lundi 6 avril 2020

Les choses qui vont bien

[Originalement publié le 30 mars 2020 sur mon Patreon.]

Mon amie Chantal a partagé une publication apparemment écrite par l’Association des psychiatres du Québec qui donne des conseils pour conserver une bonne santé mentale pendant la pandémie. De bons conseils, peu surprenants, mais bon, les gens comme moi ont souvent besoin de se faire rappeler les choses de base comme bien dormir, manger suffisamment et faire un peu d’exercice chaque jour. Je crois pas pouvoir appliquer ces trois conseils chaque jour, mais il y en a un que pense arriver à mettre en pratique :
Avant de se coucher, noter trois choses qui se sont bien déroulées. Alors je note ici ces trois choses :

  1. le show de Géraldine, suivi d’un party sur Zoom;
  2. sortir marcher;
  3. Boubeur qui me fait rire.

Premièrement, je dois dire que Boubeur me fait rire pas mal chaque jour. Mais y’a des journées où ça devient encore plus important. Alors merci mon fourron. 

La première du show de Géraldine était diffusée à 18 h, alors je me suis un peu botté le dardjére pour sortir du lit vers 16 h. Ça m’a laissé en masse de temps pour déjeuner, placoter un peu, me brosser les dents, me maquiller, etc. J’essaie toutes mes couleurs de fards à paupières. Si c’est laitte, bin je vis avec jusqu’au coucher. 

Oh, le show! C’était beau! Ça m’a émue, merci Géraldine pour ce petit spectacle intime et lumineux.
Et comme lors du gala, on pouvait tchatter en direct avec les autres personnes présentes sans gâcher le show à personne. Après, j’ai rejoint Thieuse et Géraldine sur Zoom, puis Boubeur, Maude, Hélène et Laurance sont arrivé·es. C’est weird, on dirait qu’on est en 2002 pis qu’on se dit « hey moi aussi j’ai acheté une WEBCAM, ça vous tente-tu qu’on se parle en se VOYANT? », mais j’ai trouvé ça beaucoup plus le fonne que weird, pis j’ai ri pas mal, surtout quand Pepa nous expliquait pourquoi c’est bon pour lui de porter des gants en public parce que ça l’empêche de se fourrer les doigts dans la bouche après avoir taponné plein d’affaires (« j’ai souvent des p’tits coups de flux »), ou encore quand il nous a montré son graphique personnel de nerd de sous-sol qui compile des données sur la pandémie. Personne est allé pisser en oubliant de fermer sa cam, mais quelqu’un a dit « bougez pas je vais aller parler à ma cousine » pis la première affaire qu’on a vue c’est deux mains qui roulent un gros batte; je dirai pas c’est qui, je lui ai pas demandé si c’était correct que je parle de ça ici. En tout cas, « aller parler à sa cousine » est vite devenu le code pour dire qu’on s’en va fumer une poffe. 

Ça faisait une semaine que j’avais pas fait ma marche de petit monsieur. C’est rendu que j’ai plus peur du monde que du virus. Mais j’ai vu qu’il pleuvait un peu, je me disais que je risquais moins de croiser des polices-citoyens du câlisse. Ça s’est bien passé, et j’ai même pu aller faire un coucou à Ringuette. On s’est parlé un peu sur le trottoir, à 2-3 mètres de distance. J’essaie de garder des habitudes normales, mais c’est pas normal de se parler de même. En tout cas. 

En début de semaine, j’ai eu l’immense privilège d’avoir un partenaire de confinement. Doune est arrivé chez moi mardi matin après son dernier shift — le Carl Inn est enfin fermé — parce que je lui avais proposé de faire une quarantaine chez moi avant d’aller rejoindre son fils sur la rive sud. Finalement, il aura pas pu finir sa quarantaine, il est parti jeudi matin. Mais ça nous a donné trois jours pour essayer de se rassurer, de dormir correct, de garder une certaine forme (« on va se faire un programme de GI Jane! »). J’avais beaucoup de travail à faire aussi, peut-être mes derniers contrats avant que tout s’écroule, et je travaillais pas super bien. J’imagine que je suis pas seule à avoir une concentration de marde. Après, on a pu se divertir un peu. J’espère qu’on pourra rejouer à Broforce et regarder les pires films de Tom Hanks avant la fin de nos jours. Le jeudi matin, j’ai aidé Doune à mettre ses choses dans le char pis je lui ai dit bye sans pleurer.

Comme à peu près tout le monde, je sais pas trop comment envisager les prochaines semaines. J’ai plus peur de l’incertitude que de la solitude, mais je sais déjà que je m’ennuie de plein de monde. J’ai pas vu ma Rita depuis plus de deux semaines. Mes parents habitent loin, j’ai pas de char, je sais pas quand je les reverrai. Cet été? L’année prochaine? Doune pense qu’on va pu se voir. Crisse de gothique.

Je suis pas devenue une maniaque du ménage, mais j’ai passé l’aspirateur; quand j’ai ramassé les grains de riz sous la table, j’ai pensé omg c’est les grains de riz que Doune a échappés en ramassant son sac de riz avant de partir rejoindre son enfant. :’( Il m’avait dit « t’es sure que tu veux pas que je te laisse le riz? » j’ai dit nenon j’en ai déjà pis je mange rien d’autre que des patates. Il m’a laissé le reste de ses légumes royaux. Ouf. Je suis nostalgique de la fois où Doune a fait un dégât de riz dans ma cuisine.

Okay, revenons aux choses qui vont bien. Parce que c’est pas vrai que toute va mal, oh no! Je partage généreusement avec vous, pour vous aider à garder le moral, la liste des choses dont je me réjouis présentement :

  1. ma connexion internet (pour parler avec les ami·es);
  2. l’effondrement des Airbnb
  3. les riches qui pleurent.

Est-ce que quelqu’un a dit aux scientifiques que c’est peut-être avec des larmes de milliardaires qu’on pourrait faire un vaccin contre la COVID-19?

Okay, c’est assez, je vais me coucher. Bye, prenez soin de vous et commandez votre épicerie en ligne. XX



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