mercredi 10 juin 2020

Le lapin et la balène

La première chose que j’ai sue en me réveillant, c’est que le balènou avait été retrouvé mort à Varennes. Je suivais avec inquiétude ce cas inusité d’un jeune rorqual à bosse (Megaptera novaeangliae) d’environ deux ou trois ans qui attirait les badauds de Québec jusqu’à Montréal, parce que les baleines n’ont pas l’habitude de se tenir dans l’eau douce du fleuve. Dumont et moi on l’appelait le balènou, parce que je suis sa balène. J’ai vu la vidéo de sa carcasse à la dérive alors que j’avais même pas vu de vidéo de ce balènou quand il était en vie. Dumont a dit : « WTF c’était quoi les chances qu’une baleine meure à Varennes pendant que t’es là. Une chance que t’es pas psychotique lol ». J’allais dire une chance que je suis pas superstitieuse, mais ouais, une chance que je suis pas en psychose non plus. RIP, petit balènou. L’autopsie devrait nous en dire plus sur les causes de sa mort. Était-il malade? Stressé? Blessé? Ou juste aventurier? Ou encore, un peu niaiseux et imprudent? Dans tous les cas, il ne méritait pas cette fin prématurée et injuste.

Après, j’ai dit à Dumont que je devrais peut-être me remettre à travailler plus. J’ai fait quelques petits contrats dans les derniers jours et ça s’est quand même bien passé. 

J’ai commencé la journée en révisant un court document, puis un autre. Après, Ringuette m’a dit « veux-tu jouer aux Sims? » pis j’ai installé The Sims 4 (merci Mynou!), j’ai créé un bonhomme que j’ai appelé Ringuette Ringuette, j’ai savé la partie, ensuite j’ai pu été capable de rien faire. Même pas capable de faire une sieste, Frédéric-Démon n’a pas arrêté de se lamenter. Je venais pourtant de le nourrir, alors il voulait probablement jouer. Mes chats me trouvaient plate quand je travaillais trop, et ils me trouvent plate quand je suis en dépression.



J’ai décidé d’aller marcher. Mon compte de lapins de Varennes est rendu à dix-huit!

J’ai vu mon dix-septième lapin sur le terrain d’un gros bloc. Il m’a aussi vue, il a figé; probablement qu’il avait hâte que je parte pour continuer à faire ses affaires de lapin. Okay pardon, je continue ma marche.

J’ai vu mon dix-huitième lapin sur le terrain d’une maison et cette fois il était assez proche de moi pour que je puisse faire cette photo de très mauvaise qualité. 



Normalement, les lapins figent quand on s’approche d’eux et détalent seulement quand on entre leur zone limite de fuite. Lui, il était pas pantoute en mode camouflage, il savait que je le voyais et il bougeait devant moi, un peu comme le font les chats précieux. Je sais pas si c’est parce qu’il n’a eu que de bonnes expériences avec les humains ou si c’est parce qu’il était juste un peu niaiseux. Oh, j’espère qu’il est pas niaiseux. Les lapins niaiseux n’ont pas une bonne longévité à l’état sauvage. Oh que je m’estime chanceuse de pas être un animal sauvage.

Avant de voir ces deux beaux lapins vifs, j’ai vu mon seizième lapin. Très, très mort. Il ne restait que sa peau et ses petites oreilles fripées, un onesie triste et sale qu’on aurait crissé au chemin. Je sais pas si j’ai déjà vu ce lapin lorsqu’il était vivant. RIP, beau lapin. Personne ne fera l’autopsie de ton petit corps discret, mais je t’ai vu. Dans ma tête, je te fais des obsèques. Et je m’estime chanceuse d’être vivante, même si être vivante ne m’empêche pas de me sentir comme un onesie vide.

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