lundi 8 février 2021

Mon bilan de 2020

Mon psy m’a déjà dit qu’il valait mieux vivre les choses en retard que trop tôt, alors c’est surement pour ça que j’ai décidé d’écrire mon bilan d’année le 23 janvier (oui, ça fait deux semaines que je suis là-dessus on and off parce que tout me prend du temps). Okay, ma phrase précédente laisse entendre que j’ai un psy, mais c’est pas le cas. J’ai déjà eu un psy il y a au moins 15 ans, mais il a pris sa retraite et a fermé mon dossier sans me prévenir et ça m’a un peu traumatisée. 

 

Parlant de traumatismes, revenons à 2020, l’année des traumatismes collectifs — mais aussi des petites blessures intimes. D’habitude je me fais un devoir de trouver le positif dans le négatif, mais là je suis pas full dans le mood pour ça alors ça risque d’être un bilan UN PEU DOWNANT donc :




CONTENT WARNING : dépression, agressions sexuelles (sans détails), animal mort, finances, rupture.

 

Je commence drette par : 



La petite dépression

 

Je craignais le burn-out depuis à peu près deux ans, et il a fini par se faire sentir pour vrai, agressivement, et la pandémie est arrivée, et la dépression s’est installée. 

 

Je parle ouvertement de burn-out et de dépression parce que je pense que c’est important de déstigmatiser les maladies et les troubles de santé mentale, et que si je m’étais pété les deux jambes j’en parlerais certainement sur mon blogue et j’aurais mis des photos de mes plâtres sur Instagram. Je le fais aussi pour ventiler, pour dédramatiser, pour m’informer. Parce que je considère que j’ai aucun suivi médical à l’heure actuelle; ça fait au moins un mois que j’essaie de joindre mon médecin, et le Guichet d’accès en santé mentale me niaise un peu. Alors je me soigne avec les moyens que j’ai. Et en parler ça fait un peu partie du processus.

 

Sauf que des fois je le regrette après coup, j’ai le sentiment de peut-être avoir l’air de chercher la pitié alors que c’est quelque chose qui me répugne. Objectivement — si ça se peut —, je sais que je fais pas pitié. La moitié de mes ami·es sont en dépression, plusieurs sont dans une situation bien pire que la mienne, et le mood général de la planète est assez bof, sauf peut-être chez les câlisses de riches qui continuent de s’enrichir. 

 

Anyway. Je vis avec, et je m’accroche à une idée que j’ai lu et entendu et que je me répète même si elle ne résonne pas (encore) en moi : « tout finit par passer »; et je pourrai un jour sentir de nouveau que ma vie peut aller mieux et qu’elle va pas juste continuer de se dégrader et que je suis pas un cas perdu.  


 



 

Les shows

 

J’ai tout juste eu le temps de voir Metronomy et HIDE en février, juste avant la fin du monde. Je planifiais aller voir plein de bons bands cette année, dont Einstürzende Neubauten, mais hé hé. J’ai regretté d’avoir raté Tempers à la Casa del Popolo, et ça m’a convaincue de plus jamais hésiter à aller voir un band qui me tente.

 



 


La vie littéraire

 

Carl Ling et moi avons officiellement lancé notre fanzine Pèse su play pis meurs à la fin février, à la taverne Le Pélican. J’étais touchée de voir autant de monde, disons qu’on s’attendait pas à ça. En plus, l’Académie de la vie littéraire nous a remis un prix, et notre zine a aussi été en nomination pour le Prix Expozine. 

 




Mais puisque la pandémie est arrivée drette pendant le festival Dans ta tête, le gala s’est fait sur YouTube, puis on a annulé la tournée mondiale promotionnelle de Pèse su play pis meurs et la dépression s’est occupé du reste. HÉ HÉ.

 




 

On a encore d’autres beaux projets, et j’ai hâte qu’on puisse de nouveau travailler dessus. À manné.


 

Mes déménagements

 

J’ai dû dire bye au Manoir Po, le petit 3 1/2 pas cher où je vivais depuis 2012, pour céder ma place à ma propriétaire pour la prochaine année, alors qu’elle allait vendre sa maison à un promoteur. C’était un peu complexe comme situation, mais en gros, c’est ça : les immeubles sur le Plateau se vendent cher, les pauvres doivent bouger, même ceux qui sont nés là.

 

Moi, je suis pas née là, mais je pensais mourir là tellement j’y étais bien (plus honnêtement : considérant mes moyens). Mais j’ai coupé mes racines pis je suis allée me confiner en banlieue dans le condo de ma sœur qui, elle, était confinée à Québec avec son mari. J’ai mis l’essentiel de mes possessions dans un entrepôt et j’ai donné le reste, sans trop savoir quand je trouverais un appart. Je suis restée à Varennes deux mois, avec Whitney et Frédéric-Démon, pour ensuite me rendre chez Mathieu avec mes valises pour cinq semaines, revenir au condo deux semaines sans les chats mais avec Nicolas, puis rentrer à Montréal pour prendre possession du 3 1/2 que Ringuette m’a cédé. 




 

En résumé :

 

1.     Montréal-Varennes

2.     Varennes-Montréal

3.     Montréal-Varennes

4.     Varennes-Montréal

 

Rajoutons à ça les 2-3 jours où j’ai squatté chez Nicolas avant d’être « chez moi ». Les guillemets c’est parce que j’ai encore de la misère à savoir ce que ça signifie. Je pense que je suis chez moi quand je suis avec mes chats.

 

Le beau dans tout ça : je suis bénie en crisse d’avoir des ami·es en or qui m’ont aidée lors de chaque move. J’ai fait et défait mes boites seule, j’ai repeint l’appart seule, mais quand j’ai rempli et vidé un camion (à deux reprises), quand j’ai dû me promener d’une ville à l’autre avec mes chats, j’étais bien entourée, et juste d’y repenser ça me donne envie de pleurer de gratitude. Pis Alex a conduit un camion dans une ruelle! Presque pas de dommages… 

 

 

La vie de banlieue

 

Ayant grandi en banlieue — et un peu à la campagne —, c’était pas nouveau pour moi, sauf que quand j’étais enfant, je savais pas encore que j’haïssais la banlieue. Le condo de ma sœur était spacieux, confortable, luxueux (selon mes standards de pauvre), mais Varennes c’était plate en crisse. Sauf que tout est plate maintenant, fait que ma vie aurait pas été moins plate à Montréal. 





Pas moins plate, mais plus sécurisante? À Montréal, j’ai mon réseau d’ami·es, et je peux tout faire à pied. À Varennes, je me suis sentie crissement isolée longtemps. Carl Ling était lui aussi confiné à Varennes, mais on s’est juste vus un peu durant les dernières semaines.

 




Mais checkez-moi bien relevez les points positifs de cet épisode de tchul : mes nombreuses rencontres avec des lapins et des marmottes (et plein d’autres animaux!); les visites d’Alex (avec du Dei Campi en plus!); la visite de Christophe (avec des sacs de livres!); la promenade au cimetière avec Carl Ling et nos areniers; la fois qu’il m’a coupé les cheveux (plus drôle expérience de coiffure de ma vie); mes nombreux bains; les Cyclones et les tartes aux cerises; ma correspondance avec Iris et Régis.


J’ai fait le tour du boulevard René-Gaultier des dizaines de fois le soir, en écoutant pas mal la même musique. Je suis en train d’essayer de reconstituer la playlist sur Spotify, si jamais ça vous tente. Ça s’appelle Varennes pandémie.
 

Quand je suis retournée à Varennes à la fin d’aout, c’était pas pantoute le même mood. J’avais laissé mes chats avec Mathieu, question de voir « comment ça se passerait si je mourais avant eux et que Mathieu devenait leur tuteur », et je passais tous les soirs de semaine avec Nicolas. On n’avait pas internet alors on a regardé plein de DVD et j’ai failli finir Castlevania pour la première fois de ma vie.

 


Stage chez Doctorak

 

J’ai habité chez Mathieu alors qu’il était en vacances dans le Bas-du-Fleuve, et le deal c’était que je m’occupe des commandes sur sa boutique en ligne durant son absence. Excellent deal qui m’a permis de me rappeler que j’aime ça, faire des teeshirts et des macarons, et que si le travail intellectuel m’était devenu pénible à cause de la dépression, le travail manuel passait beaucoup mieux. Ça m’a même donné envie de relancer ma boutique Etsy, puis la deuxième vague de la pandémie a frappé assez vite et depuis je suis enfermée chez moi. À manné je ferai des teeshirts. À manné.

 

Je suis arrivée chez Thieuse durant une canicule, et j’ai passé les premières journées en bobettes, les deux pieds dans un bac d’eau froide, trois ventilateurs rivés sur moi, à manger des Drumstick et des popsicles. Mais l’ambiance était zéro festive à ce moment-là parce qu’une nouvelle vague de dénonciations d’agressions sexuelles venait de commencer.

 

Je suis restée là à peu près cinq semaines. J’avais l’appart tout à moi, une clé de Bixi qui me permettait de me rendre chez Nicolas ou chez Claudine en juste 30-40 minutes (où je pouvais faire du lavage), et un balcon, que personnellement j’appelle le balcon Vickie-Gendreau, lieu riche en souvenirs. 

 




Points positifs : ma découverte des Drumstick véganes; le beau grand chat brun de la rue Coloniale; Michel Girouard (et son chien Pablo) à l’épicerie; chiller sur le balcon ou au parc avec Claudine, Frédéric et Martin; le gâteau de fête de Boubeur que Carl Ling et moi on s’est clenché en deux jours; mes chats qui tripent sur le lit mezzanine et la découpeuse à vinyle; les bibliothèques de Thieuse.

 





Les dénonciations

 

Après #AgressionNonDénoncée et #MeToo, une autre vague de dénonciations était nécessaire. Cette fois, ça a brassé fort dans le milieu littéraire, et durant environ deux semaines j’ai passé mes journées à lire des témoignages d’ami·es et de connaissances, témoignages qui impliquaient souvent des amis ou des gens que je connais, et à échanger avec ces gens. Ça m’a beaucoup bouleversée, et j’en suis pas encore tout à fait remise. Et c’est même pas moi qui souffre le plus dans tout ça.

 

Je pense qu’on commence à le savoir que les agressions sont pas uniquement commises par une poignée de supervilains. Les agresseurs sont parfois aussi des gens qu’on aime. Parfois, on est soi-même l’agresseur. Il est plus que temps de faire des examens de conscience.

 

On a parlé de nurture culture plutôt que de cancel culture, et ça m’interpelle. Je ne sais pas ce que sera la vie littéraire quand on sortira de ce long confinement, mais j’ai beaucoup d’appréhensions. Un peu d’espoir, certains jours, mais pas souvent.

 

Ah, pis c’est aussi à ce moment que j’ai catché que mes poches sous les yeux étaient maintenant permanentes.

 



La vie en ligne

 

J’en ai l’habitude et j’ai jamais vu ça comme étant un problème, sauf que cette année, c’était pas mal ma seule façon de socialiser avec d’autres humains. Assez tôt dans la pandémie, je me suis retrouvée sur un channel Discord avec une poignée d’ami·es. C’était nice, ça m’a permis de rester en contact avec des gens que j’aime sans passer trop de temps sur Facebook, j’avais besoin de plus de feelings, de moins d’opinions.

 

Je me suis vite épuisée des évènements en ligne. Au début c’était chouette, des shows en direct gratuits, un sentiment de communauté, mais après j’avais pu la drive. J’ai par contre beaucoup aimé la Saint-Jean sur YouTube de DJ Tigrou, l’alter ego de Mathieu. Je dis la Saint-Jean, mais peut-être que c’était la fête du Canada, je m’en souviens pu. Ça vous donne une idée à quel point dans ma tête ces deux fêtes-là c’est la même ossetie d’affaire.

 

J’ai aussi commencé une game de Sims dans laquelle j’ai recréé le condo où je vivais, et j’ai bien sûr fait l’avatar de plusieurs de mes ami·es. C’était pas mal drôle, et ces jours-ci j’ai envie de la reprendre.




 

Mes muscles

 

Après deux ans d’entrainement au gym sans relâche, j’ai dû m’adapter et faire mes exercices chez moi. Au début, ça allait bien, je faisais ma petite séance chaque jour. Rendue à Varennes, ça a pris le bord. J’ai recommencé à l’automne, dans mon nouvel appart, puis abandonné de nouveau. Puis recommencé. Et abandonné à Noël. 

 

Faut que je me rende à l’évidence que j’ai toujours pas repris ma routine, mais je m’en veux pas pour ça. Je sais que l’entrainement régulier me fait un bien réel, physiquement et mentalement, mais je sais aussi que la culpabilité et la pression, c’est vraiment un bad duo en ce moment, alors j’essaie de prendre ça cool et de bouger quand je le peux. 



 

Mon coach de dépression

 

Boubeur est devenu mon coach de dépression. Il m’a souvent écoutée, il m’a très souvent fait rire, il a été d’un grand soutien (et il l’est encore), et il m’a donné de bons trucs pratiques. Par exemple, il m’a suggéré de me faire chaque jour une liste de choses à faire, mais pas des affaires plates et lourdes, juste des choses pour me faire du bien. J’ai alors commencé ça. Et je notais aussi les petites choses que j’arrivais à faire, pour qu’à la fin de la journée je constate que j’ai pas juste fixé le mur en pleurant. Pleurer c’est aussi une chose à faire, ça compte.

 

Au début, je notais des choses comme : manger, brosser mes dents, laver ma face, maquiller ma face, faire la litière, prendre ma douche, parler avec Boubeur. Au fil du temps, j’ai aussi ajouté mes tâches plates, en essayant de ne pas trop me faire de pression. Et j’ai fait ça tout le reste de l’année, sans presque jamais sauter de journée, et je le fais encore. Merci mon fourron, je t’aime gros. Best Boubeur ever.

 

 


La baleine morte

 

Comme bien des gens, j’étais fascinée (et inquiète) par la présence du balènou dans le fleuve. J’ai eu de la peine en apprenant sa mort. Boubeur m’a dit : « WTF c’était quoi les chances qu’une baleine meure à Varennes pendant que t’es là. Une chance que t’es pas psychotique lol. »


 

Maudit chômage!

 

J’ai perdu une grosse partie de mes revenus quand la pandémie a frappé. Beaucoup, beaucoup moins de contrats. Heureusement, il y a eu la PCU, puis la PCRE, que bin du monde ont l’air de trouver superflues si je me fie au Bye-Bye  pis aux boumeurs sur Facebook. 

 

En tout cas, moi j’ai pas d’économies, et ces prestations me permettent d’assurer ma survie de base. Remercions



 

En vrac

 

J’ai entamé plein de projets que j’ai pas finis. J’ai cuisiné comme jamais mais j’ai pas appris grand-chose et j’ai surtout pas fait de bon pain maison. J’ai vécu du stress et de la tristesse parce que des souris se sont fait empoisonner dans les murs chez moi et j’ai rien pu faire.

 

Une histoire d’amour s’est terminée, une autre a commencé. Je vais pas partager de détails là-dessus, mais ça donne quand même des p’tites rides de montagnes russes émotionnelles, et quand t’es down, le moindre high est vertigineux, euphorisant.

 

Fin décembre début janvier, j’ai vu beaucoup de gens dire wow enfin 2020 est fenie, OUF. Sauf que 2020 n’est pas encore terminée. La seule chose qui a changé pour moi, c’est ma comptabilité, et mon nouveau calendrier. Autrement, tout est pareil mais en pire, même estie de mood.

 


 

Faut-il se fixer des objectifs pour 2021?

 

J’ai des envies, des souhaits, des désirs, mais je veux pas en faire des objectifs, ce serait trop de pression, trop de risques d’être déçue. J’ai tu dit que je fuyais la pression? Fuck la pression. Et je file pas pantoute performance et ambition, câlisse que non. N’empêche que j’aimerais ça guérir de ma dépression, j’aimerais ça trouver un logement dans une chouette coop, j’aimerais ça apprendre à conduire une machine, j’aimerais ça aller visiter mes parents, j’aimerais ça me remettre en forme, j’aimerais ça connaitre la stabilité financière, j’aimerais ça connaitre la stabilité relationnelle itou. 

 

OKAY j’ai quand même une honnête liste d’objectifs pour 2021, et j’ai déjà commencé à y travailler :

 

      danser mon premier slow sur Nothing Else Matters

      rester en vie

    faire une mise à jour de système pour être capable de réagir aux messages Instagram autrement qu’avec des cœurs

 

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