jeudi 21 mai 2020

Ma nouvelle vie en banlieue

Ça fait plus deux semaines que je suis à Varennes. Je dirais pas que j’habite ici; je vis ici. J’occupe le condo de ma sœur, dans un village de condos, pis mes chats se sont adaptés plus vite que moi. Sans surprise, la vie est plate ici, mais le condo est crissement confortable. C’est grand, le lit me donne même pas mal au dos, c’est super bien insonorisé, les chats prennent des bains de soleil et galopent comme des pouliches au printemps pis je les trouve si beaux à voir, on peut prendre l’air sur le balcon, j’ai une laveuse et une SÉCHEUSE, un lave-vaisselle, pis OMG OMG OMG : un BAIN.

Je me suis demandé s’il y avait une limite hebdomadaire au nombre de bains que je pouvais prendre, pis j’ai décidé que j’avais le droit d’en prendre un par jour parce que j’ai pas d’esties de limites. Bref, je suis encabanée dans un lieu douillet à l’intérieur.

Dehors, tout est plate, mais tout ce que j’aime de Montréal m’est inaccessible, ça fait que je me suis dit que ça changerait rien de faire mon confinement ici, le temps de trouver un appart à Montréal. C’est pas tout à fait vrai. À Montréal, j’avais encore l’option de marcher avec des ami·es à distance.

Doune est pas loin d’ici, mais le confinement nous a comme défusionné·es. On s’est vu·es juste une fois, à deux mètres de distance et avec nos masques, et la plupart du temps on garde 2 km de distance.

J’essaie d’aller marcher chaque jour, mais j’ai pas encore pogné de routine. Je sais pas où aller. L’autre soir, je me disais que si je regarde à terre en marchant, je vais oublier que je suis à Varennes pis ça va être exactement comme si je marchais à Montréal. Sauf qu’à Montréal il y a des trottoirs dans pas mal toutes les rues, me semble. Qui sont mieux éclairées, me semble. Ma mère s’inquiète quand je marche seule le soir sur le Plateau Mont-Royal. Elle devrait voir Varennes le soir. Ici, t’as l’avantage de pas croiser d’autres piétons, alors c’est super rassurant pour la santé. Mais si tu croises un piéton, c’est genre Ted Bundy. Ou des ados bullies (fait vécu).

C’est plate, mais j’ai quand même de l’expérience en villes plates, j’ai déjà vécu à Baie-Saint-Paul, à Saint-Urbain, à Beauport, pis même à Québec. Not impressed. Juste un peu depressed. 

Alexandre est venu me visiter. Il faisait de la route dans son char de préretraité, et après sa tournée il a fait un arrêt dans mon stationnement. On a exploré ensemble le vieux Varennes, pis on est aussi allé·es chercher deux 40 lb de granules de bois à la quincaillerie. C’est la meilleure litière à chat — et la plus économique. Très contente de pouvoir maintenir cette habitude. On a aussi fait connaissance avec le village des restaurants. C’était beau. On n’a pas arrêté de triper. On a même vu un manoir gothique qui m’irait bien; je le mérite.

Oh, j’ai aussi reçu mon tout premier courrier de Varennes! Iris m’a envoyé une full belle lettre, avec les plus beaux timbres de bibittes, une photo d’elle, et des chiens amis en origami. Je les ai mis sur le frigo, à côté de mon poster de Pèse su play pis meurs. J’étais émue. *_*

La semaine passée j’ai voulu teindre mes cheveux bleu foncé, mais c’est sorti comme pouliche mauve et bleu. Il y a beaucoup de pouliches chez ma sœur. J’imagine que c’est une façon de m’adapter à mon nouvel environnement. C’est beau mais je suis pas tant dans un mood pastel. Mais bon, je vais m’y faire, han. Après tout, je suis pas tant dans un mood pandémie non plus. 

Parlant de pandémie, j’ai pogné un virus on dirait. C’est pas inquiétant, mes symptômes sont super légers, mais j’ai quand même appelé à la ligne d’info pour savoir si je devais et où je pourrais me faire tester pour la COVID-19, me disant que si je suis positive, les ami·es qui m’ont aidée à déménager auraient intérêt à être au courant. L’infirmière m’a fait remplir le questionnaire habituel, pis elle m’a donné un rendez-vous le lendemain, à Longueuil. Quand j’ai vu que ça me couterait 80 $ de taxi pour aller me faire tester dans un hôpital contaminé, j’ai annulé mon rendez-vous. Je vais m’isoler pour encore un boute, et j’espère fort qu’on sera pas trop nombreux·ses à garder des séquelles permanentes de tout ça. 



Aucun commentaire: