a déjà fait brailler de rire cet estie-là. Et quand on a fait une vidéo que j’envoyais à Dumont, il voulait faire bouger une bouteille de bière « par la force de sa pensée », sauf que je cadrais trop large alors on voyait sa main qui pousse la bouteille. Si Mathieu meurt avant moi, je vais regarder cette vidéo en boucle en pleurant. Je vais la montrer à tou·tes nos ami·es, je vais la diffuser au Off et tout le monde va brailler et rire — pleurire, ce mot-valise vu dans une campagne publicitaire quelconque qui nous faisait badtriper. 

Rita agonisait de fatigue encore plus que moi, alors elle a pris un taxi. Je sais plus pourquoi, mais j’ai parlé de Plastic Bertrand et de Gaston Lepage à Bébé Goth. J’ai hâte de lui faire découvrir Relevez le défi. Je le vois déjà shaker de la tête. Régis et Luc parlaient d’un démon, je me rappelle plus lequel, pis j’ai dit à Luc « oh, tu connais bien tes démons », et du TAC AU TAC, il a dit « connais-tu Frédéric-Démon? » Gni hi hi. Régis m’a flattée à plus d’une reprise, elle m’a dit qu’elle aime beaucoup sa goule (c’est moi, ça, sa goule), je suis contente qu’on soit assez proches pour être capables de se dire qu’on s’aime sans avoir l’air ironiques, parce que c’est dur de parler de nos émotions, ça nous rend vulnérables, susceptibles d’être rejetées ou blessées, pis moi j’ai grandi dans un milieu où les adultes se disaient pas « je t’aime », et les adultes ne pleuraient pas, sauf aux funérailles, mais une fois j’ai vu mes parents pleurer en regardant Les retrouvailles de Claire Lamarche.

J’aime ça regarder mes ami·es faire connaissance. J’ai vu Thieuse et Archie parler longtemps, parler de la mort et des fantômes. Géraldine m’a dit qu’elle était contente de rencontrer mon polycule, pis moi j’étais contente de le présenter à Géraldine et Thieuse. J’étais une Superbat énarvée contente. Tellement que je me rendais pas compte que j’étais un peu en crise d’hypoglycémie. Quand on est sorti·es dehors, je commençais à shaker. Alors j’ai fait mes babailles, je suis partie et j’ai remis mes écouteurs. En tournant au coin de Saint-Joseph, je me suis mise à pleurer. 



Je peux pas présenter ces gens que j’aime à Vickie. Vickie me manque, je vois ses commentaires apparaitre dans mes souvenirs sur Facebook, je réponds à des statuts d’il y a six ou sept ans, j’écris des gnéseries, et Vickie me répond pas. Même les liens hypertexes de nos commentaires sont morts. J’aurais voulu que mes ami·es et que mon polycule connaissent Vickie. Je me demande avec qui elle aurait eu du gros fonne, sur qui elle aurait eu un gros kick, avec qui elle se serait chicanée, puis réconciliée, je me dis aussi qu’elle aurait surement tripé que Géraldine soit la nouvelle blonde de Pepa, et je me demande si elle aurait fait son rire-grimace quand j’ai dit que le DJ ressemblait à un mix de Ron Jeremy et Bertrand Laverdure.





J’ai hâte de lire le prochain livre de Thieuse, ça va peut-être m’aider à comprendre des choses. Thieuse est bon pour m’aider à comprendre des choses que je vis. Pas pour rien qu’on l’appelle Pepa. Même avec les rêves il est bon. Il me disait que le fantôme de Vickie a trouvé des astuces pour apparaitre dans ses rêves sans que ce soit incohérent. Po a fait ça la nuit dernière. Mes parents me disaient que Po était revenue, qu’elle se tenait dans le système de ventilation. Je disais que c’était pas possible, que Po était morte à côté de moi, que je la flattais pendant qu’elle mourait. Mais je voulais vérifier pareil, alors je suis allée voir dans le système de ventilation, et Po est arrivée. Mais c’était pas Po, c’était une chatte qui lui ressemblait vraiment beaucoup. Elle venait me voir, et je la flattais, sur moi, et je cherchais des signes que c’était pas elle. J’ai trouvé : elle avait des taches sur le bout de ses pattes, alors que celles de Po avaient le bout immaculé. Mais je voulais garder contact avec cette fausse Po. Ça me faisait du bien. Mon fantôme de Po a réussi à venir me visiter de façon cohérente, grâce aux rêves de Pepa.



J’habite à trois tounes de la Casa Del Popolo, mais je n’avais plus de larmes quand je suis rentrée chez moi, seulement la bouche noire, tachée par le goulot de bouteille de kombucha, full goth fin de veillée, full goth emo qui pleure avec ses chats. 

lundi 23 septembre 2019

Le crapaud poffé

En me rendant à mon rendez-vous, j’ai aperçu un crapaud (Anaxyrus americanus) en plein milieu du sentier que je suivais le long du parc La Fontaine. On aurait dit qu’il attendait de se faire aplatir par les trois joggeurs qui se dirigeaient droit sur lui. Je me suis interposée entre eux et le crapaud (ça avait l’air de les faire chier, faut jamais déranger les joggeurs), j’aimerais dire héroïquement, pour me vanter un peu, mais c’était juste un réflexe super naturel (que tout le monde devrait avoir, ciboire!). J’ai essayé de l’inciter à avancer pour sortir du sentier, mais il avait trop peur, il s’est poffé comme un diodon. Le monde s’arrêtera pas de jogger pour un crapaud, alors je l’ai pris dans ma main pour l’emmener vers le bord de l’eau, dans un endroit moins passant (si ça se peut dans un parc…).

Mais où t’espères aller comme ça? Dans le Quartier latin? Y’a pas de place pour les crapauds en ville. Les milieux humides sont rares et minuscules. Reste là, essaie même pas de trouver mieux ailleurs. T’es grand, t’as l’air d’un crapaud d’expérience. T’allais quand même pas traverser Sherbrooke?

Ayayaye, j’étais super inquiète pour son avenir et un peu paternaliste, je sais, et je lui disais tout ça — dans ma tête — en le transportant, pis c’est là qu’il s’est lâché dans ma main. On arrivait! J’allais le déposer, pis il me pisse dessus! Brave, brave, petit punk.

J’ai un peu essuyé ma main dans la pelouse humide — de pluie et d’urine de chien, I guess? —, mais j’avais vraiment hâte de laver mes mains en arrivant à la clinique. Je marchais avec une main en quarantaine, je me sentais ridicule, mais c’est correct, j’ai aidé le crapaud. Je pense.

Quand je suis revenue de mon rendez-vous, j’ai pris le même chemin, et je n’ai pas revu le crapaud. J’espère qu’il va bien. Sauf que j’ai vu trois écureuils leucistiques, et plusieurs goélands à bec cerclé (Larus delawarensis), dont deux qui ont retenu mon attention quelques minutes : un adulte, à la tête toute blanche, et un « adulte immature » (je sais pas comment traduire nonbreeding adult), qui avait encore quelques taches sur la tête. Ils semblaient chasser les vers, mais ils étaient pas très bons. Enfin, je pense? Ils sortaient des bouts de bois de la terre en faisant des faces de fru. Le plus jeune avait l’air de surveiller son mentor pour apprendre comment ça marche, mais c’était pas exactement le meilleur stage de chasse que j’ai vu. Ou c’est peut-être moi qui projette cette idée parce que j’ai remarqué la différence de génération. En tout cas, ils avaient un peu l’air de se faire chier, des fois ils se couchaient comme de petites poules, mais ça m’a pas empêchée de les trouver parfaits et magnifiques.


Et juste avant de rentrer chez moi, j’ai fait connaissance avec une nouvelle chatte dans ma ruelle. Quand je suis arrivée, elle faisait caca dans le beau jardin communautaire où c’est INTERDIT DE FAIRE CACA. Je lui ai flatté le bedon pour la féliciter. Brave, brave punk. Elle s’appelle Toutoune, elle était très ronde et pourtant même pas poffée.

mercredi 18 septembre 2019

Les cnidaires dansent sur de la soviet wave

Molchat Doma me fait découvrir la soviet wave, et je suis contente que ça m’arrive. La trame sonore de ma journée de travail héroïque, c’était Марксэн. Héroïque : on fait ce qu’on peut pour se motiver. L’été est fini, fait frette, j’ai des dettes, j’ai peur, etc. L’été est fini : l’arrivée de l’automne, ça se passe pas le jour de l’équinoxe, tout le monde sait ça. Chez moi ça sent le sac magique brulé et le Feliway, et quand la musique arrête, j’entends mon acouphène et la fontaine des chats. Feliway : Whitney a fait une deuxième cystite en trois semaines, et ça pourrait être dû au stress. Des fois, elle se chicane avec son frère. Je joue pas assez souvent avec eux, ils manquent de stimulation mentale, faudrait qu’ils arrêtent de regarder TVA quand je dors. La diffusion d’une phéromone apaisante qui favorise les liens, c’est très cool, par contre je me demande à quel point c’est éthique de faire ça. Je voudrais pas dater un dude qui s’enduit d’une telle phéromone. Anyway, je voudrais plus jamais dater un dude. 

J’ai reçu quatre carnets de chèques en même temps que la carte de ma nouvelle b a n q u e, j’en ai pour toute la vie et plus encore. B a n q u e : vraiment écoeurée de leurs pubs dans mon feed. C’est toute la même bouette. Parlant de bouette, j’ai fait un rêve de camp de concentration « pas si pire » (ouf), où on vivait en fait dans un genre de prison assez chill. Fallait juste faire attention de ne pas se faire violer par les gardiens, et on savait que ça allait mal finir pour nous très bientôt. Jusqu’à ce que je me rende compte que je suis finalement dans un film, et que Patrick Huard joue le rôle du Dédé Fortin russe (oui, on est en Russie; suis-tu?) qui se tue sur la route en faisant un face-à-face. J’aime pas ce rêve. 2/10. Je préférais celui avec le dildo dans le frigo, ou mieux encore, celui que j’ai fait en 1989 qui se passait dans un décor qui était comme un mix entre Fraggle Rock et Passe-Partout qui attrape des bruits. J’aimerais une rediffusion svp. 

Durant ma marche de petit monsieur, j’ai trouvé un super livre et je suis super contente! C’est ma fête!

En plus il sent fort le parfum de vieille personne, et je suis même sure qu’un shih tzu habitait au même endroit.

J’aimerais un peu ça moi aussi être un animal invertébré, comme ça j’aurais pas besoin d’aller chez le dentiste, mais d’un autre côté, c’est peut-être mon squelette qui m’empêche de m’effondrer de découragement, pis anyway je peux pas décider ces choses-là — sauf dans le cadre d’un rêve lucide; j’en ai déjà fait, et c’est super le fonne et utile. J’aime beaucoup le graphisme, et les illustrations sont parfois émouvantes, mais je peux rien dire sur le contenu pour le moment, vu que ça fait environ 40 minutes que j’en ai pris possession et que j’étais en train de marcher. Je peux texter en marchant, mais lire un livre, c’est plus risqué.

Je veux tout savoir sur les cnidaires! *o*

Wouh, on dirait que tous les stades d’Aurelia dansent ensemble! En tout cas, j’espère que c’est pas rempli d’informations désuètes, parce qu’après il faudra que je désapprenne ça. Mais j’aime ça, trouver des affaires! Et si un jour je publie un livre et que je suis obligée de mettre ma grosse face sur la quatrième de couverture, je tiens à ce que ce soit une photo comme ça : 

(La couleur du livre peut être différente, mais j’aime bien ce bleu.)


lundi 16 septembre 2019

Mon rêve de pudeur

J’ai fait un rêve de PUDEUR. J’hébergeais pour la nuit des ami·es de ma sœur, et durant la nuit, je prenais ma douche dans une grande pièce, et chaque fois qu’une voiture arrivait dans le stationnement, ça m’éclairait full gros, alors j’ai fini par quitter la pièce, me disant que pas mal de gens dehors devaient être capables de me voir tounue, et ça me gênait. Je me suis rendue au frigo pour manger, et sur une des tablettes il y avait un dildo. Je trouvais ça gênant aussi, je voulais pas que les ami·es de ma sœur tombent là-dessus en fouillant dans le frigo, mais en même temps ça me semblait malin « pour les jours de canicule ». Eh la la.

Je pense que je sais exactement pourquoi j’ai fait ce rêve, en tout cas j’y vois deux raisons :

1. Lors d’une chaude journée d’été, Bébé goth a partagé cet article, qui explique qu’il ne faut pas s’insérer de popsicle dans le vagin. Oui, semblerait qu’on doive expliquer aux gens de pas mettre des popsicles dans un vagin.

2. Il y a quelques mois, l’hiver dernier je crois, une amie m’a offert un dildo. C’est une très bonne amie, assez pour qu’on s’échange des sex toys, mais je sais pas si je peux la nommer ici, alors disons simplement que je l’aime beaucoup. Elle m’a donné un dildo du genre que tu peux utiliser avec un strap-on, et j’ai dit « ah ouais, j’en cherchais justement un, merci! », et je l’ai déposé sur le comptoir de la cuisine. Je lui ai jamais retouché depuis.
Personne ne m’a jamais fait de remarque, alors soit il est super bien camouflé dans mon bordel, soit mes invité·es sont poli·es ou trop mal à l’aise pour dire quoi que ce soit. Ça fait des mois que je me dis qu’il faudrait bien que je le range, mais je veux d’abord le stériliser, et pour ça faut que je fasse une recherche pour savoir comment stériliser ce type de matériau (et si seulement c’est une chose possible).

J’ai perdu beaucoup de pudeur (trop?) dans les dernières années, et je crois n’être pas particulièrement sensible au jugement d’autrui (ou je me fais croire que c’est le cas assez habilement, lololol). Quand même, j’ai 35 ans et ça m’arrive encore d’avoir un petit peu peur de me faire écœurer quand je porte du linge que ma mère m’a acheté.

Okay, bonne nuit, et fais des rêves niaiseux toi avec. XX

mardi 10 septembre 2019

J’ai gagné un divan à vie au Bistro de Paris

Hier je suis allée au Bistro ouvert pis Nicolol m’a donné le Gagnant à vie que j’ai remporté lors d’un pari. Je me souviens pas de quoi il était question, mais il est certain d’avoir raison, et j’étais aussi certaine d’avoir raison, alors on a laissé trancher Internet, et Internet m’a donné raison. J’étais contente, parce que gratter ça c’est un petit rituel gnéseux le fonne pour avoir gagné de quoi avant même de connaitre l’issue du gratteux, pis je l’ai gratté sur place devant Nicoucou et Nic Doune. Crisse, j’ai gagné 50 $! C’est la première fois que je gagne un aussi gros lot. Pis là, je fais quoi avec ça? Y’a tellement de places où mettre 50 $ ou 50 000 $ que je sais pus par où commencer. Logiquement, j’aurais mis ça sur ma dette à Revenu Québec, mais je trouve que ce serait pas bien honorer le gratteux de Nicolostrum, alors j’ai choisi de dépenser cet argent sur mon futur divan. Fait des mois que j’ai donné mon beau divan royal parce qu’il était trop long pour entrer dans la chambre que je veux transformer en salon (en plus de pas être super confortable), et j’en ai toujours pas trouvé de nouveau. Là, je pourrai me chercher un divan gratis et payer une livraison par camion. J’ai hâte! Je pourrai gamer ailleurs que sur mon lit, pis faire des soirées de flims avec Myriette et ses enfants. 

J’avais aussi apporté des cupcakes. J’haïs toujours autant cuisiner, mais je me force un peu plus parce que je peux plus trop m’acheter de la bouffe préparée, en tout cas tant et aussi longtemps que j’aurai pas trouvé un mécène ou un sugar daddy (c’est la même affaire). Mes gâteaux étaient pas ratés, mais le crémage brun que j’avais mis dessus était pas particulièrement esthétique non plus, on aurait dit des petites bouses molles. Mais ce qui est beau là-dedans, c’est que Thieuse a lu un texte qui parle de tas fumants, et après il était tout content de manger un cupcake qui parle à son texte. Pis Nic Doune avait beau être plein de sucre, il voulait quand même du Guru. Je pense à faire des cupcakes caféinés. 

Dumont a fait un château de cartes à trois étages, et il était pas mal beau (le château aussi, mais pas autant quand même). Thieuse avait amené des cartes à jouer pour nous montrer ses skills de manipulation élégante de cartes. Il a encore une passion modérée pour la magie, il travaille fort là-dessus, et j’ai super hâte d’assister à ses premiers tours. Mais surement pas aussi hâte que lui a hâte d’avoir sa carte de la FADOQ (« dans sept ans!! »). 

Nic Doune pis moi on s’est fait de belles manucures avant de se rendre au Bistro de Paris. Mon vernis est noir basic, mais sombre et gothique et triste de l’automne de ciel ténébreux, et le sien est bleu ciel bleu content bleu hop la vie, mais pas autant que ses beaux zieux mi-triste mi-espoir. Je vais rajouter des paillettes sur mes ongles, j’ai pas fini cette phase-là. Ça fait des belles mains à Doune, mais ça a l’inconvénient de beurrer ses beaux dessins. Il serait temps que les scientifiques inventent des vernis à ongles qui se transfèrent pas. Et qui puent pas. Il serait temps, aussi, que mes ongles apprennent à pousser déjà vernis. Que je me réveille déjà maquillée. Que je vienne au monde riche. Que je cligne des yeux et que ma noune soit épilée au laser. Je laisse les scientifiques travailler fort là-dessus et j’ajoute des paillettes à mes ongles et je vais faire ma marche de petit monsieur dans la nuit sombre sans étoiles de ciel mort fatigué. 

mercredi 21 août 2019

Mes chats vivent des choses


Okay, mes chats ont vécu des émotions hier soir, et je dis pas ça parce que ça s’est mal passé. Je pense que c’était surtout de belles émotions. Et j’attrape facilement les émotions de mes chats, alors check bin. (Ça va être long.)

D’abord, je revenais d’une chouette soirée chez Martin, j’avais croisé une moufette en chemin, j’étais de bonne humeur et pas pressée, alors en arrivant à la maison, j’ai laissé sortir Whitney dans la ruelle avec moi. (Il faut vraiment que je trouve un harnais, parce que c’est pas prudent ce que je fais là, mais je le fais pas très souvent.) Dès qu’elle met la patte dehors, c’est automatique, elle se met à miauler. Je pense que c’est un mélange d’excitation de découvrir de nouvelles choses et de peur de l’inconnu. Elle poffe un peu la base de sa queue, chose qu’elle fait dans la maison quand elle est très contente et excitée; elle lève la queue bien droit et la fait frétiller, un peu comme un matou qui fait du marquage urinaire; elle se promène dans toutes les directions, toujours en miaulant; elle se tortille par terre, en ramassant dans son pelage toutes les mardes de la ruelle; et elle essaie de mâchouiller toutes les plantes et feuilles mortes qu’elle trouve (non non non, mauvaise idée). 

Alors j’ai chillé avec elle quelques minutes. Je l’ai flattée, je lui ai parlé, on a parlé. Tape tape les foufounes de la gougoune. Elle se roule à terre. Super vite. J’ai dit bon bon, faudrait commencer à rentrer. Pendant ce temps, Frédéric-Démon miaulait à la porte. Injustice totale. Je peux pas gérer deux chats lâchés lousses en même temps, eh. 

Okay Whit-Whit, on rentre. Je l’ai prise, elle ronronnait fort. Maudit que je l’aime. Elle aurait voulu rester encore, mais c’était le tour de son frère.

Le chat brun était aussi très heureux de sortir, il ronronnait déjà. Première mission : se tortiller. Vite. Le poil tout poussiéreux. Il me semblait moins nerveux que Whitney, et quand je l’appelais, il avait tendance à venir vers moi, alors on pouvait marcher un peu ensemble. Mais on se rendait pas loin, parce que si on avait croisé quelqu’un — humain, chien, raton laveur, moufette —, je sais qu’il aurait paniqué, et l’issue aurait pu être dangereuse. Maudit, je devrais déjà avoir un bon harnais pour eux. En tout cas, on a marché un peu, je l’ai flatté fort, je lui ai parlé, il m’a répondu des fois, et il arrêtait jamais son moteur. Il me semblait presque insouciant, et je le trouvais si beau d’arpenter cette ruelle la nuit avec son pelage de petit chat spotted tabby. Je le souhaiterais toujours libre de ses mouvements, en droit de prendre des décisions, même des décisions que je juge un peu niaiseuses des fois, je l’avoue. 

Okay pitou, on rentre. Whitney se pouvait plus, elle miaulait à la fenêtre, puis à la porte, alors on n’allait pas passer la nuit dehors. Frédéric-Démon a accepté que je le prenne dans mes bras, et j’ai pu franchir la porte sans que Whitney ressorte. 

Pour les féliciter d’être de bons chats braves et sages, je leur ai donné des gâteries en rentrant. J’achète pas souvent des Temptations (pis en écrivant ça, je me rends compte que je fais exactement ce que ma mère faisait mais avec les Fruit Loops), mais cette fois, je me suis laissé tenter (hu hu). J’ai juste ouvert le sac et ils m’ont regardée avec leurs oreilles dressées pis ils ont miaulé avec leurs yeux en billes d’animaux empaillés. La junk food fait son effet, alors bien sûr ils sont devenus fous — tout comme l’étions mes sœurs et moi quand on trouvait une boite de Fruit Loops dans les sacs d’épicerie —, et je leur ai donné des gâteries à parts égales. Après, j’ai rangé le sac dans une fenêtre qui me semblait hors de leur portée. Eh boy. 

Whitney a grimpé là comme un petit singe, tout étirée, en miaulant. Là, c’est moi qui suis devenue folle. Ça m’a rendue comme excitée et fière, parce que j’aime ça quand mes chats font preuve d’ingéniosité ou de ténacité pour obtenir ce qu’ils veulent, y compris quand ça me fait quand même un peu chier. 




Elle est redescendue sur le sol, je la flattais et elle se tortillait par terre en ronronnant fort, se relevait, se laissait retomber, se relevait, frétillait de la queue (encore), et quand je lui demandais son avis, elle me répondait toujours « wrah ». Je l’ai prise dans mes bras — ça lui arrive de plus en plus d’aimer ça, mais il y a des contextes pour ça, et faut jamais que ça dure trop longtemps —, après elle est passée de mes bras à mes épaules, et elle fait à peu près jamais ça, se percher sur mes épaules, alors je savais plus trop comment me placer pour éviter qu’elle me lacère en se cramponnant. J’étais comme pognée, accroupie au sol, avec une gougoune excitée qui ronronne fort, et j’essayais fort de pas me retrouver avec son anus dans la face.

Plus tard, Frédéric-Démon a eu droit à une longue séance de brossage-flattage-massage. Il poffait des joues, ce qui est un peu l’équivalent du frétillement de queue à Whitney, et bavait abondamment. Je l’ai tellement brossé qu’à la fin il restait plus de poils morts à décoller. 


Tout ça m’a rendue aussi contente et excitée qu’eux, j’aurais pu poffer des joues si seulement j’avais une barbe, j’aurais aussi voulu qu’on aille faire une longue marche tous les trois, qu’on prenne l’avion pour se rendre à Disney Land ou qu’on monte une comédie musicale, mais ce sont des désirs hors de portée. Ça finit qu’on dort tous les trois ensemble, Whitney sous les draps, me bavant dessus, et Démon en boule dans ma fourche, à l’étroit, parce que son thigmotactisme positif me semble plus prononcé, si cette chose existe chez les chats.

vendredi 16 août 2019

Les bernaches et les poulets s'activent le jour

Quand j’ai pris l’autocar pour me rendre à Louiseville, j’ai vu plein plein de bernaches dans des parcs d’Ahuntsic. J’avais un peu envie de pleurer, parce que je les trouvais tellement belles — et un peu badass — et je souriais niaiseusement en les admirant. Plus tard, sur la 40, j’ai encore croisé un camion plein plein de poulets. Il y a beaucoup plus de poulets que de bernaches dans l’univers, et je ne connais pas les chiffres, mais je sais que les poulets sont aussi admirables que les bernaches. Les poulets étaient si près de moi que j’aurais pu leur donner des noms. Un peu plus et je pouvais les flatter. Ils étaient tous aplatis contre le sol, et je sais pas si c’était à cause de la peur, du vent ou des secousses s’ils se tenaient comme ça, ou à cause de leurs petites pattes de bébés oiseaux trop frêles pour supporter leur corps lourd et viandu. 

Quand je suis revenue à Montréal, j’ai marché de la gare jusqu’à chez moi et j’ai fait un détour par le parc La Fontaine, où j’ai longé l’étang pour voir les oiseaux. J’ai en premier vu quelqu’un qui faisait des push-ups en descendant un escalier. On aurait dit un fantôme de film d’horreur japonais. J’ai aimé ça. Mais j’ai encore plus aimé voir les oiseaux. Un petit goéland à bec cerclé m’a regardé comme un humain mérite de se faire regarder par un oiseau, c’est-à-dire avec suspicion. Après, j’ai vu des canards qui dormaient en boules, le bec dans le creux des ailes, et les bébés formaient un tas fluffy.


Après, je me suis demandé combien de personnes ont donné du pain aux canards aujourd’hui, et combien de canards sont morts cette année après avoir mangé du pain ou des Goldfish ou autres shits du genre. Je pense à des chiffres alors que je devrais penser à rien et dormir, mais je pense aussi à faire un statut Facebook pour demander à mes ami·es de ne plus m’inviter à des activités diurnes.

Cette bernache est fucking admirable. ©ARLEN REDEKOP / PNG

lundi 29 juillet 2019

Evlyn m'a dessinée!

Tantôt, Evlyn et moi on jasait au parc en mangeant du chocolat. On a fait connaissance avec une chienne tellement BELLE, et son humaine trouvait ça drôle qu’on s’installe drette devant le parc à chiens pour avoir une belle vue, et après, Evlyn m’a dit que j’avais du chocolat sur le bord de la bouche, et dans ma tête j’étais aussi beurrée que le petit lapin qui mange une tranche géante de melon d’eau, mais elle a dit que c’était juste un pixel de chocolat. En tout cas, sur son dessin, j’ai pas trop l’air de manger comme une truie (mais pour vrai, je mange comme une truie, des fois j’en échappe sur mes chats). Mais c’est pas grave parce que j’aime aussi beaucoup les truies, ainsi que les chiennes et les pigeons du parc Laurier.

Evlyn a fait cette illustration en deux minutes, je capote un peu. <3 td="">

jeudi 11 juillet 2019

Notre virée su Canadian Tire

Après une journée d’oisiveté avec Régis, il était temps que je m’active un peu et que je m’attaque à ma liste de tâches qui trainent depuis trop longtemps. Aujourd’hui, je magasine dans un Canadian Tire de banlieue avec Alexandre, et je pense que je suis aussi fébrile que les Chick’n Swell avant d’aller à Victo.

À 13 h 17, Alexandre m’écrit : « Solange! Es-tu réveillée? » Aucune idée de quoi il parle. « Connais-tu les Secrétaires volantes? C’est un band de Québec! » Je les connais juste de nom. Je me souviens que ma sœur pis son chum avaient sous-loué l’appartement du bassiste en haute-ville un peu avant d’engendrer mon neveu. C’est tout ce que j’ai à dire sur les Secrétaires volantes malheureusement. Pour la route, Alexandre aura prévu une playlist en conséquence pour remédier à ça, heureusement.

Il avait réservé une Communauto pour l’occasion, sa Miata étant trop petite pour embarquer le gros bac roulant anthracite que je convoite depuis le vol de ma dernière poubelle le 17 mars 2019. Oui, j’ai un problème de vols de poubelles et c’est à la fois extrêmement frustrant et très niaiseux. Mais c’est pas de ça que je veux parler. Non, aujourd’hui, je raconte

NOTRE VIRÉE SU CANADIAN TIRE




Alexandre m’attend dans le char. À ce stade de l’histoire, on sait toujours pas si on s’en va au Canadian Tire de Laval ou de Rivière-des-Prairies. C’est les deux succursales qui sont censées avoir en stock le modèle que j’ai choisi. Mais on a le temps d’y penser, parce qu’on s’en va d’abord au Café Dei Campi. C’est ma place préférée pour manger! Tout est bon là-bas, et je suis un peu en amour avec les pizzettes. Des fois, je rêve que je mange des pizzettes, et je me réveille toujours un petit peu déçue. J’y pense : presque toutes les fois où je vois Alexandre, on va au Dei Campi, ne serait-ce que pour ramasser de la bouffe. La première fois que je l’ai rencontré, c’était justement là. C’était ma première fois au Dei Campi, on allait déjeuner avec Élise. Je dis « on », mais je pense qu’Élise était rendue à son souper. On vit pas dans le même fuseau horaire biologique. Genre, Élise peut se lever, me dire « bon matin! », pis moi je m’en vais me coucher. Sans exagérer. 

En tout cas, cette fois, on arrive au Dei Campi alors que j’y suis pas préparée. Je me suis bourrée de muffins aux bleuets — attention, maintenant je cuisine —, je savais pas qu’on allait là, alors que pour Alexandre c’est une étape qui va de soi, mais je peux rien avaler de plus, donc je prends un biscuit pour plus tard. « Leur recette de biscuits est-tu dans le livre d’Élise? » Oh que j’aurais aimé ça!

Je me dis que ça se pourrait bien que les stocks indiqués sur le site ne soient pas exacts. Prenons pas de risque et appelons. Aucun choix du menu mène au département des poubelles, alors je choisis « Service à la clientèle ». La dame qui me répond me transfère « au bon département ». C’était quoi le bon choix du menu, au fait? « Produits ménagers ». D’accord, merci. (Alexandre et moi on se regarde. Y’avait pas l’option « Produits ménagers », han? Non.) Ça répond « Allo? ». Suis-je toujours su Canadian Tire? Je dis à la dame que je voudrais vérifier s’ils ont bien en stock l’article que j’ai vu sur leur site internet (j’ai vraiment dit « site internet » et je me suis jugée moi-même d’avoir dit ça), je donne le numéro d’article, mais la dame me dit qu’elle doit raccrocher pour vérifier. « Pouvez-vous me rappeler? » Ah… Euh, oui? Bien sûr. Quel drôle de système. Si tu veux me parler, envoie-moi un FAX.

Voici ma poubelle de rêve.

Je vais évidemment oublier de la rappeler parce qu’on arrive au Dei Campi, pis on va vivre dangereusement et se rendre direct à la succursale de Laval sans vérifier si ma poubelle anthracite m’attend pour de vrai.

Alexandre a même pas besoin du GPS. C’est comme full instinctif chez lui, il roule jusqu’à Laval comme un charme, il prend même la bonne sortie pour nous emmener au village des magasins. Le village des magasins, c’est comme un centre d’achats à ciel ouvert, sauf qu’au lieu de te déplacer d’un magasin à l’autre en marchant, tu prends ton char, pis au lieu d’avoir des aires de repos et de restauration, t’as des parkings, beaucoup de parkings. Reste pas là trop longtemps au soleil.

On hésite à aller voir su Walmart. D’un coup qu’ils auraient des poubelles au meilleur plus bas prix? Mais ça dépasse les limites de mon anticapitalisme (lol). « En plus, Canadian Tire, c’est canadien! » Voilà de quoi me rassurer dans mon choix de consommatrice, Alexandre. Allons acheter local, go!

Juste avant qu’on pénètre dans le temple, je ralentis un peu devant les plantes. J’aime tellement ça, les plantes. Mais pourquoi j’arrive pas à les garder en vie? Euh… Eux autres non plus, on dirait. Sont toutes jaunes et fripées. Ces plantes-là ont l’air de souffrir. J’imagine que c’est ce genre d’images qu’ont en tête les carnistes qui disent que c’est cave de pas manger d’animaux parce que les plantes souffrent aussi.

Okay, on entre. C’est immense. Ça nous prendrait une carte. Ou peut-être qu’on devrait se servir de Google Maps? Quoique, Alexandre a l’air d’avoir un crisse de bon sens de l’orientation. On va aussi demander de l’aide à pas mal tous les commis qu’on va croiser. Expérience client totale.

Pendant qu’on se dirige vers la rangée des poubelles, on entend à l’interphone une commis qui annonce un évènement important : dans un instant, elle va donner un produit gratuit aux clients qui voudront bien se pointer au bout de la rangée 93, et ce sera leur seule chance d’obtenir ce produit gratuit bien mystérieux. Ça marche un peu leur affaire, parce que je peux pas m’empêcher d’être intriguée…

Ah! La voilà. Ma poubelle roulante anthracite. Il y a trois exemplaires, tous empilés sur une étagère inaccessible. Je lève les bras vers elle, Alexandre dit : « Viens dans les bras à maman. » C’est le temps de déranger un autre commis.

Il arrive pas à descendre les gros bacs. Sont jammés, et à bout de bras, ça a l’air lourd à pogner. Il s’étire au bout de son escabeau, et on est tentés de l’aider, mais Alexandre lui fait sagement remarquer : « Ton assurance couvre pas mes blessures. » Je vais chercher une autre commis. À deux, ça roule. Ça roule, mais le couvercle de mon bac ferme pas! Oh no. Est-ce que je peux en avoir un autre? Svp? 

On a choisi le filtre « Pépites ». L’aimes-tu?

Voilà. J’ai ma poubelle. Je suis en possession de mon beau bac roulant anthracite — reste à payer, quand même. Et je veux que ce soit ma dernière poubelle à vie, je veux plus jamais dépenser d’argent pour une querisse de poubelle. C’est ce qui nous amène ensuite au département de la peinture.

Avec de la peinture en canne, je vais écrire mon adresse sur le bac. Mais quelle peinture choisir? Alexandre me fait remarquer que c’est de la peinture à char qu’on est en train de regarder. Il passera un bon cinq minutes à regarder les crayons à touch-up pour sa Miata. Je dérange un autre commis. 

Bon. C’est dans ce mur des canettes de peinture que je vais trouver ce qu’il me faut. Mais laquelle? Le commis sait pas trop lesquelles de ces peintures adhèrent au plastique. Il va m’envoyer quelqu’un d’autre. C’est finalement un client qui va nous dire quoi acheter. Merci monsieur! 

Maintenant, ça me prend une chaine pour sécuriser ma poubelle de luxe. Nouveau commis à déranger.

— Ah, il nous reste pus de chaine au pied. Va falloir t’ailles chez Patrick Morin pour ça.
— Okay. C’est qui, lui?
— Bin, euh, c’est une quincaillerie, c’est juste à côté.

Okay, j’irai à mon Rona de quartier. On n’a pas prévu faire une tournée du village de magasins.

Finalement, Alexandre a trouvé c’était quoi le produit gratuit en farfouillant dans les rangées. « Un nettoyant miraculeux! » Oh shit. Avec une démonstration en plus. Dire qu’on a raté ça…

Bon, est-ce que j’achète un ti-casse? J’ai peur d’avoir un accident de Bixi et que mon crâne soit écrapou comme un Whippet. Alexandre prolonge la location de Communauto, mais on finit par décider que c’est peut-être pas le meilleur moment ni la place pour magasiner mon casque de vélo.

Alexandre s’arrête devant un aspirateur à 700 $. Il a l’air de bien connaitre ça, parce qu’il l’appelle « mon beau Dyson ». Moi, je trouve qu’il ressemble pas mal à celui de mon ex, pis la moitié du temps, on pouvait pas s’en servir parce qu’il fallait le charger pis ça me fâchait. Fuck off. Pis hey, pour la moitié du prix, t’as un Roomba d’entrée de gamme qui va faire le ménage tout seul, pis ton chat va avoir du fonne. 

Même affaire pour le projecteur cheap. « Ça pourrait-tu être pratique pour faire notre visionnement des Voisins avec ton polycule? » Oui, mais mon polycule a un super grand sous-sol frais avec un projecteur, on devrait plutôt s’inviter là. Sinon, j’ai maintenant une télé. Pis un manné, je vais bien finir par trouver des divans (une autre affaire sur ma liste).

Oh ho. La commis annonce qu’il y aura une autre démonstration avec LE PRODUIT GRATUIT. On y va-tu? Je fais attention aux folies dans les dépenses, mais pour les produits gratuits? Hiiiiiii!

Arrivés au bout de la rangée 93, y’a personne. On voit le stand où aura lieu la démonstration, avec un bout de plancher en céramique prêt à être sali puis nettoyé de façon complètement inédite. Ossetie, ça va être gênant d’assister seuls à la démo. On décide d’aller un peu plus loin pour scèner discrètement. On n’aura pas de produit gratuit, mais on aura vécu la chose. 

Finalement, ça a l’air plate et un peu sectaire, et ça commence à être l’heure de retourner dans la métropole. Comme on passe dans l’aire des instruments de cuisine, que je suis en train d’apprendre à cuisiner, et que je pourrais procéder par mimétisme et refaire la recette coréenne qu’Archie m’a montrée l’autre jour, je demande à Alexandre s’il s’y connait en matière de poêles. « Non. On a déjà eu cette discussion-là. » Quoi? On a eu une discussion sur les poêles? À au moins deux reprises Alexandre me dira « on a déjà eu cette discussion-là ». J’ai plein de questions, dont : On est-tu rendus des spécialistes de magasiner su Canadian Tire? Ma mémoire est-elle si pourrie que ça?

Avant d’arriver aux caisses, on tombe dans les livres. « Penses-tu que le livre d’Élise est là? » Huuu, on dirait plutôt des livres qui ont échappé de justesse au pilon. On n’a pas trouvé le livre d’Élise, mais on a vu des livres de cuisine végétarienne et même de cuisine flexitarienne. Si j’ai bien compris, c’est un livre qui te dit que tu peux cuisiner chaque recette avec ou sans viande. K, cool. Alexandre prend un Guide de l’auto pour son « neveu qui aime bin ça lire ça ». Je sais toujours pas si c’est vraiment son neveu qui va le lire.

La caissière me dit qu’elle aime mon look. Aon. Est fine. Elle venait aussi de me demander si elle pouvait regarder dans la poubelle, d’un coup qu’on aurait caché quelque chose dedans, ou mieux, quelqu’un. Le coup de la poubelle, c’est pas une bonne manière de voler du stock su Canadian Tire, sache-le.

Le GPS biologique d’Alexandre est peut-être pas si parfait, au fond. En sortant du village des magasins, on se ramasse vite dans un rang avec des vieilles maisons. Je me dis que c’est donc bin la place parfaite où habiter à Laval. T’as l’impression d’être loin à la campagne, mais non, t’es drette à côté de toutes les tentations du capitalisme. Sauf que c’est pas là qu’on veut habiter right now, ça fait qu’on se rabat sur Google Maps pour retrouver la grand-ville.


Sur le chemin du retour, on a écouté Solange attentivement, et on a parlé de nos chats morts et de nos chats vivants, et quand je suis rentrée je regrettais pas d’avoir acheté un biscuit. Et qui aurait cru que ça ferait autant de bien à mon moral de plus avoir à garder mes vidanges dans mon salon?

mercredi 19 juin 2019

Boire un chocolat chaud avant d'aller danser avec les gothiques

Personne voulait sortir danser avec moi ce soir-là, et tout le monde avait de bonnes raisons de pas vouloir sortir danser, sauf Ringuette, qui voulait aller dans une « place standard ». Heille, wo. J’irai certainement pas danser dans une place standard si y’a rien qui m’oblige à faire ça. J’ai déjà habité à Québec, moi. En plus, je voulais tester une nouvelle soirée gothique, même si c’était déjà prévu que je retourne au même endroit le lendemain. Je suis pas mal déprimée ces temps-ci, alors sortir danser sur une base régulière, c’est à la fois une stratégie de survie et une occasion d’aller faire la malade sur le dancefloor (par opposition à faire le malade assis, si tu saisis l’astuce). Et si j’ai de la chance, je fais ça avec des gens que j’aime.

Toute la journée j’avais essayé de travailler efficacement, mais c’était dur. La déprime et l’anxiété viennent avec travailler mal. Ma concentration n’est pas là, je fais des erreurs, je suis lente. J’ai trop de choses à faire et à penser, je suis stressée, mais j’aurai bientôt des vacances. Par « vacances », j’entends « absence de travail rémunéré ». Je vais pas voyager, non. Mon ami Alexandre m’a dit qu’il y a un non pour ça : staycation. J’ai hâte d’être rendue là, même si je sais bien que ça va me faire descendre plus creux dans mon gouffre financier.

Juste avant de sortir, j’étais en train de tchatter avec Nicolol en buvant un chocolat chaud. Dans la même veine que la fois où on inventait un nouveau titre à L’hiver de force chaque fois qu’on parlait du livre, on s’invente un nouveau nom presque chaque fois qu’on s’interpelle. Je lui ai dit « à plus tard, Nicoloriage » et il m’a répondu « salut, Soflashdance », et j’ai trouvé ça fort. Un de ses meilleurs, je trouve. Et mon meilleur, à ce jour : Nicolonoscopie. 

En chemin, j’ai croisé une amie et ex de mon ex. Elle s’en allait justement à la même place que moi, alors on a marché ensemble jusque là. Je lui ai parlé de mes problèmes de vache, elle m’a parlé de son voyage au Maroc. Ça fait cinq semaines qu’elle revient du Maroc, et elle en revient pas de revenir du Maroc. Un jour, je ferai un voyage transformateur. Genre : aller à Ottawa. 

Personne voulait sortir, jusqu’à ce que mes métamours m’écrivent. Bébé Goth a dit : « Archie s’en vient, on est dans le taxi! » J’ai donc passé la soirée avec le mari de ma blonde.

Sur la piste de danse : Suicide Commando. Une fille m’a tendu un flyer du show à venir et m’a fortement conseillé d’y aller. J’ai vu Suicide Commando avec Thieuse à Kinetik en 2011, je pense. Sur place, on avait rencontré ses ami·es gothiques, dont Éric, qui travaille au Biodôme. Il m’avait dit qu’un des esturgeons avait un kick sur lui, et j’étais un peu envieuse parce que j’aime beaucoup les esturgeons et les poissons en général. Je sais pas si j’aime autant Suicide Commando que les esturgeons, mais ça pourrait être le fonne d’aller voir le show à la fin du mois.

C’était un soir plus relaxe, il y avait pas plus de 10 personnes à la fois sur la piste de danse. Je pense qu’Archie et moi on a dansé 20 minutes en tout. On a surtout jasé dehors, de Passe-Partout, d’animés, de son ancienne carrière de jeune champion d’escrime, de notre blonde, de son chum aussi, et on a dit qu’on devrait parler dans leur dos, parce qu’on les aime. Le bar fermait, alors on est allés chercher nos choses pis on dit bye, à demain, comme si on était dans notre salon, et on a jasé en marchant jusqu’à la Coop les récoltes. Archie a dit « j’ai un livre à te montrer, check c’est mon philosophe préféré », et il a sorti de sa sacoche Testo Junkie, de Paul B. Preciado (publié sous le nom de Beatriz Preciado). J’étais un petit peu énarvée, et j’ai catché plus tard que j’avais déjà lu sa page Wikipédia avec beaucoup d’émoi. C’est le prochain livre que je veux lire. 

Archie est grand, il a des yeux de chat, et des esties de beaux sourcils. Il a une belle voix. Tous les membres de mon polycule ont une belle voix. Si on nous entendait parler tous les quatre, on pourrait dire qu’il y a une seule voix gossante qui sort du lot, pis c’est la mienne. Je pense objectivement que ma voix est pas si pire que ça, mais c’est la mienne alors j’ai le droit de la critiquer. 

Archie est plus attentif que moi. Avec ses yeux de chat, il entend ce qui se passe autour de nous. Il a remarqué qu’un dude soul a crié après une fille qui marchait près de nous. Il était question d’être habillée pour se faire violer. Ça l’a inquiété, parce que c’était pas clair si c’était des menaces ou du râlage de gars soul. On a ralenti le pas pour en quelque sorte escorter la fille discrètement, afin qu’on puisse intervenir si le dude s’approche d’elle. Je ne sais pas exactement ce qu’intervenir veut dire quand c’est moi qui le dis. Il faut que j’y réfléchisse et que je m’y prépare. Peut-être que ça veut dire sortir nos armes de gothiques. Archie pourrait prendre son épée. Peut-être que je pourrais caller des démons drette du centre de la terre. En tout cas, la fille était pas seule. On a formé un bouclier avec le ciel en petites boules roses, puis le dude soul a bifurqué vers une autre rue, pour aller se coucher on l’espère.

Rendus à la Coop, on a retrouvé Bébé Goth, et j’ai un peu chillé avec eux avant de poursuivre ma route jusqu’à la maison. Bébé Goth m’invitait à l’after chez lui, mais check bin à quel point je suis sage et responsable : je devais rentrer nourrir mes chats, et ensuite dormir suffisamment pour être capable de travailler efficacement le lendemain (pour après sortir danser de nouveau). 


J’aime marcher la nuit. Je trouve que la luminosité est meilleure, les graphiques sont pas mal plus beaux dans la pénombre, il y a moins d’humains et de voitures, les odeurs sont plus intéressantes, et il n’y a pas de rayons UV pour agresser ma peau translucide. Ce soir-là, j’aurais pu marcher encore longtemps, de la musique dans les oreilles, mais pour les petites rues sombres qui me restaient à parcourir, j’ai pris un Bixi. Première fois de l’année que je roulais la nuit, et c’est une de mes activités nocturnes préférées de l’été. Pas de chars, juste des moufettes et des chats, parfois le chant des engoulevents, ou les petits bruants si la nuit tire à sa fin. C’était les petits bruants. J’ai ôté Ministry de mes oreilles et j’ai pédalé jusque chez moi en me crissant du Code de la route. En me laissant rouler, j’ai réalisé : c’est un beau moment, je me sens bien. Si des bruants m’ont vue à ce moment-là, ils ont dû se dire : voici une personne qui fait du vélo en souriant. De plus en plus, je pense à promener mon sourire niais quand je me sens bien. C’est pas très gothique, non.

jeudi 23 mai 2019

J'aime tous les oiseaux de la Mauricie (et du reste du monde)

L’autre jour avant de m’endormir, j’ai lu un article de Dre Aysha Akhtar — « I studied factory farms for years. Visiting one was far worse than I imagined —, et même si ça m’a broyé le cœur, je regrette pas de l’avoir lu. Je me sens obligée de rester informée et à jour sur le sujet.

Le lendemain, dans l’autocar qui m’a menée à Trois-Rivières, j’ai croisé un camion rempli de broiler chickens, ces mêmes poulets dont parle Akhtar dans son article. Des étages de bébés oiseaux — ils sont normalement abattus lorsqu’ils ont entre 7 et 9 semaines, parfois moins —, des petits poulets blancs jaunis avec une toute petite crête, tous entassés dans des cages ridiculement petites. Je sais que plusieurs ont les os broyés.

Mon cœur. Encore le cœur broyé. Mais je regrette pas de les avoir vus. 

C’est toujours pareil : j’ai envie de m’excuser, de leur dire que je les aime, même si ça change rien, et de m’excuser, je suis désolée, je suis tellement désolée…

J’en ai tout de suite parlé à Rita et Isabelle sur Messenger, mais c’était un très mauvais réflexe parce que les deux avaient eu un début de journée de marde. Je m’en voulais d’avoir manqué de jugement. Je me suis rappelé que je connais d’autres solutions pour esquiver une crise de panique.

J’ai essayé de penser à des belles choses. J’ai regardé les nuages. J’ai pensé à l’Antarctique. J’ai pensé à Christiane Bailey. Après, j’ai remarqué les oiseaux libres et vivants : un rapace qui plane, des bernaches qui posent. À partir de là, j’ai pu me concentrer sur tous les animaux que je croisais sur ma route.

Seulement à la hauteur de Maskinongé, j’ai vu : un petit rat musqué qui nageait, au moins trois grands hérons (dont un qui avait l’air de se prendre pour un autre, mais c’est pas de sa faute), des bernaches, un canard colvert, des carouges à épaulettes, des goélands argentés (ou à bec cerclé?), un échassier blanc que j’avais jamais vu! (une grande aigrette, on dirait), un marmotton, plusieurs marmottes, des corneilles d’Amérique, un geai bleu, un merle d’Amérique, peut-être un grand corbeau, des étourneaux sansonnets, un quiscale bronzé. 

Toujours à Maskinongé, j’ai pas vu : André pis Nicole.

Mes yeux poches d’humaine n’ont pas vu non plus les très petites espèces, comme les insectes et les rongeurs et les amphibiens, mais j’ai vu des pneus et une shitload de déchets anthropocènes. Ça, je pouvais pas les manquer.

J’ai aussi vu des maisons et des chalets inondés. J’ai pensé à la revue de témoins de Jéhovah que j’ai ramassée en fin de semaine en prenant le métro vers Longueuil dans laquelle on t’explique quoi faire si tu subis une catastrophe naturelle. J’espère que ces gens inondés ne lisent pas Réveillez-vous!. Ils seraient déçus en maudit. J’espère qu’ils vont être corrects.

Les bernaches faisaient des choses importantes. 

J’avais moins envie de pleurer, mais j’avais encore les larmes aux yeux. Je les aime. (C’est correct d’aimer des gens qu’on connait pas.)

Et pendant que je regardais ces oiseaux, les condamnés et les libres, un oiseau que je connais bien, l’oiseau le plus choyé, le plus aimé, vivait ses derniers instants de vie d’oiseau aimé et choyé. Tout ça se passait quelques jours avant sa mort brutale et dramatique, qui laisse derrière elle des cœurs broyés, inconsolables. 


Et je vous jure qu’il n’y a pas de différence entre le deuil d’un humain et celui d’un oiseau, et je ne sais pas pourquoi on dit « partir comme un petit oiseau ».

mardi 30 avril 2019

Le marathon L'hiver de force

Ça faisait quelques fois qu’on parlait de L’hiver de force, Nicolas et moi, et chaque fois on se disait qu’on était dus pour le relire, parce qu’on avait oublié des détaux, pis anyway c’est jamais une mauvaise idée de relire Ducharme, à moins que t’angoisses à l’idée que pendant ce temps-là, tu peux pas lire les autres livres que t’as pas lus pantoute. Ça fait qu’on a décidé de le relire en même temps, et même de transformer ça en marathon : premier qui finit gagne un Gagnant à vie — pas forcément gagnant — et la gloire qui vient avec. Nicolas Jodoin vs. Lora Zepam.

Devine qui a gagné???

J'avais le choix entre deux éditions, et la version numérisée par Thieuse qui contient des caractères weird.

Bin non, pas moi. Hey, j’écris pas toujours pour me vanter! Nicolol a gagné, pis en estie à part de ça : il a fini hier, alors que j’étais juste rendue à la moitié. En plus, il a une grippe. Pas un rhume, là. Une grippe genrée, qu’il dit. Pis je vais pas finir le livre aujourd’hui, j’ai encore de la job qui vient de rentrer.

Alors bravo Nifuckolat, tu gagnes le marathon de L’hiver de plotte! (On n’arrête pas de faire des farces plattes, kestuveux. Pis c’est même pas la pire, là.)

Pis moi, là, bin j’ai la confirmation que j’ai toujours pas réussi à réorganiser ma vie pour faire plus de place pour la littérature (lire, écrire, ces shits-là). Pis ça me déprime. C’est comme si j’avais le choix entre être pauvre, anxieuse, agoraphobe et avoir du temps, ou avoir une santé financière et mentale correcte, mais pas avoir une querisse de minute pour moi. (Sauf là. Check, je vole du temps pour écrire ces gnéseries.)

Avant, j’écrivais tout le temps ici (j’aime ça!), un manné je me suis mise à faire des fanzines (j’aime full ça!), et maintenant, j’écris surtout à mes ami·es sur Messenger, dans les bulles de commentaires des documents que je révise, et quand j’ai du temps ou trop d’affaires à mémérer, j’écris un long email à mon ami François Blais. 

Je lisais avant de me coucher, en déjeunant, dans les transports en commun, durant les rides de char, dans la face du monde, en dinant, en soupant, un peu n’importe quand; le reste prenait le bord quand j’avais une lecture captivante. Ce que je vivais était toujours teinté de mes lectures du moment. 

Là, je trouve juste du temps pour des lectures relativement courtes, et tous mes projets qui sont un peu longs sont suspendus ou flottants, j’arrive même plus à les toucher en m’étirant jusqu’au boutte des orteils. J’ai jamais voulu ça. Il va falloir que je sacrifie des choses dans ma vie, et je sais pas encore ce sera quoi. Déjà, j’ai plus Netflix (bonne affaire). Je vais désactiver — encore — Facebook, bien que j’y perds pas mal moins de temps qu’avant. Peut-être que ma vie sociale va écoper. Que mon appart va être encore plus bordélique. Je pense que mes sauvetages d’animaux vont aussi être tassés pour un temps (c’est en train de me ruiner, anyway).


Pour notre prochain marathon — parce que oui, on va en faire d’autres! —, je vais m’arranger pour que ce soit agressivement compétitif entre nous. Watch out, Nicolerette, parce que Lover de force, c’était juste un réchauffement.

jeudi 28 mars 2019

J'ai le rhume

J’ai décidé de donner un sens au rhume. Le rhume, c’est l’affaire la moins grave que je peux pogner. Deux ou trois journées plates, où je me donne le droit de geindre abondamment à propos de mon état misérable, après ça les symptômes s’estompent et disparaissent en une semaine. Donc, le rhume, c’est juste un peu gossant, et c’est con.

Le sens que je lui donne, c’est l’obligation de prendre soin de moi et d’arrêter de penser à produire. Mais j’y arrive pas. Pourtant, y’a rien que j’aime plus que rien crisser, ou lire, ou jouer au Nin, ou regarder des films avec mes chats. Mais là, j’ai le rhume, et je suis pas très bonne pour m’en servir comme je suis censée le faire.

En plus, ce rhume-là, c’est un rhume de manquer une semaine d’école. Je suis congestionnée, ça fait que j’entends moins les sons ambiants, mais super gros mon acouphène ou encore mes bruits de mastication, deux choses que je trouve assez irritantes; je suis fatiguée, y’a le feu dans mes sinus et ma gorge, je sens et je goute presque rien, et je suis un tube de morve. Genre, je sais plus où mettre tous les kleenex que je remplis — et c’est pas une image, là : ma poubelle a été volée, j’accumule les déchets chez moi. 

En gros, tout est en place pour que je prenne un break de la vie et que je me traite comme une VIP. Je peux peut-être pas demander à ma mère de motiver mes absences, mais j’ai pas non plus énormément de contrats à finir cette semaine, alors je pourrais me permettre des journées de travail pas trop trop chargées.

Pourquoi j’y arrive pas? Pourquoi je continue d’avancer dans mes impôts (arque), que j’essaie de finir la comptabilité de Fondation Po, que je continue de chercher des solutions à tout plein de tracas personnels et de faire des choses utiles? Tantôt, j’ai pensé : ah, si demain je vais mieux, je vais teindre mes cheveux et peut-être voir mon coiffeur pour qu’il répare ma gaffe. J’ai eu envie de me chicaner pis de m’envoyer réfléchir dans ma chambre. Mais j’étais déjà là, en train de réfléchir à comment sortir de cette vie productiviste. 

Mes ami·es me disent : bois beaucoup de liquide (j’arrête pas de pisser), mange de la soupe (arque, j’haïs la soupe), dors beaucoup. C’est peut-être juste ici que j’arrive à prendre soin de moi, mais pas au sens où mes ami·es l’entendent. Au lieu de suivre à la lettre leurs bons conseils tout à fait sensés, je fais ce qui me tente. Je mange des frites pis du chocolat et je me couche juste quand je cogne des clous. 

Oh, j’ai aussi suivi les conseils d’internet! J’ai fait bouillir une grande casserole d’eau pour humidifier le Manoir Po, pis là je l’ai mise dans ma chambre, en plus des serviettes humides suspendues près du calorifère. Je me sens full ingénieuse. Prête à écrire pour Reader’s Digest.


Et pourquoi j’écris cette note de blogue à 3 h du matin au lieu de m’écraser devant Mario 64 alors que les seules personnes qui vont lire ceci sont déjà pus capables d’entendre parler de mon rhume? Peut-être que c’est la meilleure façon de prendre soin de moi. Bloguer, ça compte pas pour des choses utiles.