mardi 1 décembre 2020

J'ai un nouveau vieux four!

[Originalement publié sur mon Patreon le 8 novembre 2020.]

Moi qui se plains tout le temps de pas avoir de four 100 % fonctionnel, eh bien la semaine dernière j’ai vu une annonce de cuisinière vintage à donner sur Marketplace. Dans le langage des petites annonces, vintage ça veut souvent juste dire vieux, mais c’est pas grave du tout parce que mes seuls critères, outre que le four soir capable de faire cuire du manger, sont le prix (gratuit) et la distance de chez moi (pour pas avoir à louer de camion). J’ai donc trouvé un four gratuit, fonctionnel, à 8 minutes de marche de chez moi. Ça devrait être simple, right?

Une amie m’avait généreusement offert son aide et son diable. Sauf que son diable avait pas de straps, alors j’ai dû chercher où je pouvais louer ça. J’en ai parlé avec Alexandre. Sa réaction : « Gros projet, quand même. Beaucoup de coordination. Trouver un poêle, un diable, des straps, une personne pour aider, tout synchroniser ça. Les riches réalisent pas à quel point c’est de l’ouvrage, être pauvre. »


C’est aussi ce que je me dis souvent. Tout est plus compliqué quand t’as pas d’argent. On me dit parfois que je suis débrouillarde. Y’a pourtant bien des moments où je me sens pas particulièrement débrouillarde ni astucieuse, où j’ai juste envie d’aller me coucher. Parce que ça me draine, devoir être débrouillarde. Demander de l’aide, surtout. Me semble que j’arrête pas depuis mai dernier. Me sens un peu boulet.


L’option la plus simple et économique était d’aller louer un diable pour électroménagers avec des straps — étrangement, ça coute le même prix que louer juste des straps. Ringuette était disponible là là, et le gars du four aussi. Je me suis donc rendue au centre de location (23 minutes de marche x 2).


Ça me fait vraiment de la peine d’avoir perdu mes beaux muscles, parce que non seulement je suis moins sexy qu’avant, mais en plus je suis moins forte et ça c’est vraiment plate quand vient le temps de déplacer ses affaires lourdes. Juste monter la côte Sherbrooke avec un diable vide ça m’essoufflait et me créait des petites tensions pas le fonne.


J’ai ramassé Ringuette en chemin et on s’est rendus ensemble à l’endroit où se trouvait mon futur four. L’immeuble, en sérieuse rénovation, était inhabité, entièrement vide et on s’éclairait avec nos cells. J’aurais aimé ça voir des fantômes, mais faudrait pas pousser sa luck non plus : je venais quand même chercher un four gratis. Le gars qui le donnait a été doublement smat, il nous a aidés à le descendre du premier étage (ou du deuxième; l’étage au-dessus du rez-de-chaussée, là). En nous prévenant de pas s’accoter sur la balustrade, qui pourrait tomber n’importe quand. J’avoue avoir eu un peu peur durant les quelques minutes où on est restés sur le balcon pendant que Ringuette et lui rajustaient le four sur le diable : Est-ce que ce balcon peut soutenir trois humains et un appareil électroménager vintage?


Personne s’est blessé, fiou, et c’est Ringuette qui a tracté le four tel un brave poulain qui tire sa première calèche (ouf, cette métaphore est pas très végane). À manné, on a dû s’arrêter parce que le tiroir est tombé et trois-millions d’assiettes d’aluminium s’en sont échappées. Je l’ai moi aussi tiré sur un coin de rue, le temps de laisser les mains de Ringuette se reposer, pis câlasse que c’était toffe. Alors chapeau, mon bon Ringuette! Je te donne un biscuit! (Ou une poche d’avoine? Hé héééé…)


J’ai tassé mon ancien four dans un coin de la cuisine (j’espère que quelqu’un le voudra, peut-être qu’il est réparable ou que des pièces peuvent être utiles) et j’ai branché le nouveau. Comme j’habite dans son ancien appart, Ringuette en a profité pour checker un peu comment j’avais arrangé ça, a constaté que ça a fait du bien de changer la couleur des murs, etc. Par contre, je dois dire que je suis très étonnée qu’il n’ait rien dit à propos des nombreux accessoires sexuels qui trainaient un peu partout. Dans exactement toutes les pièces, pour être juste. Il est pourtant très observateur, il est le premier à spotter un estie de détail qu’on s’en câlisse de, mais il dit rien sur mon vibrateur Tango sur la table ou mes belles boules Kegel EN OR MASSIF sur le comptoir de cuisine. Sont tous propres, by the way. Je veux dire qu’ils ont été nettoyés après usage, mais comme je les ai laissé trainer, je vais les relaver pour ensuite les ranger dans un lieu sûr — mais où? C’est ça la question, je dois me trouver une valise ou un coffre à outils juste pour ça, mais c’est pas de ça que je veux parler aujourd’hui.


Là, je veux juste dire que je suis pas plus cochonne que la moyenne parce qu’il y a des sex toys partout chez moi; je suis juste plus traineuse que la moyenne. Et j’imagine que j’ai des habitudes de vieille fille itou. Anyway.


Ah oui, parlant de sexe, j’ai trouvé dans le four un estie de beau bonus : des vieilles revues de cul! Des années 80 à 2000. Très hâte de feuilleter ça. Le gars du four m’a récrit pour savoir si ça s’était bien passé sur le chemin du retour. Ça m’arrive à peu près jamais que les gens fassent un suivi après avoir vendu ou donné de quoi, ça fait que je me suis quand même demandé si c’était pas un pervers qui voulait juste vérifier si j’avais trouvé son « secret » pis que j’étais bin gros choquée, mais je vais pas lui prêter d’intentions. Il avait l’air gentil et généreux, je l’ai remercié de nouveau pour sa cuisinière et son aide, et il m’a dit que ça le rendait bien heureux de savoir que ça faisait une différence dans ma vie.


N’empêche que je me demande pourquoi ces revues étaient là. Dans un four? C’est quoi vos hypothèses?


Après toutes ces émotions, fallait quand même que je me ressaisisse pour qu’on sorte chercher mes lunettes. Ouin, en allant chercher le four, mes lunettes embuées me gossaient et j’ai eu l’idée de gougoune de les ôter pour les placer dans ma poche arrière. Alors on a refait le trajet pour inspecter les trottoirs.


Pendant qu’on marchait sur Rachel, j’expliquais à Ringuette un passage d’un vieux comic Archie que je venais de lire. J’essayais de deviner le texte original derrière une traduction. Mise en contexte : Le père de Véronica, le riche monsieur Lodge, prépare la venue d’un cirque ambulant à Riverdale, et il demande une faveur au promoteur :



J’étais comme what the fuck? Plus loin, je lis ça encore :



Je voulais l’avis du Ringuette linguiste. Tsé, je pouvais pas imaginer furry horse, ça n’a pas de sens. Puis, j’ai pensé à de quoi. Peut-être que c’était écrit bareback. Après tout, on peut voir Véronica monter un cheval sans selle.



Quand j’ai dit « cheval sans selle », Ringuette a vite répondu : « Sans caca? » 100 % pur Ringuette, han. Sauf qu’à ce moment-là, on était en train de croiser une famille avec deux enfants d’environ 4 à 8 ans. MAIS BIEN SÛR que les kids ont entendu le mot. J’ai même vu briller les yeux et le sourire de la plus vieille : « Caca? » J’ai regardé l’adulte (leur mère?) et dit « Je suis désolée! » en riant. Elle souriait, les enfants étaient hilares et répétaient « il a dit CACA! ». Je pense que ça a drôlement égayé leur (ma) journée. Une autre poche d’avoine pour mon bon Ringuette.


En tout cas, je dois dire que c’était peut-être la discussion la plus littéraire que j’ai eue avec Ringuette de toute ma vie. Pis j’ai retrouvé mes lunettes!


Maintenant, ma cuisine sent comme la cave chez mes grands-parents. J’ai pourtant bien lavé le four. Sauf que là chu en train de douter : d’un coup que l’odeur provient des magazines pornographiques?


Mais c’est pas mon plus gros problème. Là, j’ai un four inutile qui traine dans mon couloir parce que bien sûr les gens qui ont pas les moyens d’acheter un four neuf n’ont pas plus les moyens de louer un camion pour aller chercher un four semi-fonctionnel. Je vais devoir être débrouillarde pour sortir ça d’ici sans me démolir le dos, maintenant que j’ai rendu le diable. C’est de l’ouvrage, han?


PS : Mais watch out les cupcakes que je vais faire.


Il est beau, han? Très vintage, aussi. ^_^


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