jeudi 28 mars 2019

J'ai le rhume

J’ai décidé de donner un sens au rhume. Le rhume, c’est l’affaire la moins grave que je peux pogner. Deux ou trois journées plates, où je me donne le droit de geindre abondamment à propos de mon état misérable, après ça les symptômes s’estompent et disparaissent en une semaine. Donc, le rhume, c’est juste un peu gossant, et c’est con.

Le sens que je lui donne, c’est l’obligation de prendre soin de moi et d’arrêter de penser à produire. Mais j’y arrive pas. Pourtant, y’a rien que j’aime plus que rien crisser, ou lire, ou jouer au Nin, ou regarder des films avec mes chats. Mais là, j’ai le rhume, et je suis pas très bonne pour m’en servir comme je suis censée le faire.

En plus, ce rhume-là, c’est un rhume de manquer une semaine d’école. Je suis congestionnée, ça fait que j’entends moins les sons ambiants, mais super gros mon acouphène ou encore mes bruits de mastication, deux choses que je trouve assez irritantes; je suis fatiguée, y’a le feu dans mes sinus et ma gorge, je sens et je goute presque rien, et je suis un tube de morve. Genre, je sais plus où mettre tous les kleenex que je remplis — et c’est pas une image, là : ma poubelle a été volée, j’accumule les déchets chez moi. 

En gros, tout est en place pour que je prenne un break de la vie et que je me traite comme une VIP. Je peux peut-être pas demander à ma mère de motiver mes absences, mais j’ai pas non plus énormément de contrats à finir cette semaine, alors je pourrais me permettre des journées de travail pas trop trop chargées.

Pourquoi j’y arrive pas? Pourquoi je continue d’avancer dans mes impôts (arque), que j’essaie de finir la comptabilité de Fondation Po, que je continue de chercher des solutions à tout plein de tracas personnels et de faire des choses utiles? Tantôt, j’ai pensé : ah, si demain je vais mieux, je vais teindre mes cheveux et peut-être voir mon coiffeur pour qu’il répare ma gaffe. J’ai eu envie de me chicaner pis de m’envoyer réfléchir dans ma chambre. Mais j’étais déjà là, en train de réfléchir à comment sortir de cette vie productiviste. 

Mes ami·es me disent : bois beaucoup de liquide (j’arrête pas de pisser), mange de la soupe (arque, j’haïs la soupe), dors beaucoup. C’est peut-être juste ici que j’arrive à prendre soin de moi, mais pas au sens où mes ami·es l’entendent. Au lieu de suivre à la lettre leurs bons conseils tout à fait sensés, je fais ce qui me tente. Je mange des frites pis du chocolat et je me couche juste quand je cogne des clous. 

Oh, j’ai aussi suivi les conseils d’internet! J’ai fait bouillir une grande casserole d’eau pour humidifier le Manoir Po, pis là je l’ai mise dans ma chambre, en plus des serviettes humides suspendues près du calorifère. Je me sens full ingénieuse. Prête à écrire pour Reader’s Digest.


Et pourquoi j’écris cette note de blogue à 3 h du matin au lieu de m’écraser devant Mario 64 alors que les seules personnes qui vont lire ceci sont déjà pus capables d’entendre parler de mon rhume? Peut-être que c’est la meilleure façon de prendre soin de moi. Bloguer, ça compte pas pour des choses utiles. 

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